Comme je vous le disais, le Groupe de Douala a complètement disparu. Anicet Ékane qui avait suspendu Aba'a Oyono, (pour avoir soutenu Kamto à Paris), vient de démontrer qu'il est la cohérence personnifiée comme sa petite sœur. Sam Mbaka ne sait plus à quel sein se vouer. (Il n'y a pas de sainteté en politique : juste des coucheries). Seul le pauvre Djeukam Tchameni tape encore la bouche. Mais il parle tout seul.
Quelques politiciens dont la candidature a été retenue se sont retrouvés à Foumban pour le pow-pow de circonstance. À lire ce qu'ils ont pondu comme communiqué, il n'y aura rien. Personne parmi les prétendants ne voudra se désister. L'intérêt de la rencontre de Foumban (qui a tout de même accouché d'une belle photo) n'est pas les présents, mais les absents.
Pas de Cabral Libii là-bas. À dire vrai, ç'aurait été pour lui une perte de temps. Il faut savoir résister aux appâts de Dame Tomaino Njoya. (Je peux vous certifier que cette veuve noire en a). C'était déjà elle sur la colline de l'Âne monté qui séduisit des leaders et les induisit à œuvrer à Dieu sait quoi. Cabral était alors là. Monter des ânes est un perds-temps. Et tous ces gens étaient des ânes. Bien montés.
Pas de Kamto non plus. Lui, on ne l'a même pas évoqué. (Et ça, dans leur crise du jujube frelaté, les siens l'ont bien remarqué). On paraît déjà l'avoir enterré. Je suis d'ailleurs d'accord avec eux : c'est seulement demain, lundi, que sa levée de corps est programmée. Il faut faire les choses correctement : premièrement, on a retiré le cadavre du make-mazu accidenté.
Et on l'a mis au frais. Pauvre Kamto... Il doit être bien embêté dans son casier frigorifié. (C'est, je crois, le numéro 17 à la morgue du conseil constitutionnel où on l'a entreposé). L'accident qui l'a occis fut atroce. L'épave dans laquelle il s'est fait trucider était conduite par Anicet Ékane, notoirement reconnu comme chauffard par tous les usagers des pistes accidentées de la politique.
Tragique accident. C'était une affaire qui a très mal commencé. Le décujus n'est pas n'importe qui. C'est au volant d'une Lamborghini qu'il a quitté le chez-lui ; de dernière coupe : modèle Mrc. Peut-être sa soirée avait-elle été plutôt arrosée. Il roulait avec des potes. L'un d'eux est le yé-yé aux cheveux ébouriffés qui a roulé au sol lorsque la cylindrée s'est écrasée sur un arbre.
Pas de chance : la variété Partius representum est plus solide que le chêne. Le conducteur malheureux ne pouvait l'éviter. Il a survécu. Pas l'autre passager à l'air hirsute. C'est sous le fût de l'arbre Elus sanselectionum qu'il s'est crashé et tout tordu. L'autre passager était, comme son nom, imprononçable : tchoing-tchoing ; c'est-à- dire complètement gâté. Il n'en reste presque plus rien. Vous pouvez regarder. Tout droit.
La Lamborghini, selon le rapport d'expertise assermenté, n'a pas eu sa visite technique. Ce modèle fonctionne avec les batteries de marque Ndoki. Vraiment pas de chance. Elle n'avait pas non plus les pneus Médard Lipot d'origine, remplacés par les Ateba d'occasion. On avait coupé le carburant au jujube malaxé. La bagnole filait à une allure non autorisée. Je crois que l'accident était inévitable.
Seul survivant, Kamto s'est mis du côté gauche de la route où, déjà, il roulait en contre-sens et c'est là que le make-mazu d'Ékane est venu le trouver. L'animal qui doit mourir n'entend plus la cloche de la chasse à courre. Le dernier virage a été horriblement négocié. J'ai rarement vu une telle culbute : de Charybde en Scylla ; séradire du Mrc au Manidem.
Zum-tchoc ! Kolongolong ! Kontom ! Plong ! Krash ! Seul Ekane s'en est sorti. (Les chats comme lui ont neuf vies : il lui en reste trois, je crois). Voilà Kamto à la morgue. À Foumban, les potes l'ont oublié. Oublié ? Non. C'est pire : ils l'ont déjà enterré. Il n'y a que moi qui veuille faire les choses décemment. Nous lui devons bien ça : avec lui, on s'est bien marrés. On va l'enterrer dignement.
Levée de corps lundi à la morgue du conseil constitutionnel. Tenue de circonstance : celle du vendredi en noir. Surtout pas l'habit rouge des déterreurs d'ossements... No make erreur ! Et des pleurs de circonstance. Surtout pas de grognements qui rappellent que le décujus élevait des cochons. (Mais il paraît qu'il a rompu avec cette vie. Il disait qu'elle ne le concerne plus).
J'ai préparé le corbillard. Même si tous les autres potes l'ont oublié, je suis là pour lui.
Je veillerai à l'enterrer. Je suis le dernier des Mohicans !