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Opinions of Jeudi, 31 Décembre 2015

Auteur: Boris Bertolt

Diviser les camerounais pour mieux régner

Il n' y a pas de bons ou de mauvais camerounais. Il n'y a pas de camerounais de naissance ou des camerounais d'origine. Il n'y a que des camerounais. Tout le débat autour de la double nationalité s'inscrit dans une logique de fragmentation de la société et de construction des différences.

Que tu sois à magba, kolofata, Melbourne ou washington chaque camerounais garde ses racines et revendique fièrement son appartenance à ce pays. Des études ont récemment démontré que même au sein de la communauté noire aux usa, les immigrés africains cherchent à se différencier des afro américains. Ils ont tendance à affirmer clairement leurs origines. C'est dire que tous nos compatriotes qui se sont installés en Europe ou aux usa ont pleinement conscience de leur appartenance.

Contrairement à ce que certains pensent un passeport est un document légal qui ne définit pas l'identité. Donc il est du point de vue philosophique absurde de penser que la détention d'un passeport européen ou américain fait de nous des européens ou américains.

Il s'agit simplement pour beaucoup d'opportunités pour exercer leur profession.

Imaginez vous qu'un passeport camerounais vous permet de circuler sans visa dans seulement une trentaine de pays dans le monde alors que un visa français, britannique, américain ou norvégien vous offre plus de 130 pays. Voilà des réalités qu'il faut avoir lorsqu'on appréhende le débat sur la double nationalité. Beaucoup de nos compatriotes travaillent pour des multinationales, des organisations internationales, des lobbys et think thank... cet élément leur offre la possibilité de mener à bien ce pourquoi ils sont payés. Pour certains on le leur propose simplement, comme c'est le cas avec les hommes de culture ou les sportifs.

Ainsi il n'y a pas qu'une immigration économique, il y a le brain drain ( fuite des cerveaux) et tout cela rend complexe l'analyse de la question.

Le Cameroun est aujourd'hui en Afrique l'un des rares pays où l'acquisition d'une autre nationalité entraîne la perte de la sienne. Ce qu'il faut savoir c'est que ce code de la nationalité a été édicté par Ahmadou Ahidjo dans un contexte où en crise permanente de légitimité, la diaspora était perçu comme une menace permanente pour le pouvoir. La preuve en est que le statut des femmes est différent. Paul Biya a poursuivi dans la même logique.

Mais aujourd'hui nous devons résolument ouvrir le débat sur ce texte qui participe à construire les bons et les mauvais camerounais. Ceux qui ont conservé leur nationalité et ceux qui ont perdu la leur. Or les choses sont plus complexes. Le Cameroun a besoin de tous ses enfants pour se développer.