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Opinions of Tuesday, 11 September 2018

Auteur: lavoixducentre.info

Manuels scolaires: le satanisme introduit au programme camerounais

Le contenu des manuels scolaires a été beaucoup critiqués par les parents d'élèves Le contenu des manuels scolaires a été beaucoup critiqués par les parents d'élèves

La classe de 5ème semble être un niveau d’éducation qui pose le plus de problème à la communauté éducative camerounaise depuis ces deux dernières années scolaires, avec des livres à polémique. L’année passée déjà, un livre inscrit au programme de Form 2 du système anglophone, titré Moving On fut retiré du programme au beau milieu de l’année scolaire.

D’après le ministre des Enseignements secondaires d’alors, Jean Ernest Ngalle Bibehe, l’image d’un drapeau aux couleurs vert et blanc que contient ce livre est semblable à celui que les sécessionnistes anglophones exhibent pour réclamer une autonomie. Le document fut donc accusé de faire l’apologie du sécessionnisme et simplement retiré du programme.

Form 2 dans le système anglophone correspond à la classe de 5eme dans le système francophone, et cette année le livre de sciences inscrit au programme de cette classe fait encore l’objet d’une vive polémique après une semaine de classe pour l’année académique 2018/2019. A l’origine, un chapitre intitulé éducation à la sante, qui explique avec force de détails des pratiques sexuelles déviantes et donc les élèves devraient se méfier.

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Le vocabulaire est cru, les auteurs ne tournent pas autour du pot pour décrire ces pratiques caractéristiques des films pornographiques les plus obscènes et les plus pervers. La polémique enfle dès lors au sujet de la pertinence du sujet dans l’éducation de l’élève et de la nécessité de l’introduire au programme à ce niveau d’éducation, la classe de 5eme où l’âge de l’élève oscille entre 11 et 14 ans.

Rejet de l’opinion

Des débats dans les médias et les réseaux sociaux, il ressort une unanimité autour de la nécessité de traiter du sujet à un moment ou à un autre de la vie éducative, soit directement ou indirectement. Il est question de prévenir la jeunesse des dangers qui les guettent, la société étant de plus en plus perverties et des prédateurs sexuels sur enfants de plus en plus nombreux.

Mais la question se pose de savoir si le Conseil national d’agrément du livre, mis sur pied par un décret du premier ministre le 23 novembre 2017, a tenu compte d’un certain nombre de paramètres qui rentrent dans le processus éducatif, comme le timing, les cultures, les convictions religieuses et les bonnes mœurs, de la curiosité des enfants qui est vite aiguisée pour quelque chose qui leur est présentée sous forme d’interdit.

La levée des boucliers est dès lors totale. Cette leçon est considérée comme de la publicité déguisée des pratiques sexuelles déviantes, la première action publicitaire étant de parler de l’objet, de l’homme ou du sujet, que ce soit en bien ou en mal, peu importe, il faut en parler. Ici on procède par la publicité par négation, qui consiste à dénigrer quelque chose pour justement attirer l’attention dessus et pousser le sujet à l’essayer.

Au-delà des mœurs sociales qui sont attaquées, de la vertu qui est mis à mal, de la pudeur qui est atteinte, ce livre fait en plus entorse à une disposition de la Constitution, qui dans le préambule indique que « Nul ne peut être inquiété en raison de ses origines, de ses opinions ou croyances en matière religieuse, philosophique ou politique sous réserve du respect de l’ordre public et des bonnes mœurs.» Et là les personnes pieuses, et davantage les musulmanes sont fortement inquiétées dans leur croyance à travers le contenu de ce livre. On imagine mal comment un parent musulman se sent face à ce contenu, lui qui exige que le corps de la fille et de la femme soit complètement couvert par respect pour sa religion et par pudeur. Peut-il seulement lire ce passage avec ses enfants pour les aider à comprendre ?

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Dans le décret du 23 novembre 2017 portant organisation du Conseil National d’Agrément des Manuels Scolaires et des Matériels Didactiques, il est dit à l’article 14 alinéa 2 qu’ «en cas de changement majeur de circonstance politique ou sociale, l’atteinte aux institutions républicaines ou d’insuffisance avérée de la qualité scientifique d’un livre, d’un manuel scolaire ou d’un matériel didactique, constaté par le Conseil à l’initiative de toute personne intéressée, celui-ci peut prononcer le retrait dudit livre, manuel scolaire ou matériel didactique et procéder à son remplacement.»

Idéologie satanique imposée d’ailleurs

Doit-on alors retirer ce livre. Oui, répondent en cœur la plupart des personnes qui se sont exprimées sur le sujet. Va-t-on le retirer alors ? Cela devient plus compliqué, simplement parce que le livre de l’école camerounaise reste sous la domination coloniale tant sur la forme que sur le fond.

Des analyses font ressortir en effet que l’idée d’introduire ce type de leçons au programme vient de plus loin qu’on ne le pense, conçue et expérimentée dans les laboratoires des institutions internationales qui tiennent à imposer et systématiser les pratiques déviantes et les faire accepter comme normales, dans le cadre de l’idéologie du libéralisme qui a glissé au libidisme. Ces laboratoires expliquent, à l’issue d’une étude scientifique qui concluait que les cris d’un enfant violé et sodomisé étaient synonymes de jouissance et de manifestation de la satisfaction, que l’enfant a le droit de profiter de toutes les pulsions sexuelles de son corps dès le bas âge.

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Les gouvernements du tiers monde, les autorités locales ne sont en réalité que dans la phase opérationnelle, et comme ils restent dépendants de l’extérieur pour ce qui concerne leur système éducatif, ils n’ont d’autre choix que de subir, liés qu’ils sont par des accords, des conventions et des chartes qu’ils ont signé et ratifiés, lesquels garantissent que certaines libertés et déviances soient protégées.

Il reste simplement à la population du tiers monde et du Cameroun d’y opposer une résistance qui ne peut se manifester que dans la refonte totale du système éducatif pour le conformer aux réalités, cultures et coutumes locales. C’est ce que les pays comme la Chine, le Japon et autre puissances asiatiques ont compris depuis longtemps, en se fermant à la culture occidentale qu’ils avaient considérée comme destructrice de leurs identités et de leurs coutumes.

Cette affaire en tout cas nous permet de bien comprendre pourquoi des extrémistes religieux ou autres au moyen Orient par exemple se sont toujours opposés à l’éducation occidentale considérée comme satanique. Cela nous rappelle le discours de Al Qaida qui après les attentats du 11 septembre 2001 se réjouissait d’avoir atteint le cœur du satanisme.

Dans ce contexte, il est légitime et logique de retirer purement et simplement ce livre du programme. Mais le faire serait un acte de défiance que le gouvernement devra avoir le courage de poser et surtout d’assumer. Va-t-on franchir ce cap, comme cela a déjà été le cas l’année dernière pour Moving Inde Form 2? That’s the question.