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Opinions of Wednesday, 19 September 2018

Auteur: 237online.com

Manœuvres: à qui profite la fragilisation du processus électoral ?

La situation sécuritaire dans les régions anglophones est assez inquiétante La situation sécuritaire dans les régions anglophones est assez inquiétante

A une semaine du début officiel de la campagne, des faisceaux redondants illuminent les incohérences ou les distorsions du processus et cristallisent davantage les présomptions de crainte d’une issue orageuse aux lendemains du 7 octobre.

Le son du glas est perceptible.

Le long et sinueux chemin du processus électoral pour la quête du fauteuil présidentielle, n’est pas du tout repos en Afrique. De l’ouverture des inscriptions sur les listes électorales jusqu’à la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel habileté en la matière au Cameroun, les péripéties à couper le souffle jonchent le parcours. Et pourtant, il y a la loi. L'ouverture sur le Cameroun.

C’est l’ancre névralgique qui stabilise la barque électorale, la sécurisant de faire yoyo sur les flots, détraquée et coupée de sa destination. Le processus du Cameroun, aujourd’hui, fait son chemin dans un environnement mi belligène, salé des intrusions et du zèle de certains acteurs déterminés à jouer la carte personnelle, au grand dam de la sécurité collective.

Le vainqueur de l’élection présidentielle ne sera pas un étranger. Ce sera bien sûr un des neuf candidats en lice pour le pouvoir. Il devra gagner au nom du peuple camerounais et non contre lui. C’est pourquoi toute action ou toute initiative qui va à l’encontre des prescriptions légales doit retenir l’attention de l’opinion. C’est déjà bien parti pour les mauvaises nouvelles : la violence dans les deux régions anglophones (NoSo) va en s’épaississant ; le Conseil électoral d’Elections Cameroon (Elecam) va à hue et à dia ; le Conseil national de la communication n’a jamais été aussi fragilisé ; la communauté nationale est traversée de fissures identitaires atroces.

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Le NoSo de tous les dangers

C’est depuis deux ans que cela dure. La violence au quotidien dans le NoSo. Cette partie du pays, à l’observation, se radicalise au fur et à mesure qu’on approche de l’échéance de l’élection présidentielle. Tout se passe exactement comme s’il y avait une intelligence structurée, avec un agenda bien ficelé, derrière ceux que l’opinion appelle « les groupes armés », les « terroristes », les « Zambozoniens », les « séparatistes ».

Dernier fait d’armes. Ils ont frappé à l’entrée de Bamenda dans le Nord- Ouest, isolant la région pour quelques heures. Stupeur nationale. Courroux collectif. C’était dans la nuit du 8 au 9 septembre. On en était à se demander ce que signifie un tel acte, où ces gens voulaient en venir, qu’ils ont récidivé dans le Mile 16th à Buea, coupant aussi la capitale du Sud-Ouest. Réaction prompte des forces de sécurité tout comme ce fut le cas à Bamenda. Personne n’est dupe sur le sens de ces deux attaques. A coup sûr, c’est comme une réponse du berger à la bergère !

Ils ont annoncé qu’il n’y aura aucune élection dans les deux régions. Ils ne l’ont pas seulement déclaré mais ils menacent aussi les paisibles citoyens de tous les maux s’ils osent se rendre aux urnes le 7 octobre 2018. Avec les deux attaques presque simultanées, ces hommes veulent signifier d’abord aux pouvoirs publics qu’ils peuvent frapper là où ils veulent, et surtout semer une psychose terrible au sein de la population dans le NoSo. La preuve, à Buéa, la gare routière ne désemplit pas de voyageurs, les populations fuient de la ville, surtout vers Douala.

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En réalité, cela fait le jeu de ceux qui souhaitent la partition du pays, l’impossibilité de l’élection consacrant de fait leur objectif. Tel semble un des enjeux majeurs de l’élection présidentielle de cette année. Le ministre de l’Administration a déjà poussé le pion, en annonçant que contrairement à ce que certains pensaient, les élections auront bel et bien lieu dans tous les 360 arrondissements du pays.

Là, les fauteurs de trouble croiseront certainement le fer ou le feu sur leur chemin. Dans la foulée, on annonce l’instruction du Secrétaire général à la présidence de la République, ordonnant à toutes les autorités administratives qui ont déserté les lieux pour cause de violence de réintégrer au plus tôt leur unité de commandement.

En perspective, cela signifie que l’Etat est déterminé d’user à bon droit ses prérogatives de l’utilisation exclusive de la violence. En termes simples, le pouvoir dit que la récréation est terminée et que la force reviendra à la loi. L’Etat est décidé d’organiser les élections dans les deux régions et sur toute l’étendue du territoire nationale.