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Opinions of Samedi, 7 Juillet 2018

Auteur: Dan Eboudou Essissima

Les 04 vérités du président du syndicat des enseignants anglophones aux francophones

Tassang Wilfried Tassang Wilfried

Avant son arrestation avec les autres leaders anglophones au Nigeria, Tassang Wilfried avait adressé une lettre ouverte aux ressortissants de la partie francophone du pays, cet enseignant qui est un des acteurs majeurs de la contestation qui a cours dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest reproche à ces derniers de s’être accommodés ou de tirer des dividendes du « régime kleptocratique et corrompu » qui dirige le Cameroun.

(...) J’aimerai vous poser quelques questions. Si vous étiez à notre place :
Croiseriez vous les mains et voir vos enfants devenir esclaves dans « leur pays » ? Il est vrai que nous sommes tolérants, mais nous n’accepterons jamais l’injustice érigée en système nous broyer. Nous avons été sincères avec vous au point d’élire un descendant direct de la Menoua, premier ministre du Southern Cameroons, j’ai cité John Ngu Foncha. L’un des secrétaires généraux des services du premier ministre était un originaire de Douala… Et puis et en plus, vous souvenez vous, nous avons accueillit vos frères et sœurs, (ceux-là même qui s'insurgent contre nous aujourd'hui) lorsqu'ils étaient pourchassés par Ahidjo et les français parce qu'ils voulaient l'indépendance de leur pays.
En retour qu’avons-nous reçu ?

La destruction de notre parc de génie civile- PWD
La destruction de nos banques- Cameroon Bank était l’une des plus grande banque de l’Afrique de l’ouest dans les années 60. Demandez aux hommes d’affaires Bamilékés.

La destruction de notre société nationale d’électricité- POWERCAM
La destruction de notre loterie nationale.
La destruction de notre réseau routier, il y a jusqu'à quelques semaines seulement, pour se rendre de Buea à Bamenda, il fallait passer par la région du littorale et celle de l’ouest…
Le démantèlement de nos infrastructures portuaires
La destruction de nos aéroports et du Cameroon Air Transport, opéré par la CDC...
La destruction du Marketing Board, WADA, Santa coffee, Ekona research …
La ruine programmée de nos hommes d’affaire- Nangah Company a par exemple construit la maison du parti de Bafoussam à moindre coût par rapport aux entreprises françaises.

Le pillage de nos ressources naturelles. Presque tout le monde est francophone à la SONARA pourtant située à Limbe. Où la SONARA paye-t-elle ses impôts ? surement pas à Limbe, mais à Douala, mais à Yaoundé …

Bref, vous avez détruit tout notre tissu économique pour nous émasculer. Tel un serpent bois qui a broyé sa proie, l’heure est venue pour que nous soyons avalés. C’est pourquoi vous voulez nous prendre la dernière chose qui nous reste ; notre système éducatif. NON, NOUS RESISTERONS JUSQU’AU DERNIER, ET LE DERNIER RESSISTERA JUSQU'A SA DERNIERE GOUTTE DE SANG !!! 57 ans de servitude c’est trop ! ENOUGH IS ENOUGH !!!

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Comment vivre dans une société où un juge de la Cour Suprême du Cameroun est traité de terroriste, arrêté et emprisonné au mépris de la loi ?
Comment vivre dans une société dans laquelle , l’injustice a été érigée en vertu ?
Comment vivre dans une société où les droits élémentaires, comme la liberté de protester est un crime sanctionné par la peine de mort ?

Comment vivre dans un pays où la constitution est ballotée au gré de la politique politicienne ? rappelez-vous, la constitution de 1961 qui consacrait la réunification entre la république du Cameroun devenue Cameroun Oriental, et le Southern Cameroons devenu le Cameroun Occidental, stipulait bien que le caractère fédéral des deux Cameroun sera immuable. ET QU’EN AUCUN CAS, LA STRUCTURE FEDERALE NE DEVRAIT ETRE CHANGEE ! ET QUE LES DEUX ETATS QUI COMPOSENT CETTE FEDERATION AVAIENT LE MEME STATUS.

Cette constitution allait même plus loin en disant qu’aucun des états fédérés ne devrait user de sa puissance ou de tout autre chose pour assujettir l’autre ! Où en sommes-nous aujourd’hui ? La constitution de 1961 a été bafouée par la fraude organisée le 20 mai 1972, à cause de l’or noir découvert dans le Cameroun Occidental. Et le coup de grâce a été donné par Paul Biya en 1984, quand il est revenu au nom d’origine du Cameroun francophone : la REPUBLIQUE DU CAMEROUN , consacrant de facto, la phagocytose du Southern Cameroons !
Comment vivre dans un pays où même ce qu’ils ont voulu bien mettre dans leur constitution n’est pas respecté. Depuis 21 ans on parle de décentralisation , pourquoi n’est elle pas effective 21 après ? On parle de déclaration des biens, est-ce que le président Paul Biya a déclaré ses biens jusqu'à ce jour ?
Comment vivre dans un pays où vous êtes considérés comme des étrangers ? On vous affuble de tous les noms : « biafrais », « ennemi dans la maison »… je peux encore citer des tonnes et des tonnes de faits…

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Le peuple naïf anglophone pensait à tort que leurs « frères » francophones se joindraient à eux pour lutter contre la tyrannie, que non. Le francophone s’est soit accommodé ou tire des dividendes de ce régime kleptocratique et corrompu.
Comment comprendre que le sort de votre drapeau à nous imposé , avec une étoile, vous préoccupe plus que le sort de huit millions des autochtones du Southern Cameroons ? Vous êtes allés jusqu'à organiser une contre manifestation au pays de l’oncle Sam !

A force de tirer un câble, il finit par rompre ! Oui, le moment de rupture est arrivé. Ce qui se passe dans le Southern Cameroons, c’est la révolte de l’esclave !

Si vous vous accommodez de ce régime, nous pas. Vous pouvez demeurer avec votre pharaon. Quant à nous, nous avons déjà traversé la mer rouge. Gare au régime occulte de Yaoundé avec ses BIRs, vous serez engloutis dans la mer rouge.
Je remercie une certaine classe intellectuelle francophone qui a bien voulu parler en faveur des anglophones, même si votre plaidoyer en faveur des anglophones est tombé dans les oreilles des sourds d’Etoudi. Mes pauvres frères qui pensent encore que le fédéralisme est possible alors que Yaoundé est incapable de mettre en marche la décentralisation. Aux yeux du dinosaure d’Etoudi, qu’est-ce qui est pire ?

Mes frères francophones, ai-je donc le droit de vous tenir pour responsable de la situation comateuse dans lequel le Cameroun est plongé ? Quand vous finirez par prendre votre courage à deux mains, je serai à vos cotés.