Opinions of Friday, 12 September 2025

Auteur: English Cameroon for a United Cameroon

'Les Camerounais sont excédés par le régime de M. Biya'

Paul Biya Paul Biya

Quelques observations fondamentales sur la situation politique des Camerounais...

Les Camerounais sont excédés par le régime de M. Biya et font preuve d'un grand pragmatisme dans le choix d'un candidat capable de canaliser leur colère et leur rejet du système.

Les opposants politiques sont pris entre cette orientation pragmatique du peuple et leurs propres calculs politiques. Nombre d'entre eux, notamment les acteurs politiques de moindre envergure, n'apprécient guère la démonstration des forces relatives des candidats. Ils aspirent à une table de négociation où ils espèrent être récompensés par des postes de pouvoir au sein du nouveau gouvernement, sans considération de leur poids politique relatif. D'une certaine manière, à l'instar du RDPC, ils ne font pas entièrement confiance au jugement du peuple camerounais. C'est pourquoi ils multiplient les appels à des tables rondes préélectorales où des accords de fond doivent être négociés sur le partage du pouvoir politique.

Du point de vue des acteurs politiques de l'opposition, le mandat présidentiel de sept ans est trop long pour être confié à une seule personne. Ces acteurs politiques de rang inférieur n'apprécient généralement pas le favori politique, hier Maurice Kamto et aujourd'hui Issa Tchiroma Bakary. Ils estiment qu'aucun d'entre eux ne mérite un mandat présidentiel complet.

Ces acteurs politiques pourraient arguer qu'ils privilégient le terme franco-africain de « refondation de l'État ». Nous préférons parler de réformes majeures dans un cadre allant de loi en loi, c'est-à-dire un processus strictement constitutionnel. Cette adhésion nous éloignera du chaos des gouvernements improvisés qui suivent inévitablement la suspension de la constitution précédente ou le non-respect de ses dispositions clés.

Il existe aujourd'hui deux camps réformateurs au Cameroun. L'un est celui des anti-aujoulatistes, qui dénoncent le système franco-catholique et l'élite catholique camerounaise aujoulatiste qui le préserve. Ce camp de partisans de la réforme se concentre sur le code électoral et la limitation des mandats présidentiels. L'autre camp se concentre sur le conflit dans l'ancien Southern Cameroons. Il est composé de personnes originaires de cette région du pays, de personnes solidaires avec elles et de personnes qui considèrent l'État unitaire comme un obstacle majeur. Sur la base de cette catégorisation, nous pensons que l'APC de Nintcheu et Kamto privilégie les réformes à orientation fédéraliste. Le Groupe de Douala appartient au camp qui privilégie le code électoral et le système aujoulatiste.

Nous pensons que la réforme majeure réside dans le retour au fédéralisme. Nous pensons également que, bien que le code électoral actuel soit imparfait, un engagement à décompter les voix et à garantir l'indépendance d'ELECAM pourrait l'améliorer considérablement. Nous notons même qu'un groupe de partis d'opposition a élaboré un projet de code électoral révisé qui pourrait être examiné, révisé et adopté avec un minimum d'efforts. Cependant, la question du retour au fédéralisme est complexe.

Il est plus facile de passer d'un système de gouvernement fédéral à un système de gouvernement unitaire par une simple centralisation des structures fédéralistes. La transition d'un système de gouvernement unitaire vieux de 53 ans vers un système fédéraliste n'est pas chose aisée. La révision constitutionnelle peut prendre environ deux ans et la transition devrait commencer par l'élection progressive des collectivités locales, suivie d'un transfert de pouvoir du système unitaire vers ces collectivités. Le dernier élément du processus devrait être une nouvelle élection qui pourrait donner naissance à un président favorable ou opposé aux réformes, mais qui devra se plier aux progrès réalisés.

Autre observation (nous ne pouvons pas tout épuiser ici) : à l'heure actuelle, le candidat de l'opposition le mieux classé et le mieux placé pour déloger Biya du pouvoir avec une avance incontestable est Issa Tchiroma Bakary, originaire du Nord. Sa base électorale dans le Nord est consciente que le pouvoir est détenu par le « Sud » depuis 43 ans. Pour formuler la sixième exigence des déclarations publiques du Groupe de Douala, il faut ignorer les implications sociopolitiques du refus, même complet, d'un mandat présidentiel pour les Nordistes. Même si l'on peut le nier, un certain sentiment de fierté demeure associé au fait d'être un président originaire de sa région. De plus, si M. Biya est destitué par une élection, ce serait une première historique pour le peuple camerounais d'avoir un président choisi par lui. Ce n'est pas une mince affaire, et tout Camerounais suffisamment discipliné et courageux pour guider le peuple camerounais vers ce moment historique mérite le privilège d'un mandat présidentiel complet.

La recherche d'un candidat consensuel est une variante de la recherche d'un candidat unique de l'opposition ; elle est inférieure, moins pragmatique et moins stratégique que l'idée d'une coalition d'électeurs camerounais pour une élection binaire, qui serait en réalité un référendum sur Paul Biya. Le peuple choisirait entre Biya et l'opposition la mieux placée.

Le RDPC a intérêt à souligner que sans candidat unique de l'opposition, ou « candidat consensuel », l'opposition ne peut gagner. L'émergence d'un tel candidat est entravée par le problème bien connu de l'action collective en politique. Si l'avantage d'avoir un candidat unique est évident, le mécanisme permettant de l'obtenir est miné par les égos démesurés des candidats mineurs.