Monsieur le Président, vous dites que «le Cameroun est notre patrimoine commun, notre bien le plus précieux». Mais permettez-moi de vous poser une question simple : de quel patrimoine parlez-vous ?
De ce pays où les jeunes meurent faute d’emploi, où les hôpitaux manquent de tout, où les routes sont devenues des pièges mortels ?
De ce Cameroun où la parole est surveillée, où la critique est punie, où l’on confond loyauté et soumission ?
Vous appelez à «rejeter les discours de haine», mais vous avez vous-même bâti un système qui nourrit la frustration, la peur et la colère.
Car la haine naît là où la justice meurt.
Et depuis plus de quarante ans, la justice au Cameroun agonise sous le poids des privilèges, des passe-droits et du mépris.
Monsieur le Président, quand vous parlez de moderniser le Cameroun, le peuple se demande : depuis quand la modernité se confond avec l’immobilisme ?
Depuis quand la jeunesse doit attendre un demi-siècle pour qu’on lui cède enfin la place ?
Depuis quand gouverner, c’est s’accrocher au pouvoir au point d’en devenir prisonnier ?
Vous parlez d’unité nationale, mais vos actes divisent.
Vous prônez la paix, mais votre silence face à la souffrance des Camerounais est assourdissant.
Vous dénoncez la haine, mais vous laissez prospérer l’injustice, qui est la pire forme de violence.
Monsieur Biya,
Oui, le Cameroun est notre patrimoine commun.
Mais un patrimoine s’entretient, se partage et se transmet.
Vous, vous l’avez gardé, usé et verrouillé.
Un pays n’est pas une succession, et le pouvoir n’est pas un héritage.
L’histoire finira par trancher, car nul ne peut tromper un peuple éternellement.
Et le Cameroun, malgré les chaînes politiques qui l’étouffent encore, finira par respirer.
Ce jour-là, Monsieur le Président, le vrai patriotisme ne se lira pas dans les hashtags, mais dans la libération d’un peuple fatigué de survivre dans son propre “patrimoine commun”.










