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Opinions of Tuesday, 1 August 2023

Auteur: Boris Bertolt

Les deux erreurs fatales de la France en Afrique ces cinq dernières années

Image illustrative Image illustrative

Le problème principal de la France en Afrique, ce n’est pas le sentiment anti francais qui est en réalité un concept fourre-tout mais, c’est L’ABSENCE D’UNE POLITIQUE AFRICAINE COHÉRENTE DE LA FRANCE DANS UN MONDE EN PLEINE RECONFIGURATION DES RAPPORTS GÉOPOLITIQUES.

Il y a ce sentiment qu’à Paris la classe politique est majoritairement composée d’acteurs qui ont une méconnaissance criarde des dynamiques sur le continent. Ont de l’Afrique une conception franca-africaine des rapports matinée de racisme. Cette classe politique n’a de confiance qu’à l’argent et aux intérêts économiques. Les valeurs de la République ont foutu le camp. Ce qui les a donc poussé à commettre deux grosses erreurs qu’ils vont payer très cher.

1 . LA PREMIÈRE ERREUR A ÉTÉ L’ADOUBEMENT DE MAHAMAT IDRISS DEBY AU TCHAD.

Les images d’Emmanuel Macron et son ministre de La Défense à N’Djamena quelques heures après le décès d’Idruss Deby ont été perçu comme une humiliation. Une forme de mépris et une continuation de l’ordre colonial. Ces images ont battu en brèche tous les discours sur la fin de la francafrique. Elle a été au contraire. Une image vaut 1000 mots a t-on souvent l’habitude de dire.

Mais, le clou de ce process aura été l’adoubement sans la moindre hésitation du coup d’Etat militaire par la France sans aucune opposition. Au contraire un nouveau chèque en blanc a été donné aux putschistes Tchadiens. Cela est apparu comme une forme de duplicité de Paris. Interprété comme: Quand ils protègent leurs intérêts ils valident le coup d’Etat et ailleurs ils s’y opposent. Cette ambivalence et cette duplicité s’est déroulée Au grand dam, des valeurs de la démocratie et des droits de l’homme.

Depuis lors, la France a perdu en Afrique francophone tout crédit moral et politique pour condamner un coup d’Etat.

2- LE SILENCE COMPLICE DE LA FRANCE FACE AUX DÉRIVES AUTOCRATIQUES DE MACKY SALL

Le Sénégal a été longtemps perçu comme un havre de liberté, de démocratie et de respect des droits de l’homme en Afrique. Cependant la dérive autoritaire de Macky SALL a lourdement entaché cette image. Son projet de troisième mandat qui n’a jamais été officiellement désapprouvé par Paris a laissé une autre image négative dans les opinions publiques africaines. Permettant de penser que Paris s’accommoderait bien des dictateurs qui pourraient garantir leurs intérêts.

Ce silence de la France, face à la barbarie orchestrée contre le principal opposant à Macky SALL, Ousmane SONKO a renforcé la fissure entre Paris et la jeunesse d’Afrique Francophone. Dans les imaginaires de la jeunesse, la France est donc apparue entre autre comme un adversaire de la jeunesse africaine.

Par ricochet, Les elites d’Afrique francophone sont dans leur quasi majorité assimilées aux défenseurs des intérêts français. Plus globalement de l’occident.

3- CONCLUSION

Ces deux erreurs de Paris, mises dans un contexte de rivalités géopolitiques entre l’occident et la Russie ont aggravé les risques de destabilisation des institutions en Afrique francophone.

Il suffit donc désormais, que des militaires prétextant restaurer l’autorité de l’Etat, s’inscrivant dans des approches populistes et démagogiques décident de renverser n’importe quel chef d’Etat et reçoivent l’adoubement d’une majorité de la jeunesse africaine.

Le problème c’est que l’Afrique a déjà connu l’expérience des coups d’Etat qui n’ont apporté ni progrès, ni développement. Il n’est aujourd’hui attesté nulle part dans le monde que les militaires sont meilleurs garants de la sécurité collective que les civils. Dès lors, l’avenir de l’Afrique francophone n’est certainement pas dans le retour des militaires au pouvoir, mais l’émergence d’une élite mieux consciencieuse des intérêts des populations qu’elle est censée servir.

Ainsi va la République