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Opinions of Mercredi, 17 Octobre 2018

Auteur: Abdelaziz Moundé

Election 2018: les forces des avocats et les faiblesses des membres du Conseil

Maurice Kamto déclaré  vainqueur de la présidentielle par des résultats provisoires Maurice Kamto déclaré vainqueur de la présidentielle par des résultats provisoires

Tout à l'heure, en pleine chaleur tropicale, de respectables messieurs, membres du Conseil Constitutionnel, chausseront encore des perruques blondes, importation folklorique des temps de la Magna Carta anglaise. Pardi ! Depuis " La crise du Muntu ", livre majeur pour la pensée en Afrique, du très regrette Fabien Eboussi Boulaga sur la decolonisation des mentalités et des Institutions, on en est encore au point de départ...

Ils se livreront, une fois encore, à un rituel dont on connait l'issue : 11 éminences qui écoutent de brillants Camerounais, ténors du Barreau et preux candidats et des citoyens ulcérés par un système bloqué, s'agacent de la verve et des démonstrations en mondovision des absurdites du système Elecam. Celui où l'on vote et attend des resultats publiés sur du papier simple 10 jours après. Ils le feront pour finir par tonner : IRRECEVABLE !

Ce sont nos Lords, entendez seigneurs, d'Ongola. Ils sont les feodaux de cette République où le président est plus roi absolu qu'autre chose. Celui qui par le decret nomme ceux qui vont le designer...vainqueur de l'élection. Cela s'appelait sous Louis XIV, totem du roi-dieu, le seul soleil admis sur terre, pouvoir discretionnaire, autrement dit, l'arbitraire royal. Au Cameroun, cela prend une forme très usitée : noyer le cheveu gris de l'appartenance au Rdpc sous une perruque d'apparente neutralité. Dans cet aréopage, on ne sait jusqu'ici qui a été nommé, comme le prévoit la Constitution, par le président de l'Assemblee nationale et le président du Sénat, qui doivent chacun nommer trois membres. Est-ce la peine ? S'encombrer de formalisme alors même que le décret du PRC suffit...

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Hier donc, par souci de pédagogie, les avocats de Maurice Kamto, ont éventé une fois encore ces secrets de polichinelle de notre République bien-aimée. Eclairant une fois encore l'opinion, dans le sillage de ces sentinelles et éclaireurs du combat pour la démocratie depuis la lutte d'Indépendance, sur les mille impasses, contradictions et absurdités de ce système presidentialiste de type maximaliste où le président nomme tout le monde, recase partout des retraités membres préeminents de son parti, controle l'ensemble des pouvoirs.

C'etait l'un des rares intérêts de l'exercice convenu depuis Dipanda Mouelle en 1992, lisant des pages d'irregularités et de flagrants delits de fraudes à enerver la Joconde ou Mère Teresa à l'eternel sourire, mais cloturant la journée par le mot des magistrats commis : IRRECEVABLE !

Hier encore, par souci de pédagogie, Me Michele Ndoki en virtuose de l'indignation documentée, a plaidé comme jadis Jacques Verges, célèbre avocat qui perdait ses procès, son client finissant au bagne, mais gagnait la bataille de l'opinion, faisant avancer bien des causes contre le colonialisme en l'occurence. Le regard mi-clos, le président Clement Atangana, n'attendait qu'une brèche dans les envolées de la pasionara en puissance du Barreau pour cingler comme gronde le Nkul : IRRECEVABLE !

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Ce matin, si notre Crtv tam-tam, le veut bien, elle nous fera encore l'aumône de nos droits : diffuser en direct sur son antenne principale comme elle l'avait fait pour le meeting du candidat Paul Biya à Maroua, la suite des audiences où l'intéret ne sera pas le resultat final connu, mais une autre mise à nu : celle du spectacle dont le régime s'autosatisfait de la nature démocratique, respectueuse du droit et des Institutions, mais qui n'est qu'en réalité le symptome du blocage des possibilités d'alternance par des organes judiciaires sous contrôle du président. IRRECEVABLE...aussi !

C'est cela l'enjeu qui découle de ces élections et de son contentieux : mettre en place de véritables contre - pouvoirs independants ; reduire la voilure de la fonction présidentielle, trop obèse et absolue ; elargir les modalités de saisine du Conseil Constitutionnel, régulateur de notre democratie en construction.

Cela passe aussi et surtout par une opposition qui sait enfin trouver ses dénominateurs communs. Celle d'une coalition du bon sens où l'on ne verra plus des leaders militants pour la même cause aller en rangs disperses au Conseil Constitutionnel, mais qui seront main dans la main sur le terrain comme devant les pretoires.