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Opinions of Mercredi, 4 Octobre 2017

Auteur: camer.be

Issa Tchiroma ou le symbole de l'échec du régime Biya

La politique au Cameroun a simplement besoin d'un profond renouvellement! La politique au Cameroun a simplement besoin d'un profond renouvellement!

Ce très tardif "mea culpa" du griot du dictateur camerounais Paul Biya confirme la perception qu'ont toujours laissée ses nombreuses déclarations approximatives et mensongères. Il aura en cela été, probablement comme aucun autre membre de ce régime agonisant, son vrai dynamiteur de l'intérieur.

Ce "mea culpa" coïncide aussi étrangement avec la prestation télévisuelle du même Tchiroma dans laquelle il demande expressément aux télévisions privées camerounaises de ne pas inviter sur leurs plateaux des contradicteurs acquis à la cause anglophone. Le problème c'est que M. Tchiroma ne semble réellement pas comprendre comment fonctionne un processus de communication moderne.

Tout d'abord, les journalistes au Cameroun ne décident pas de l'agenda. Si la CRTV est le porte-voix du gouvernement et en reçoit l'essentiel des dotations publiques à travers notamment la taxe sur l'audiovisuelle, la télévision privée fait elle ses profits grâce aux revenus tirés de la publicité, des taux d'audience de ses programmes, et donc de ce qu'elle pense que le public camerounais veut entendre ou apprécierait le plus. Quoi qu'il en soit, les journalistes ne décident pas de l'agenda.

- Deuxièmement, M. Tchiroma devrait certainement savoir tout ceci puisqu'il est un griot professionnel qui est très loin d'être naïf. En réalité ce que veut M. Tchiroma c'est de continuer sans autre son de cloche à répéter sa récitation dans toutes les ondes, suivant laquelle la crise anglophone est une conspiration conçue «hors du Cameroun». En conséquence, en réduisant la crise anglophone uniquement à un problème de sécurité nationale, tous les outils démocratiques pour résoudre cette crise politique sont jetés par la fenêtre, afin notamment de légitimer l'état d'urgence et la violence officielle, précisément ce dont le régime est en ce moment en train d'exécuter comme une belle partition dans les deux régions anglophones à nouveau coupées de toute connexion internet.

Troisièmement, le silence imposé à l'opposition ne fait pas pour autant disparaître le problème. Pire encore, il donne l'impression que Tchiroma et son patron n'ont pas la capacité intellectuelle de venir à bout des soi-disant «sécessionnistes», y compris sur le terrain médiatique, malgré un avantage considérable en termes de ressources. Leur véritable objectif est donc d'évacuer un vrai débat public sur la crise anglophone afin que les "extrémistes" des deux côtés puissent montrer leur bravoure et se faire ouvertement la guerre sur le terrain. C'est ce qu'ils ont en réalité toujours voulu depuis le début. Dans ce processus sordide peu leur importe de prendre le reste du pays en otage des jeux de guerre et de la politique de génocide.

La crise anglophone est un problème démocratique qui ne peut plus être mis sous le tapis. La véritable «vision» que M. Tchiroma et son patron doivent avoir maintenant consiste humblement à reconnaître leur échec politique flagrant, puis la désintégration lente de ce pays que nous aimons tous, en partie à cause d'un leadership inepte qui n’a aucune imagination pour trouver un début de réponse appropriée à cette crise et à toutes les autres auxquelles le Cameroun fait face en général.

La politique au Cameroun a simplement besoin d'un profond renouvellement!