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Opinions of Monday, 7 December 2015

Auteur: cameroon-tribune.cm

Des propositions de Paul Biya qui résonnent fort

Les idées défendues par le président de la République à Paris où se négocie un nouvel accord international sur le climat confirment l’image d’avocat tenace et inlassable de la  cause environnementale qui lui est reconnue.

 

Plus que quatre jours, et la communauté internationale saura si la COP 21 a été un succès ou un échec. En d’autres termes, si ces assises ont réussi ou non à mettre en place un nouveau traité universel, équitable et contraignant sur le climat. Après une semaine de travaux intenses, les experts ont remis avant-hier un projet d’accord à Laurent Fabius, président de la Conférence. Dès aujourd’hui les ministres des 195 pays conviés vont apporter une touche politique à ce document dont la mouture finale sera rendue publique le 11 décembre prochain.

En attendant d’être définitivement fixé sur les résultats des négociations en cours à Paris, il convient de rappeler qu’afin de mettre  toutes les chances de leur côté, les organisateurs de la COP21 au premier rang desquels François Hollande, président de la République française, et Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies ont organisé le 30 novembre dernier en ouverture des travaux, un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de l’ONU. Pour donner un ton aux travaux. Répondant à cette invitation, près de 150 leaders du monde dont le président Paul Biya qu’accompagnait son épouse Chantal Biya, ont fait le déplacement de la capitale française. Une participation exceptionnelle qui a fait dire à de nombreux observateurs que c’est le plus grand sommet jamais organisé en France.

Que ce soit lors de cette rencontre particulièrement courue, ou du mini-sommet organisé le lendemain par l’Elysée en présence de 14 chefs d’Etat et de gouvernement d’Afrique,  le président de la République, Paul Biya a fait des propositions qui ont confirmé son engagement pour la défense de la cause environnementale.

 

Sur l’urgence

à agir rapidement

 

Paul Biya sait que la COP21 est une opportunité à ne pas rater  pour la mise en place d’un nouveau traité sur le climat devant remplacer le protocole de Kyoto. C’est pourquoi, dans son discours du 30 novembre dernier, il a appelé à une action rapide. « Notre conférence répond en effet à l’urgente nécessité d’enrayer les effets destructeurs des changements climatiques. Nous en avons la responsabilité. Nous en avons le devoir. Et ici, nous en avons l’opportunité » a –t-il déclaré.  Avant d’ajouter, pour finir de convaincre les sceptiques : « nous sommes là pour répondre aux attentes et aux espoirs de nos peuples. Alors faisons preuve de détermination et de courage politique. Oui, ayons l’audace d’agir ».

 

Sur la réduction par le Cameroun

des émissions de gaz à effet de serre

 

 

En prélude à la COP21, le gouvernement camerounais s’était engagé à œuvrer pour une réduction à hauteur de 32% de ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2035. Au sommet de Paris, le chef de l’Etat a confirmé cet engagement. « Le Cameroun faible émetteur de gaz à effet de serre, entend poursuivre sa contribution à leur réduction » a-t-il relevé, avant de  dérouler la batterie d’actions à mener et qui concerne notamment les domaines de l’agriculture, de l’exploitation forestière, de la gestion des déchets, de la production de l’électricité, du bâtiment, des transports et du développement industriel.

En matière de production d’électricité par exemple, le gouvernement compte réduire de 26% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à l’année de référence qui est 2010, en privilégiant la valorisation des énergies renouvelables. Il va s’agir d’augmenter les parts de la biomasse (7%), de la micro-hydro (11%), du solaire (6%) et de l’éolien (1%) dans le mix-énergétique du Cameroun.

 

Sur la nature de l’accord attendu

 

De nombreux observateurs avertis s’accordent à dire que les accords conclus jusque-là n’ont pas atteint les objectifs escomptés. En raison notamment du fait qu’ils n’avaient pas un caractère contraignant. Intervenant sur la question lundi dernier,  le chef de l’Etat s’est voulu clair. « Nos conclusions, nos compromis, pour être crédibles, devront avoir un caractère contraignant », a prévenu Paul Biya avant d’ajouter : « la tâche n’est pas insurmontable. Laissons-nous seulement guider par une exigence de solidarité humaine et une juste appréciation de l’urgence de la solution ».

 

Sur la dégradation des forêts en

Afrique centrale

 

Cette partie du continent africain a la chance de disposer du deuxième bassin forestier au monde, après l’Amazonie. En vue de protéger ce bien précieux de l’humanité, les pays de la sous-région dont le Cameroun ont créé la Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC), instance politique et technique chargée de l’orientation, de la coordination et de l’harmonisation des décisions en matière de conservation et de gestion durable des écosystèmes forestiers et des savanes d’Afrique centrale. Les pays de la COMIFAC ont même adopté un Plan d’urgence pour la gestion durable des forêts du bassin du Congo.

En dépit de ces efforts, on assiste de  plus en plus, comme l’a relevé le président Paul Biya, à une « dégradation continue des forêts en Afrique centrale ». Du fait des actions combinées de l’homme et de la nature. Cette situation, soutient le chef de l’Etat, « diminuera la contribution  de ce massif forestier à la réduction de gaz à effet de serre ». D’où son plaidoyer de lundi dernier à Paris : « Nous devons sauver les forêts du bassin du Congo. Nous devons sauver le deuxième poumon de l’humanité ».

 

Sur la menace de disparition

du lac Tchad

 

L’un des exemples les plus criants des conséquences des changements climatiques en Afrique centrale, c’est l’assèchement du lac Tchad. Les multiples efforts des pays de la Commission du bassin du lac Tchad pour sauver cette étendue d’eau ne bénéficient pas pour l’heure du soutien des bailleurs de fonds. Tandis que les populations riveraines continuent de souffrir et sont parfois transformées en « migrants climatiques ». Intervenant lundi dernier à la tribune onusienne, le président Paul Biya a déclaré que « la désertification qui affecte les pays voisins du lac Tchad nous préoccupe également. Cet immense plan d’eau, absolument indispensable à la vie des populations et à la biodiversité est en voie d’assèchement progressif. Il a déjà perdu 90% de sa surface initiale ». En conséquence, le chef de l’Etat a invité les bailleurs de fonds à sauver ce lac.

 

Sur le financement des initiatives de lutte

contre les changements climatiques

 

Les principales causes des changements climatiques sont connues. Des solutions ont même été esquissées ici et là pour y faire face. Mais ce qui manque le plus pour l’heure, ce sont les financements que les pays du Nord doivent mettre à la disposition de ceux du Sud, notamment pour encourager la gestion écologique des forêts, le reboisement et le développement des énergies renouvelables. Dans la déclaration qu’il a faite le 1er décembre dernier à Paris, le président Paul Biya a noté pour le déplorer que « le plus grand problème (de la lutte contre les changements climatiques) ce sont les financements ». Pour le chef de l’Etat, qui a salué les efforts que font déjà certains partenaires dont la France, la Banque mondiale, la Banque Africaine de Développement,« nous ne sommes pas au bout de nos peines. Il faut aller encore plus loin dans le financement de l’Union africaine ».

Au total, pour Paul Biya la COP21 peut déboucher sur un succès et sauver la planète d’une catastrophe écologique. A condition que les parties prenantes aux assises de Paris fassent preuve de détermination, de courage politique et de sagesse. A condition aussi que les bailleurs de fonds ne perdent pas de vue qu’il y a un lien étroit entre la lutte contre les changements climatiques et la lutte contre la pauvreté.