Opinions of Saturday, 22 November 2025

Auteur: Jacques Kisito Ndongo Bitye

Les choses du Cameroun: quand le ministère des Sports confond pouvoir et mission

Jacques Kisito Ndongo Bitye  crache ses vérités à Mouelle Kombi Jacques Kisito Ndongo Bitye crache ses vérités à Mouelle Kombi

La guerre ouverte entre la Fecafoot et le ministère des Sports et de l’Éducation physique (Minsep) n’est pas une simple divergence de vues. Elle est le symptôme d’une dérive où l’État, au lieu de jouer son rôle de régulateur, se laisse happer par l’avidité que suscitent les milliards qui gravitent autour du football.

Les accusations de Marc Brys, entraîneur des Lions Indomptables, sur les pressions et les manœuvres liées aux grosses sommes en circulation, ne sont pas des rumeurs anodines : elles révèlent un système où les intérêts personnels et les calculs politiques prennent le pas sur l’intérêt du sport.

Il faut le dire sans détour : le ministère n’a pas vocation à se substituer aux fédérations. Les fédérations sportives sont autonomes, et leur rôle est de gérer la technique, les compétitions, les sélections. Le ministre n’est pas un entraîneur, ni un président de fédération. Son rôle est ailleurs : bâtir une politique sportive nationale, organiser le financement, légiférer sur le statut de l’athlète, encadrer les normes salariales, et surtout garantir la transparence des flux financiers.

Or, que voyons-nous ? Un ministère prompt à s’immiscer dans les affaires du football, mais incapable de mettre en place une loi sur le sponsoring des activités sportives. Aux États-Unis, le sponsoring est structuré par des dispositifs fiscaux incitatifs. En France, un fonds national de financement du sport assure une redistribution équitable. Au Cameroun, rien : pas de loi, pas de fonds, pas de vision. Les fédérations survivent dans un climat de dépendance, pendant que les querelles institutionnelles masquent l’essentiel : l’absence d’une politique claire.

Le ministre des Sports doit être rappelé à ses responsabilités. Le sport ne se limite pas aux équipes nationales, encore moins aux Lions Indomptables. Il ne se résume pas aux polémiques de sélection ou aux rivalités de pouvoir. Le véritable enjeu est la structuration : donner un cadre légal aux athlètes, protéger leurs carrières, financer toutes les disciplines, et bâtir une politique sportive digne de ce nom.

Tant que le ministère confondra pouvoir et mission, tant qu’il cherchera à capter l’aura et les ressources du football au lieu de bâtir une vision nationale, les polémiques continueront. Mais elles ne feront que cacher l’essentiel : l’État camerounais n’a pas encore pris la mesure de ce que doit être un ministre des Sports.