Depuis quelques jours, je lis sur les réseaux sociaux des avis, des messages et des réactions qui méritent réflexion. Certaines personnes, animées à coup sûr d’une mauvaise foi manifeste, vont jusqu’à qualifier ceux qui expriment pacifiquement leur désir de manifester leur ras-le-bol de "semeurs de trouble", de "casseurs", "d’antipatriotes" ou encore de "gangsters". Je trouve ces propos tellement déplacés que je me demande si nous vivons encore dans une République ! Le peuple camerounais est l’un des plus résilients au monde. Nous sommes un peuple profondément attaché à la paix. Pendant de nombreuses années, l’idée selon laquelle M. Biya était le seul garant de cette stabilité qui a conduit beaucoup de Camerounais à lui accorder leur soutien.
Ainsi, juger aussi hâtivement des personnes jadis pacifiques, respectueuses des institutions et animées d’un amour sincère pour leur patrie, c’est faire fausse route. C’est, une fois de plus — et une fois de trop — éviter le vrai problème pour en créer un autre, encore plus grand. La vérité, c’est que depuis longtemps, le régime en place ne fait plus grand-chose pour garantir cette paix, cette stabilité d’autrefois.
La paix ne résiste pas dans des discours creux ni dans des promesses sans lendemain. Elle ne se nourrit pas non plus de slogans vides de sens, tels que ceux que le Ministère de la Jeunesse et de l'Education Civique 237, à travers son programme "E-volontaires patriotes des réseaux sociaux", diffuse chaque jour sur les réseaux sociaux. Une paix véritable et durable est une construction permanente.
Elle exige qu’on interroge les causes du mal-être de ceux qui veulent la travestir et, surtout, qu’on œuvre sincèrement à y remédier. Il apparaît évident, après bien des observations, que le peuple camerounais est asphyxié. Il suffoque. Il est étouffé. Il se meurt à petit feu de l’intérieur. Le mal est profond, visible, palpable. Il se lit sur les visages, il s’entend dans les conversations, dans les commentaires sur les réseaux sociaux. Ce qui provoque aujourd’hui davantage son courroux, c’est l’aisance avec laquelle certains cherchent à balayer d’un revers de la main des actes de fraude aussi flagrants qu’inadmissibles.
Plus grave encore, les menaces venant de ceux-là mêmes qui devraient protéger ou, à tout le moins, écouter le peuple rappellent à ce dernier qu’il doit se taire, qu’il doit entériner la forfaiture et la fraude au nom d’une soi-disant préservation de la paix.
Ce n’est malheureusement pas possible. Je le redis : la paix est une construction. Et cette construction a un prix: le prix de la JUSTICE.
Comment prétendre bâtir la paix lorsque, dans une impunité totale, certains se livrent à un véritable braquage électoral ? Est-ce cela, la justice ? Le premier pas vers la préservation de la paix aurait été de mener des actions concrètes et visibles pour traquer toutes les personnes ayant participé, de près ou de loin, à la fraude électorale. Dans un pays où règnent l’équité, l’égalité , la vérité et la justice, la paix ne se réclame pas. Elle se vit. Simplement.