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Opinions of Wednesday, 16 February 2022

Auteur: Boris Bertolt

Guerre ouverte entre le ministre Atangana et les opérateurs économiques

Hausse du prix de la baguette du pain Hausse du prix de la baguette du pain

Une guerre ouverte a été déclenchée entre le ministre du commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana et le Groupement des industries meunières du Cameroun.

Au Cameroun, ce groupement est au cœur de l’importation des matières premières destinés à la fabrication du pain et d’autres produits dérivés du blé ou de la farine.

Si les meuniers ont rouvert leurs entrepôts après deux semaines de fermeture qui ont entrainé dans certaines grandes villes une raréfaction de la baguette de pain sur les étalages, n’empêche que la crise perdure et n’est pas prête de s’arrêter si des mesures efficaces de commun accord avec les chefs d’entreprises ne sont pas prises par le gouvernement.

Boris Bertolt revient sur la question. Camerounweb vous fait lire.


Sur le terrain, dans de nombreuses boulangerie, le prix de la baguette de pain a augmenté. Une situation qui suscite des craintes au sein du gouvernement.

En effet, le régime de Yaoundé n’est pas sans ignorer que les révoltes de 2008 baptisées sous le sigle « d’émeutes de la faim » tiraient leurs origines de la hausse des prix. Les populations n’arrivaient plus à se nourrir. L’on se souvient des longues files d’attente au Caire ou à Tunis pour l’acquisition d’une baguette de pain. Au final, les régime Moubarak et Bouteflika furent renversés. Trois ans plus tard, les émeutes de la fin atteignaient le Cameroun dans un contexte d’augmentation des prix des produits de première nécessité. Paul Biya ne fut pas renversé, mais le pouvoir à eu peu. Bilan : les organisations de défense des droits de l’homme évoquent le chiffre de 150 morts.

S’achemine-t-on vers de nouvelles tensions sociales ? La crise autour de la farine de blé semble l’attesté. En effet, le groupement des industries meunières du Cameroun dénonce l’inaction du gouvernement alors que les cours du produit ne font qu’augmenter sur le marché international.

Ainsi, l’on apprend dans un communiqué que « le cours du blé sur le marché international continuant sa progression, souligne le texte, les industries ont besoin d’un ajustement mesuré de leurs prix de vente pour être en mesure d’acheter du blé et donc de mettre à la disposition des populations, la farine ».

Alors qu’invité au GICAM en octobre 2021, Luc Magloire Mbarga Atangana avait été clairement mis au parfum de la situation, sous la pression de l’homme à la punk il se retrouve dos au mur et menace les opérateurs économiques. Ainsi, dans une correspondance que j’ai pu me procurer, le ministre du commerce accuse le secrétaire général du groupement des industries meunières du Cameroun de désobéir aux instruction de Paul Biya.

Luc Magloire Mbarga Atangana affirme que Paul Biya a répondu favorablement, point par point aux aménagements fiscaux proposés le 8 décembre 2021 par les opérateurs économiques. Le problème c’est que l’ensemble des prises par le gouvernement sur instruction du secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh n’allègent que de 0,5% les charges des opérateurs économiques du sectateur. C’est-à-dire 300 Fcfa or le sac de blé est évalué aujourd’hui à 6000 Fcfa. La situation n’est donc pas tenable pour les opérateurs économiques qui ne peuvent pas acheter et vendre à perte. Ils refusent de céder.

Pris de panique, s’ensuivent des menaces. Ainsi, le 7 février 2022, le ministre du commerce écrit : « je voudrais vous informer que face à cette attitude qui est contraire à l’esprit de dialogue secteur public/secteur privé prôné par le chef de l’Etat et réitéré solennellement dans son message du 31 décembre 2021 à la nation, mes services compétents ont reçu instructions fermes de veiller à compter de ce jour au strict respect de la légalité républicaine en procédant aux contrôles appropriés sur pièces et sur place ».

Des menaces qui n’ont pas empêché l’augmentation du prix pain. Car dans un monde globalisé, malheureusement c’est la loi du marché qui prime.