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Opinions of Friday, 5 June 2015

Auteur: Brice Mbeze

Le casse-tête du logement à Ngaoundéré

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La crise est prononcée. Les initiatives restent timides. Etat des lieux.

C’est l’histoire de Martial Atangana, fonctionnaire nouvellement affecté à Ngaoundéré. Cela fait trois semaines qu’il a pris le service. A son arrivée, ce cadre de l’administration fiscale a passé deux semaines dans un centre d’accueil tenu par des religieuses, non loin de la cathédrale Notre Dame des Apôtres de Ngaoundéré.

Martial Atangana avait le choix entre une chambre single avec douche interne qui coûte 6000 F la nuitée et une autre chambre sans douche interne au tarif de 4000 F.

Pour la première semaine, il a fait le choix de la première option. Ses économies ont commencé à tarir. Il était donc obligé de déménager. Une connaissance lui a soufflé que les possibilités de se loger existent du côté de l’Eglise Evangélique luthérienne au Cameroun, au quartier Norvégien. Mais là-bas, dans l’une des cités, il faut débourser 3000 F.

Le confort reste néanmoins relatif. A l’intérieur de la vaste concession, dans la deuxième cité, la nuitée dans une chambre meublée revient à 5000 F. Par ailleurs, il faut se plier à certaines conditions. Comme chez les sœurs, le camp ferme à 21h.

En plus de ce respect d’horaire, la conduite à l’intérieur de la cité doit être exemplaire. Martial Atangana passe finalement six jours chez les sœurs avant de déménager chez un parent dont il a fait la connaissance à Ngaoundéré. Chez ce parent, la cohabitation est brève.

Elle dure deux semaines. La capacité de la maison de son cousin est réduite. Il loue un appartement de deux chambres dans un quartier difficile d’accès. Jusque-là, son cousin vivait seul. L’heure du regroupement familial a sonné pour lui. L’arrivée de sa femme et de son fils est annoncée. Martial A. est donc obligé de déménager une fois encore. Cette fois-ci pour un studio déniché par un agent immobilier. La fin du calvaire.

Presque tous les fonctionnaires nouvellement affectés à Ngaoundéré vivent des tribulations semblables à celles de Martial Atangana. Le nouvel arrivant passe deux à trois mois entre hôtel, auberge, centres d’accueil ou chez une connaissance.

Dans certains cas, cela peut durer cinq, voire six mois. Trouver un logement à Ngaoundéré est un véritable casse-tête. Les appartements et studios sont rares. L’offre est inférieure à la demande. A la rareté se greffe la cherté. Les prix pratiqués sont alignés sur ceux de Yaoundé et Douala.

Exemple. Pour un appartement trois pièces avec douche interne, situé au centre-ville, le demandeur peut débourser une somme comprise entre 80.000 et 100.000 F. En plus, le nouveau locataire est astreint au paiement de six mois de loyer, voire un an d’avance avec un mois de caution, avant d’intégrer le logement.

Dans les quartiers difficiles d’accès, le loyer dans un appartement identique peut coûter 60.000 F. Les prix des studios, eux, oscillent entre 35.000 F et 50.000 F. Ces dernières années, les tarifs ont littéralement explosé. Cette situation a une explication. Pour Aboubakar Djika, agent immobilier, «de nouveaux services publics et privés ont été créés dans la ville ».

Ce connaisseur des réalités locales laisse entendre que cette crise est exacerbée par « l’arrivée massive de ressortissants Tchadiens dans la ville. Visiblement, beaucoup d’entre eux ont beaucoup d’argent. Ils paient cash, versent beaucoup de mois à l’avance. Parfois, ils n’habitent même pas dans ces maisons tout de suite.

C’est la loi du marché. Nos compatriotes ont du mal à suivre cette surenchère. Par ailleurs, la plupart des fonctionnaires affectés dans d’autres villes ne libèrent pas toujours les appartements pour diverses raisons », explique-t-il. Ce déficit fait donc les affaires des propriétaires et des agents immobiliers qui se frottent les mains.