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Opinions of Monday, 3 August 2015

Auteur: Jean-René Meva’a Amougou

Manoeuvres: Nkuete ramène Ndzongang au RDPC

Par cet «exploit», le patron du Comité central du parti de Paul Biya entend piéger des figures politiques originaires de la région de l’Ouest.

En arpentant le couloir qui mène au confortable bureau d’angle de Jean Nkuete, Albert Ndzogang avait pris soin de se protéger contre les assauts des journalistes venus couvrir un colloque sous-régional.

Jamais rétif face à la presse, l’hôte du secrétaire général du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) était subitement devenu «un bad boy» le 03 juillet 2015 au palais des Congrès de Yaoundé. Ce jour-là, sa silhouette altière n’envisageait plus qu’une chose:

parachever les modalités de son retour au parti des flammes. Au bout de deux heures de tête-à-tête avec Jean Nkuete, dehors, il a bricolé avec un ministre une conversation au cours de laquelle il reniflait l’attention d’autres oreilles. «Que fait un serpent au paradis ?», avait ironisé le membre du gouvernement.

A cet instant-là, Albert Ndzongang avançait encore masqué, ne s’autorisant que quelques rires. Il venait pourtant de confirmer son retour au RDPC. Ceci «sans conditions et de manière irréversible» pour tenir compte de la nouvelle dynamique impulsée par ce parti dans le pays d’une part, et des grands enjeux qui sollicitent le Cameroun dans son unité et la paix d’autre part.

«Complot»

On serait longtemps agrippé à des lambeaux d’informations en se focalisant uniquement à ces rires mécaniques. Aujourd’hui, on en sait un peu plus à la lumière des écrits que Jean Nkuete a adressés à Paul Biya, trois jours après avoir reçu l’ancien président national de La Dynamique.

C’est vers la section Wouri V que les regards des deux hommes se portent. Bien plus, c’est grâce à Albert Nzongang que le RDPC espère liquider ses opposants. C’est en tout cas ce que dit clairement la note N° 115 /SG/CC/RDPC/CAB du 06 juillet 2015, signée du SG du RDPC. 237online.com Il s’agit de «neutraliser l’activisme des personnes incontrôlables comme Messieurs Nitcheu à Douala, Kouemo à Bafang, et Maurice Kamto dans les Hauts-Plateaux pour ne citer que ceux-là.»

Comme un ballon de baudruche, le prétexte invoqué par Jean Nkuete pour mettre en route la machine de guerre politique contre certains est en train de gonfler. Faisant feu de tout bois afin de convaincre Paul Biya, il s’acharne en maniant arguments et hypothèses les plus vraisemblables : «J’ai l’honneur, dit-il, de porter très respectueusement à la haute connaissance du Président national que dans le cadre de mes multiples contacts avec les responsables des partis alliés et non alliés et pour faire face efficacement au vide créé à Douala par le décès de la présidente Foning Françoise, j’ai cru devoir engager depuis quelques temps... des entretiens avec Monsieur Ndzogang dans le but de le ramener au RDPC et si possible avant le lancement des opérations de renouvellement des organes de base.» A défaut d’y parvenir tout seul, Jean Nkuete avoue avoir sollicité l’aide des personnalités comme Victor Fotso, Sylvestre Ngouchingue, Pascal Monkam et Luc Sindjoun.

Embargo

Sur fond de complot politique donc, le RDPC compte de nouveau dans ses rangs Albert Ndzogang. L’anti-Biya d’hier est revenu dans la formation politique qu’il a quittée voici près de deux décennies. Le marteau-pilon qui enfonçait encore des clous dans les ailes du parti au pouvoir est désormais prêt à les retirer. Il est cependant tenu de ménager les susceptibilités des militants de La Dynamique. Pour cela, «l’homme-orchestre» des négociations fait, à l’intention de son président national, le point des compromis arrachés à huis clos.

«Monsieur Ndzogang, écrit Jean Nkuete, s’est engagé à entreprendre dans les prochains jours le processus d’information de ses militants sur la nouvelle orientation prise, et pendant ce temps, le secrétaire général du Comité central du RDPC prend les dispositions pour arrêter la forme de présentation de la nouvelle au public en liaison avec l’intéressé.»

On devine le sens de la prévision sous la plume de l’ancien vice-Premier ministre de l’Agriculture et du Développement rural. De fait, il s’est entouré d’un coussin de précautions.

Misant sur l’effet de surprise, il faut empêcher que le secret ne se répande prématurément dans l’opinion publique.