Sports Features of Friday, 19 May 2017

Source: camfoot.com

Christian Bassogog: une histoire de Kung-Fu

À moins de 5 semaines de la coupe de la confédération Russie 2017, la forme du meilleur joueur camerounais de la dernière CAN laisse clairement à désirer... Il est vrai qu’il a été transféré il y a seulement quelques mois et qu’il faut lui laisser le temps de s’adapter à son nouvel environnement, au nouveau style de jeu et au championnat chinois.

Mais les échéances n’attendent pas et après la coupe de la confédération, Le Cameroun va livrer deux gros matches qui vont sûrement définir notre sort pour la Coupe du monde de l’année prochaine.

Ce sera contre le leader de notre groupe, le Nigéria. Ce petit papier est une sorte de ’PEP Talk’ pour Bassogog afin qu’il ne baisse pas les bras et continue de bosser très fort !

Jouer en chine n’est pas synonyme d’exil malgré tout ce que les journalistes européens peuvent en dire. Bien sûr qu’ils veulent que tout le monde se bouscule dans les clubs de leur pays puisque c’est de la couverture qu’ils “beurent leur pain”. Quant à moi, la position du championnat chinois aujourd’hui ressemble à celle des clubs de Chelsea et Manchester City au début des années 2000. Rachetés par des milliardaires, ces deux clubs vont se rivaliser à l’achat de joueurs à prix exorbitants : Robinho, Essien, Drogba, Elano, Kompany, Anelka et bien d’autres vont se retrouver dans ces clubs qui aspirent au status de ’grands d’Europe’. Quelques années et quelques titres plus tard, on les a installé au même rang que Barcelone, Real Madrid, Juventus, Bayern de Munich... des clubs de légende et des clubs qui ont du vécu. Ils ont en fait acquis leur notoriété en dépensant de grosses sommes d’argent. Aujourd’hui, quand les clubs chinois font la même chose, on les qualifie d’Eldorado pour les joueurs mercenaires...

Laissez-moi vous rappeler que les joueurs de foot sont des professionnels qui doivent gagner leur vie et nourrir leur famille en jouant au foot et qui prendront leur retraite à 35 ans environ pour les chanceux. Il n’y a rien de honteux à vendre son talent au plus offrant,et maximiser ainsi ses chances de s’assurer une retraite paisible. Quand Asamoah Gyan a quitté Sunderland pour l’Arabie Saoudite, il a dit, et je paraphrase : “Je dois m’occuper d’une grande famille … vous faites comme si j’allais voler de l’argent... Toute personne doit assurer ses arrières et ne dit-on pas que la fin justifie les moyens ?”

Revenons un peu sur l’aspect sportif, voulez-vous ? Durant la coupe du monde 2014 au brésil, j’ai écrit un papier sur l’esprit Paulinho, ce joueur brésilien qui évoluait à Tottenham en Angleterre et se disait sûrement avoir gagner le jackpot avec ce transfert de Corinthians vers le nord de Londres. Juste après cette coupe du monde, de retour chez les Spurs, il va rentrer dans un ’frigo’ qui deviendra vite un ’congelateur’, puisque les minutes sur le terrain se faisaient rares et il se retrouvait à jouer les matches de coupe de la ligue anglaise quand les titulaires en championnat étaient mis au repos. Il est quand même champion du Brésil, vainqueur de la Copa Libertadores et champion du monde des clubs (en battant Chelsea en finale) et demi finaliste de la coupe du monde … En plus il a levé ces trophées en tant que capitaine des Corinthians.

À la recherche de temps de jeu sans compromettre ses finances, il s’envole vers la chine en 2015 dans le club Guangzhou Evergrande, entraîné par Luiz Filipe Scolari. En chine il va retrouver les terrains et la joie de jouer au foot. Il va être rappelé en Selecao, suite au changement de coach qui a vu l’arrivée de Tite à la tête des ’Auriverde’. Tite était son coach à Corinthians :). Depuis son retour, le Brésil n’a perdu aucun match. Ils ont battu au passage l’Argentine et l’Équateur à Quito (2800m d’altitude) et surtout, il a inscrit un magnifique hat-trick lors de la victoire contre l’Uruguay à Asuncao en Mars dernier. Cette victoire a largement contribué à faire du Brésil le premier pays qualifié pour le mondial 2018 après la Russie, le pays organisateur.

Avec Renato Augusto, le cœur de l’entrejeu des ’Pentacampeones’ évolue en Chine. Ces deux joueurs portent haut l’étendard de la Chinese Super League. Et avec les transferts d’Axel Witsel, Graziano Pelle, Oscar et autres Ezequiel Lavezzi et Burak Yilmaz, la tendance ne fera que continuer au grand dam des clubs européens.

Donc Christian, continue de travailler ! À 21 ans, tu as de l’avenir et dis-toi bien que le seul langage que tout le monde comprend est celui de bonnes performances sur le terrain et ce, peu importe le lieu : que ce soit au Camer, au Danemark, au Gabon ou encore en Chine, tes prouesses sur le terrain te mèneront aussi loin que tu le voudras.