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Opinions of Thursday, 23 March 2023

Auteur: Arol Ketch

Comment les ‘membres du parlement’ ont été violemment expulsés des universités camerounaises

L'expulsion a eu lieu après que le jeune étudiant Kamga Djongoué Collins soit brûlé dans sa chambre L'expulsion a eu lieu après que le jeune étudiant Kamga Djongoué Collins soit brûlé dans sa chambre

Le jeune étudiant Kamga Djongoué Collins est brûlé dans sa chambre à la mini cité Le Belvédère. C’était le dimanche 25 avril 1993.

Ses cris de détresse ameutent le voisinage qui vient à son secours et casse la porte de sa chambre afin de lui porter assistance. Le jeune garçon est brûlé au second degré. Le jeune étudiant est conduit à l’hôpital général de Yaoundé puis est évacué à l'hôpital général de Douala. Un voyeurisme médiatique honteux et regrettable a accompagné les derniers jours du jeune étudiant.

Le mercredi 28 avril 1993 à 14h, le jeune étudiant Njongoué Kamga Collins meurt dit-on, des suites de ses blessures à l’hôpital général de Douala. Les circonstances autour de sa mort demeurent non élucidées à ce jour. Avant toute enquête préalable, les autorités universitaires et gouvernementales vont aussitôt accuser le “parlement”, une organisation estudiantine frondeuse que l’on dit proche de l’opposition en cette période de foisonnement politique au Cameroun des débuts des années 90.

Les membres du “parlement” sont immédiatement radiés des universités camerounaises comme si cela suivait un scénario prévu à l’avance. L’empressement avec lequel le gouvernement et les autorités universitaires ont désigné les commanditaires avant même les résultats de l’enquête diligentée a surpris plus d’un. Comme s’il s’agissait du signal attendu pour mettre en exécution un plan ficelé depuis belle lurette.

L’administration soutient alors que c’est parce que Collins Djeugoué a payé ses droits universitaires qu’il a été tué par ses camarades du “parlement”. En effet, le 19 janvier 1993, Titus EDZOA ministre de l’enseignement supérieur annonçait une réforme de l’enseignement supérieur qui faisait passer les droits universitaires à 50.000 Fcfa, immédiatement payables pour l’année académique en cours. Le “parlement” va s’opposer vigoureusement à cette augmentation des droits universitaires.

Des voix s’élèvent pour affirmer que l’assassinat de Kamga Djongoué Collins a été commis pour discréditer le “parlement”. L'autodéfense groupe d’étudiants très proche du gouvernement va à contrario, étonnement garder un silence religieux sur cette affaire.

Cette situation nous rappelle celle de l'étudiant Ndam Souley qui en Avril 1991 a succombé à un incendie criminel qui a dévasté sa chambre d’étudiant. Les autorités vont aussitôt accuser “le parlement estudiantin”. Ce sera donc un prétexte pour militariser le campus universitaire et réduire le champ d’action du “parlement”. Le ministre Titus Edzoa est aux manettes et signe l’exclusion des étudiants.

Les 18 exclus du 28 avril 1993 : Ashu Théodore, Noula Jules, Kamga Hilaire, Pagop Sinclair, Djoudiou II Guy Maxim, Bekai Bolka Georges, Djadjou Jean Baptiste, Mpallo Joseph, Nanfack Oaul, Meupock Honoré, Ndiffo Njaje Serge, Tchoujang Jules, Djoufack Lucien, Nekam André, Nkeu Prosper, Tchoutezo Pierren Ndi Rodolph.

Les 17 exclus de 3 juin 1993 : Jean Bosco Tagne ; Corentin Talla, alias général Schwarzkopf ; Robert Waffo Wanto, alias Colin Powell ; Tédonzong Tchoutedzo ; Henri Claude Fofele ; Charles Nyam ; Nestor Noah, alias Samba ; Guillaume Tene K. Sop, alias Tarek Aziz ; Jean-Claude Um Mahop, alias Um Nyobé ; Appolinaire Leukeuneu ; Ange Tekam Guiadem; Fadimatou Nene, alias Winnie ; Théophile Ngantchouko Foussom, alias Malcom X ; Aaron Paul Ngomo, alias Fanon ; Alain Edgar Essomba Itolo ; Robert François Gildas Nkeck ; Claude Roger Youdom, alias Nasser.

Qui a tué Kamga Djongoué Collins ? Que s’est-il réellement passé ce jour-là ?

Je reviens sur cette affaire dans : “Rivière de sang : Enquêtes sur les morts non élucidées qui ont marqué le Cameroun”