Opinions of Monday, 25 August 2025

Auteur: Mireille Fomekong

Mireille Fomekong défend la Française Chantal Biya et crie sur Akere Muna et Me Ndoki

La démocratie repose sur des règles claires, mais aussi sur une certaine rigueur intellectuelle dans les débats publics. Lorsque le bâtonnier Akere Muna, figure respectée du barreau et citoyen engagé, annonce vouloir contester la candidature de Paul Biya devant le Conseil constitutionnel, nombreux sont ceux qui, à juste titre, saluent cette démarche républicaine. Il s’agit là de faire vivre les mécanismes institutionnels du pays, même quand les chances de succès paraissent minces.

Mais quelle ne fut pas ma surprise – non, ma consternation – en découvrant que l’un des arguments phares de cette contestation repose sur la nationalité… de l’épouse du président sortant, Mme Chantal Biya. Oui, en 2025, on en est là.
L’idée ? Parce que Chantal Biya est de nationalité française (ce que tout le monde sait depuis plus de deux décennies), cela mettrait en doute l’indépendance ou la loyauté du président Paul Biya envers le Cameroun. Une telle hypothèse, fondée sur la nationalité d’une conjointe, est non seulement juridiquement creuse, mais politiquement hasardeuse et éthiquement douteuse. Peut-on, sérieusement, penser qu’un chef d’État est influencé dans ses décisions souveraines par la nationalité de son épouse ?

Il n’existe à ce jour aucun texte de loi camerounais interdisant à un président d’être marié à une personne étrangère. Et heureusement ! Car cette logique mènerait tout droit à une dérive identitaire, voire xénophobe, dangereuse dans un pays déjà affaibli par les divisions tribales et régionales.

L’argument est d’autant plus regrettable qu’il ne s’agit pas ici d’un débat de comptoir, mais d’un recours officiel devant l’une des plus hautes instances de la République. L’opinion publique camerounaise, en attente de propositions concrètes et d’alternatives crédibles, mérite mieux qu’un tel coup d’épée dans l’eau.

Ce recours, tel qu’il a été formulé, affaiblit plus qu’il ne renforce la posture d’un opposant sérieux. Il expose le bâtonnier Muna non seulement à la critique sur le fond, mais aussi à des doutes sur sa capacité à faire des choix politiques stratégiques — notamment dans le choix de ses collaborateurs ou de ses lignes de défense.

Car si l’on peut comprendre le désir d’explorer toutes les voies juridiques pour contrer un système verrouillé, encore faut-il le faire avec sérieux, avec responsabilité, et surtout avec cohérence vis-à-vis des principes que l’on prétend incarner.

À ce jour, le bâtonnier Akere Muna reste l’un des rares visages de l’opposition camerounaise à incarner un espoir de renouveau. Il n’est pas trop tard pour se ressaisir, recentrer le débat sur les vrais enjeux — institutionnels, économiques, démocratiques — et montrer que l’on peut être à la fois courageux et pertinent.