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Opinions of Tuesday, 26 December 2023

Auteur: Nadia Fotso

Nadia Fotso écrit une nouvelle lettre, sa destinataire est Mme Elomo Ntonga

Lisette Elomo Ntonga Lisette Elomo Ntonga

Hola mi gente, le dernier message de 2023 est une petite lettre pour souhaiter un joyeux anniversaire à ma marraine Lisette Elomo Ntonga. Je demande à ceux qui la connaissent de lui transmettre mes vœux et ces lignes en, si elle vous le permet, l’embrassant chaleureusement de la part de Christelle Nadia Fotso.
Chère Lisette. Elomo Ntonga, Tata Lisette,

"Rassure-toi, je ne vais pas trop en dire. C’est ton anniversaire et encore plus de d’habitude, je pense à nos derniers échanges il y a presque 5 ans. Tu sais que j’ai des raisons de t’en vouloir ; je t’en ai d’ailleurs beaucoup voulu de n’avoir pas pu résister à ce je ne sais quoi qui t’a poussée à trahir mes confidences sans comprendre combien tu me mettais en danger. Tu ne pouvais savoir sans aucun doute surtout parce que tu ne le voulais pas. C’est très humain. Le contexte des soi-disant milieux bourgeois explique cet embarras contemporain devant la nudité d’une vérité monstrueuse et le choix de fermer les yeux pour faire du mal une question intime sans intervenir.

Il m’a fallu du temps pour guérir. Je ne t’en veux plus. Durant nos échanges incommodes, tu m’as donné deux choses qui m’ont permis de survivre au « blowback. » La première est la banalisation de la solitude humaine particulièrement devant des choix existentiels. Cette solitude, mon père, m’en parlait déjà, cela t’étonnera, avec la même sollicitude, des mots bien choisis et pesés pour me faire comprendre qu’elle était une chance. Papa me disait « tu voles trop haut mais ne redescends surtout pas ! » Toi, tu m’as dit trop abruptement, « tu perds ton temps! Les handicapés, c’est eux et surtout elle». T’inquiète, je ne parlerai pas « d’elle ; » enfin j’ai fait mon deuil...

La deuxième chose est le tennis. Tu vois, Tata, j’ai laissé venir mes adversaires dans ce combat civilisationnel pour la gloire de mon père, presque toujours autant ahurie et outrée qu’amusée de leur hubris. Ah ce qu’ils se sont permis ! Il y a ce dernier sms du fils taulard de mon père mettant à nu ce que Fotso Victor appelait le seul véritable Famla, la vraie sorcellerie : croire que tromper et voler cela veut dire réussir convaincu que l’intellectualité, autant que la respectabilité et les valeurs, n’est que prétentions. Je joue du tennis, Tata, avec les njitapeurs sur une jambe et figure-toi qu’il y a match. I wasn’t born disabled but ready.

Enfin, Tata, mon cadeau d’anniversaire est de t’expliquer pourquoi je n’ai jamais eu honte d’être ta filleule. Oh, j’en ai entendu des saloperies, tu sais ce Kongossa si sucré qui donne non seulement la carie mais la chiasse tellement il est irrésistible mais mauvais. J’ai toujours été fascinée par combien de tout dire sur une femme au Cameroun presque autant qu’ailleurs quand elle n’est pas qu’une ravissante idiote. Tu n’es pas une sainte, Tata, mais rien ne justifie cela : tout se permettre, tout dire pour médire. Même lorsqu’on t’a salie, que tu étais parterre, je n’ai jamais su te voir avec autre chose que le regard de Tita.

Vous avez été, Lisette Elomo Ntonga, une bonne marraine pour Christelle Nadia Fotso parce que tu as été pour ta mère plus qu’une bonne fille !

Ce n’est donc pas mon féminisme qui me joue des tours mais le respect que j’ai pour ces femmes qui se battent contre parfois tout-puissants mais à qui on trouvera toujours quelque chose à reprocher surtout si elles ne sont pas au service d’un zizi. Tita t’a mise au monde dans un environnement hostile dans lequel tu demeures par devoir et amour. Chapeau !

Nous ne nous reverrons certainement pas. Je t’écris publiquement parce que tout ceci n’est pas qu’intime. Merci à toi, chère Tata, d’être encore debout. Joyeux anniversaire de la part de ta première filleule toujours fière et admirative. Je le resterai jusqu’au bout !"