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Opinions of Friday, 14 August 2015

Auteur: Mutations

L’emploi, une arme contre Boko Haram

La riposte sécuritaire en cours ne doit pas éclipser les mesures pour redonner espoir aux jeunes.

Depuis le 12 juillet dernier, le Cameroun vit la douloureuse expérience des attentats-suicides sur son sol. La secte terroriste Boko Haram a décidé d’user de son arme la plus lâche et la plus hideuse. Face au nouveau mode opératoire de cette organisation qui sème terreur et désarroi, les autorités camerounaises ont pris des mesures exceptionnelles.

Pour autant, il ne faut guère désarmer sur le front du développement, car sans développement, il n y a pas sécurité et inversement.Sur ce terrain, l’emploi des jeunes est un levier fondamental. La secte enrôlant facilement les jeunes qui subissent les affres du chômage, le gouvernement doit lui couper l’herbe sous les pieds.

C’est ici le lieu de saluer l’initiative du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat). Le 5 mars 2015, à Maroua, le ministre Emmanuel Nganou Djoumessi a lancé les activités du Programme spécial pour l’emploi urbain (Usep).

Au-delà des mesures sécuritaires déployées par les forces camerounaises de défense et de sécurité dans l’Extrême-Nord, il y a une « nécessité de diffuser le développement », c’est-à-dire, donner les perspectives d’espoir aux populations et générer les ressources dont elles seront par ailleurs bénéficiaires.

Ce programme vise à lutter contre le chômage des jeunes par la création des emplois de proximité à travers des activités à haute intensité de main d’œuvre , dans les villes du Cameroun, en contribuant à l’assainissement et à l’amélioration de la physionomie de ces centres urbains.

Dans sa phase pilote étalée sur 18 mois et dont les travaux portent entre autres sur l’aménagement des routes et le reboisement, le programme a retenu sept communes pour plus de 260 emplois : Maroua 1er, Maroua 2ème, Maroua 3ème, Mokolo, Mora, Kousseri et Mogodé.

Usep cible les personnes sans emploi, résidant dans les communes suscitées, et particulièrement les jeunes, diplômés ou non, dont l’âge varie entre 17 et 35 ans. Les personnes bénéficiaires doivent également présenter les attitudes et aptitudes physiques appropriées aux activités à exercer. A terme, l’épargne qu’auraient réalisée les bénéficiaires devra être consacrée à l’auto-emploi.

Précision de Nganou Djoumessi, lors du lancement de ce programme, « il ne s’agit pas de faire de ces jeunes ceux qui passeront leur vie curer les caniveaux. C’est un programme de transition, pendant qu’ils exercent cette activité, on leur donne des formations en menuiserie, mécanique, webmaster, bureautique, électricité, agriculture ou toute autre métier.

Les mesures d’accompagnement existent pour que le programme soit pérenne et qu’au bout des 18 mois de son existence, le jeune qui en a bénéficié ne se retrouve plus dans sa situation de précarité ».D’un coût de 545 500 000 Fcfa, Usep vise, au total, la création de 2 000 emplois dans une vingtaine de localités de la région de l’Extrême-Nord.

Ce programme en cours d’implémentation, en cohérence avec d’autres projets gouvernementaux, également en cours dans les localités concernées, notamment le projet Haute intensité de main d’œuvre (Himo), le projet des filets sociaux, le plan d’urgence triennal et le programme d’intervention d’urgence pour l’éducation.

Le Minepat tient également à la bonne exécution du budget d’investissement public dans l’Extrême-Nord. En 2014, le taux d’exécution avait été évalué à 88,67% contre 80,72% pour le taux de réception. Les projets d’investissements prioritaires (Pip) ont été, quant à eux, exécutés à 51,78%.