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Opinions of Saturday, 2 September 2017

Auteur: www.camerounweb.com

Crise anglophone: Paul Biya pourrait limoger plusieurs de ses collaborateurs

55 leaders anglophones ont été libérés par Paul Biya 55 leaders anglophones ont été libérés par Paul Biya

Paul Biya devrait sanctionner certains de ces collaborateurs qui ont favorisé l’enlisement de la crise anglophone. C’est l’une des recommandations exprimées par l’ONG « Le Comptoir d'Assistance Judiciaire » à travers un communiqué rendu publique le jeudi dernier.

Cette exigence fait suite à l’ordonnance du Chef de l’Etat Camerounais mettant un terme aux poursuites judiciaires pendantes devant le tribunal militaire de Yaoundé contre certains leaders anglophones le 30 août dernier.

L’Organisation a également exigé « la réparation et l’indemnisation de toutes les victimes de la crise anglophone ».

Ci-dessous l’intégralité du communiqué :


Le Comptoir d'Assistance Judiciaire porte à l'attention de la communauté nationale et internationale, qu’en date du 30 août dernier, une Ordonnance du chef de l’Etat camerounais, Paul Biya, a mis, un terme aux poursuites judiciaires pendantes devant le tribunal militaire de Yaoundé contre l’avocat Nkongho Felix Agbor, l’enseignant des universités Fontem Neba et le magistrat hors hiérarchie Paul Ayah Abine et certaines personnes, injustement incarcérés depuis le déclenchement de la crise dans le Nord-ouest et le Sud-ouest;

Que ladite ordonnance du Chef de l’Etat obéit aux dispositions de l’article 13 (4) de la loi 2017/012 du 12 juillet 2017 portant Code de Justice Militaire ;

Qu’il est constant que depuis novembre 2016, la minorité anglophone – environ 20 % de la population camerounaise – proteste contre ce qu’elle qualifie de marginalisation et d’assimilation à travers les grèves des avocats, des enseignants, qui ont dégénéré en crise socio-politique dans les deux régions anglophones, en exigeant le retour au fédéralisme ;

Que ces revendications légitimes et conformes au droit international dont le Cameroun a librement souscrit, ont conduit à la rude répression du régime de Yaoundé avec, à la clé, plusieurs vies perdues, des milliers de familles éplorées et endeuillées, en plus de la coupure injustifiée de l’accès à Internet durant plus de trois mois;

Que sur la centaine d’anglophones séquestrés ou pris en otage, 55 levés d'écrous ont été identifiés au greffe de la prison centrale de Yaoundé ce 31 août 2017, après plus de 200 jours de captivité, alors que plusieurs dizaines autres compatriotes d’expression anglaise sont encore en souffrance dans les prisons de Kodengui, Buéa, Bamenda et dans les casernes du Secrétariat d’Etat à la Défense, chargé de la gendarmerie, à l’instar du charismatique Mancho Bibixi;

Que les actes d’accusation portés contre les intéressés, sont passibles de peine de mort et concernent la coaction de terrorisme, l’hostilité contre la patrie, la sécession, la révolution, l’insurrection, l’outrage à corps constitués et aux fonctionnaires, l’incitation à la guerre civile et la propagation de fausses nouvelles;

Que dans un Etat de droit qui respecte ses engagements internationaux, avec des dirigeants soucieux du mieux-être de leurs citoyens, un gouvernement fort doit déployer sa puissance, ses prérogatives et sa détermination pour protéger ses administrés et non les retourner contre eux;

Que malgré le fait qu’il soit le tout premier responsable du pourrissement de cette crise, le Président de la République vient de désavouer solennellement ses collaborateurs pyromanes et qui n'ont eu de cesse de clamer dans les médias que la solution à cette crise réside dans la condescendance, le mépris ou le jusqu'auboutisme outrancier ;

Que le recours au dialogue après avoir sacrifié 130 millions Fcfa du pauvre contribuable camerounais dans des missions internationales d’explications
foireuses, suivant la décision N°17/1805/D/MINFI/SG/DGB/SGCCC du 10 août 2017 est une preuve de la navigation à vue qui entoure le régime de Yaoundé.

Eu égard à tout ce qui précède, Mandela Center;

1. Se félicite, sincèrement, de la libération d'un certain nombre de dirigeants de régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest et de l'abandon de toutes les accusations à leur encontre;

2. Réclame, avec fermeté, la libération, sans condition, de tous les « otages », mieux de toutes les personnes détenues dans le cadre de la crise anglophone;

3. Exige , avec une rare insistance, de l’Etat Camerounais, la réparation et l'indemnisation de toutes les victimes de cette crise;

4. Demande, avec patriotisme, au Président de la République de ne plus déléguer la fonction présidentielle aux ministres et collaborateurs dans la résolution de cette crise qui engage l'unité et même l'intégrité de la Nation;

5. Rappelle, avec insistance, aux autorités camerounaises, que dans une crise , politique avec des mesures essentiellement politiques, la décrispation réelle et l'apaisement passent OBLIGATOIREMENT par un dialogue national inclusif, franc et sincère au sujet de la forme de l'État à partir du moment où l’échec de la décentralisation, du fait de l'absence de volonté politique, est consommé ;

6. Demande, avec ténacité, au Chef de l’Etat de sanctionner ses différents collaborateurs et autres hauts fonctionnaires qui, malgré les lois et décrets existants, ont érigé des écueils dans le processus de décentralisation, cause majeure de la crise;

7. Insiste, avec véhémence, auprès les leaders anglophones de renoncer IMMÉDIATEMENT à la surenchère politique pour un souci d’apaisement et de cohésion sociale dans l’optique d’une nouvelle baisse des tensions et à un renforcement du dialogue politique;

8. Demande urgemment aux autorités camerounaises autorités camerounaises à poursuivre leurs efforts pour traiter tous les griefs de la communauté anglophone et promouvoir des mesures de
réconciliation nationale afin de trouver une solution définitive et durable à la crise;

9.Recommande enfin vivement, à tous les défenseurs des droits de l’homme une vigilance accrue dans la pression permanente à travers un plaidoyer international soutenu pour la justice et la démocratie afin de forcer du Président Paul Biya faire bouger les lignes dans notre pays.