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Opinions of Wednesday, 24 June 2015

Auteur: Cameroon Tribune

Il en faut plus pour satisfaire la demande industrielle de Sorgho

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Les difficultés d’accès aux terres fertiles et aux intrants agricoles et la faible pluviométrie constituent des contraintes pour une production industrielle.

resté longtemps une culture secondaire limitée aux sols les plus argileux disposant d’une bonne capacité de Produit Produit Produit principalement dans la soudano-sahélienne comprenant une partie de la région du Nord et celle de l’Extrême-Nord, le sorgho de contre saison appelé muskuwaari est en passe de surclasser les autres cultures céréalières de base que sont le mil, le riz et le maïs.

L’extension de cette culture s’est sensiblement accélérée ces dernières décennies, en particulier dans les plaines de l’Extrême Nord, sous l’effet combiné de l’augmentation des besoins vivriers et du développement de la culture cotonnière. Le sorgho s’est imposé comme une culture vivrière de base et représente actuellement plus de la moitié de la production céréalière.

La conquête de nouvelles terres a induit une adaptation et une amélioration des techniques culturales. Ce success story du sorgho essentiellement dans l’Extrême-Nord du Cameroun s’explique en partie par l’amélioration du système de culture par les cultivateurs, grâce notamment à la sélection et l’adoption de nouveaux types de sorghos adaptés à diverses contraintes environnementales.

Les principaux bassins de production se trouvent dans les départements du Mayo-Rey et de la Bénoué dans la région du Nord, dans les départements du Diamaré, du Mayo-Kani et du Mayo-Tsanaga dans l’Extrême-Nord. Selon les chiffres fournis par la délégation régionale de l’Agriculture et du Développement rural de l’Extrême-Nord, la région a produit 411 499 tonnes de sorgho au cours de la saison agricole 2014-2014.

Dans cette production, le département du diamaré seul a contribué à hauteur de 161 530 tonnes, suivi du Mayo-Tsanaga 101 495 tonnes. Le maïs qui connait une grande percée dans la région de l’Extrême-Nord avec un bilan de 166 444 tonnes au terme de la saison agricole 2014-2015 vient en deuxième position.

Mais si la production du sorgho est en nette augmentation, elle reste en deçà de son potentiel de production et des besoins de la consommation locale. Ce déficit de production est dû à la faiblesse de la pluviométrie et aux sols de plus en plus pauvres. Dans le département du Mayo-Danay, par exemple, les superficies cultivables pour le sorgho se rétrécissent à cause du phénomène de l’ensablement.

La faible capacité financière des producteurs, qui n’arrivent pas à mobiliser les ressources pour des investissements, aussi bien en matière d’infrastructures que d’équipement, voire de fonds de roulement, les difficultés d’accès aux terres fertiles, le coût exorbitant des intrants agricoles, viennent se greffer aux facteurs qui expliquent la faible production du sorgho.

Sur le plan de la commercialisation, les infrastructures de stockage sont insuffisantes. L’enclavement des pôles de production ne facilite pas l’écoulement des produits vers les marchés. Il y a aussi la difficulté à respecter les normes de qualité de l’agro-industrie d’autant que le décorticage du sorgho se fait encore manuellement.

Pour que cette spéculation passe de son statut actuel de culture de subsistance en chaîne de valeur compétitive orientée vers la commercialisation, il importe d’asseoir une politique d’encadrement et de financement de la filière à l’instar du coton. A travers le Projet d’investissement et de développement des marchés agricoles (PIDMA), les coopératives des producteurs du Nord et de l’Extrême-Nord doivent livrer chaque année 30 000 tonnes de sorgho à Guinness Cameroon, pour la production de la bière.

Concrètement, les producteurs auront la possibilité de négocier préalablement des contrats de livraison avec Guinness Cameroon qui importe 80% de ses matières premières et souhaite réduire ces importations de 50% d’ici 2015 ou bien d’autres potentiels acheteurs, avant de se lancer dans la production.

Ce qui garantit non seulement l’écoulement de la production, mais aussi un certain niveau de revenus. En contrepartie, le PIDMA fournit aux producteurs une assistance dans la production et la commercialisation du sorgho.

Cette intervention se situe à trois niveaux : -aider les « sorghoculteurs » à accroître la productivité et la production en leur facilitant l’accès aux intrants et aux matériels agricoles tels les tracteurs. Chaque producteur pourra ainsi doubler ou tripler sa production et dégager une marge consistante de bénéfices. - pour la collecte et le stockage, le PIDMA facilitera la mise en place de matériels et de magasins de stockage dans les villages.

Au niveau de la commercialisation, le défi majeur étant de fournir du sorgho nettoyé et conditionné dans les sacs de 50kg, le PIDMA devra faciliter l’installation d’une unité de nettoyage du sorgho. Cette unité permettra de produire du sorgho de haute qualité répondant aux normes qualité.

A travers cette politique d’accroissement des revenus des producteurs, il ne s’agit pas d’entamer la sécuritaire alimentaire de la région pour satisfaire la demande agro-industrielle. Le Conseil régional des organisations paysannes de la partie septentrionale du Cameroun (CROPSEC) entend sensibiliser ces membres pour que l’autosuffisance alimentaire ne soit aucunement sacrifiée sur l’autel du mercantilisme.