La mission de la confédération africaine de football (CAF) est au Cameroun depuis le 11 janvier dernier. Elle est même sur le point d’achever sa visite au pays de Théophile Abéga. Toute la frénésie suscitée avant l’arrivée des experts est donc retombée. Mieux il n’y a pas eu mort d’homme. Beaucoup d’observateurs qui prédisaient une phase décisive dans la confirmation ou l’infirmation de la capacité du Cameroun à abriter la compétition continentale de 2019 sont restés sur leur faim. Eux qui mettaient en garde contre toutes fausses notes se sentent, au crépuscule de l’inspection, déçus.
Déçus car ils ont tiré très tôt et peut être même trop tôt, la sonnette d’alarme vingt quatre heures seulement après l’arrivée de la délégation pilotée par l’égyptien Ismail Wally, les plus intransigeants dénotant et dénonçant, avec tambours et trompettes, l’accueil un peu trop pantagruélique réservé à l’équipe mandatée par la CAF. Une scénarisation qui dissimulait mal la volonté sibylline d’influencer ou du moins de tempérer les ardeurs des experts. Et c’est abondant dans ce sens que l’Etat, aphone depuis plusieurs mois, a subitement épongé une partie de sa dette envers HYASACAM à l’effet de débarrasser les villes d’odeurs pestilentielles, le temps du séjour de la CAF.
Autrement les autorités camerounaises, bien conscientes de la vitesse minimale dans l’exécution et l’avancement des travaux, ont misé sur l’éthos de leurs hôtes. En leur offrant une hospitalité légendaire dont l’opportunité échappe difficilement à une sérieuse remise en question, le COCAN ainsi que le gouvernement tout entier à sa manière ont mis la pression sur leurs convives. Comment peut-on être demeuré lucide, objectif, raisonnable vis-à-vis des gens qui vous ont offert à manger, à boire, et tout ceci à foison, bref qui se sont pliés en mille pour vous faire plaisir ? Non, ce n’est pas évident et il serait cynique de ne pas le reconnaître tout comme il est inutile de convoquer l’argument du professionnalisme.
Mais pourquoi tout ce cinéma, cette tension, cette frénésie, ce ramdam autour de l’organisation de la CAN 2019 ? Simplement parce que le Cameroun a perdu son essuie glace ; L’homme qui lui garantissait une quiétude même disproportionnée dans la préparation de cet événement continental : Issa Hayatou. La déchéance de ce patriarche n’a ipso facto d’égale que la fureur de son successeur Ahmad Ahmad à l’égard du Cameroun. En clair les sorties du natif de Madagascar visaient à attirer l’attention du pays sur ce qu’il n’avait désormais plus de parapluie à la CAF et par conséquent devait se mouiller comme jamais.
Le Cameroun devait d’autant plus redoubler d’ardeur au travail que les données initiales avaient changé. La CAN prévue initialement pour se disputer à 16 était passée à 24 équipes avec une incidente logique sur le nombre de stades (y compris d’entrainement) et d’infrastructures hôtelières.
Et comme les mentalités camerounaises sont conditionnées et arrimées à la logique de la dernière minute, les lignes n’ont pas beaucoup bougés. Morceaux choisis : à Douala capitale économique du Cameroun, excepté le stade Omnisports de Japoma qui affiche un progrès notable, les stades Mbappè Leppé, Bonamoussadi et Omnisports présentent un visage guère encourageant. A contrario, les infrastructures hôtelières, quant à elles, sont sur la bonne voie.
Au demeurant l’enjeu a certainement dépassé le jeu car il ne s’agit que de la première visite d’inspection (il y’en aura d’autres). Une prise de contact qui vise à s’assurer que le Cameroun a bien intégré les nouveaux paramètres liés à la nouvelle donne pour ne pas dire consécutifs au nouveau cahier de charge de l’ère Ahmad Ahmad. De ce point de vue, les prochaines visites de la CAF seront plus incisives. Aussi, il convient de garder à l’esprit la force percutante de la diplomatie camerounaise qui bénéficie du coffre et des tentacules d’un Samuel Eto’o dont la proximité avec le Président de la CAF et le monde du football sont on ne peut plus avérée. En effet l’entrée en scène du goléador camerounais dans les négociations pour l’organisation de la CAN 2019 par le Cameroun constitue un atout inestimable et indéniable.