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Opinions of Lundi, 23 Octobre 2017

Auteur: http://www.camerounlink.com/

Ce que vous devez savoir avant les élections de 2018

Plusieurs membres du RDPC ont appelé Paul Biya à se porter candidat. Plusieurs membres du RDPC ont appelé Paul Biya à se porter candidat.

Le Cameroun compte 305 partis politiques au mois de Juin 2017. La plupart de ces partis, créés au lendemain du retour au mul- tipartisme en décembre 1990, ne sont pas véritablement actifs dans le paysage politique national. Pourquoi ?

Depuis 1966, le système politique en vigueur au Cameroun est celui du parti unique. En 1987, les prémices du retour au pluralisme politique se font ressentir avec l’ouverture du RDPC qui, décide d’appliquer en son sein le principe des candidatures multiples à l’occasion des élections municipales. En 1988, l’expérience sera renouvelée avec les élections législatives où pour la première fois, le parti unique présente 324 candidats différents pour 180 sièges à pourvoir.

En 1990, le pays sera marqué par une série de revendications populaires dont le fil d’ordre est la démocratie et la liberté. C’est ainsi qu’une série de projets de lois sur les libertés d’expression et d’association sera déposée sur la table de l’Assemblée

Nationale. Après délibérations et amendements, il en sortira ce que l’on a appelé les « Lois sur les libertés». Dès lors, le Cameroun renoue officiellement avec le multipartisme en décembre 1990 après la promulgation de ces textes par le Chef de l’Etat.

Dès Février 1991, les premiers partis politiques sont légalisés. 26 ans après, l’on enregistre près de 305 partis politiques légalisés au Cameroun. De toutes ces formations politiques, seulement sept sont présentes à l’Assemblée Nationale. Depuis 1992, seuls neuf partis politiques ont eu accès à l’hémicycle. Il s’agit du RDPC, du SDF, de l’UNDP, de l’UPC, de l’UDC, du MRD, du MLJC, du MP et du MRC.

Coté Sénat, sept formations politiques siègées actuellement au sein de l’auguste chambre. Il s’agit du RDPC, du SDF, de l’UNDP, du MRD, de l’ANDP, du FSNC et de l’UDC qui occupe un siège de Sénateur suppléant.

Pour ce qui est de l’élection présidentielle de 2011, 23 formations politiques ont été enregistrée contre 16 en 2004.

Parmi ces 23 formations, seules 5 ont obtenu un score supérieur à 1%. Toutes choses qui concourent à s’interroger sur la popularité, l’efficacité et la représentativité de ces formations politiques.

Pourquoi ne pas adopter la stratégie des grands pôles politiques qui offrent, comme on le voit dans les pays européens et américains, plus de représentativité et plus d’attractivité de la part des électeurs? A quoi ça sert d’avoir 305 partis politiques légalisés et qui sur le terrain n’ont pour preuves d’existence que la copie de la décision de création délivrée par le Minatd ? L’Etat ne devrait–il pas renforcer les procédures de création des partis politiques afin de permettre que le jeu démocratique soit plus sérieux et plus attractif?

Medias et politique

Les médias africains sont, une vingtaine d’années, les principaux témoins du déroulement des scrutins électoraux qui ont marqué le retour du multipartisme et des libertés politiques. Depuis 1990, les médias ont permis l’instauration d’un nouvel espace public de débat, au sein duquel la critique des pouvoirs en place, la dénonciation des abus et les confrontations d’idées trouvent à s’exprimer.

En période électorale, les médias sont devenus des plates-formes permettant aux candidats et aux partis politiques, désormais diversifiés, de faire connaître leurs positions et leurs programmes. Ils jouent également un rôle d’éducation des électeurs, dont l’expérience du vote s’est longtemps limitée à des simulacres d’élections aux résultats connus d’avance. Les médias Camerounais qui pour certains, bénéficient des subventions annuelles de l’Etat sont considérés comme des vecteurs d’information et un moyen d’éducation de l’auditoire en période électorale.

Ils sont de l’avis des autorités, des acteurs importants dans le processus électoral et démocratique, d’autant plus qu’une élection libre et transparente ne se mesure pas seulement à un vote effectué dans de bonnes conditions. Elle se juge également au fait pour les électeurs d’accéder à l’information exacte sur les partis politiques, les politiques, les candidats et le processus électoral afin de faire un choix avisé.

Au-delà de la diversité des codes d’éthique journalistique, la couverture médiatique des élections doit se plier à des constantes telles que les principes de véracité, d’exactitude,

d’objectivité, d’impartialité, d’équité et du devoir de répondre des informations rendues publiques. A ce sujet, dans l’énorme majorité des pays africains, la capacité des médias publics et privés à jouer effectivement leur rôle dans le processus électoral a été mise en question ces dernières années.

A côté de la vigilance médiatique de plus en plus accrue dans notre paysage électorale, force est de reconnaitre la véritable enjambée des réseaux sociaux dans le traitement pré et postélectorale. L’influence de cet outil dans le suivi des campagnes électorales est de plus en plus prise en considération par les Hommes politiques. Les réseaux sociaux viennent donc résoudre en partie la question du monopole ou de l’utilisation abusive des organes publics, notamment les télévisions nationales, par le parti dit au pouvoir.

Le financement des partis politiques en question

Depuis décembre 2000, des dispositions légales encadrent le financement des partis politiques. Au Cameroun, chaque année, dans le cadre de la loi de finances, l’Etat prévoit une subvention destinée au financement des partis politiques.

L’Etat paie pour les campagnes électorales dispositions de l’article 276 de la loi n°2012/001 du 19 avril 2012 portant Code Electoral, modifiée et complétée, en son alinéa 1,indiquque «le financement public concerne aussi bien les dépenses couvrant les activités permanentes des partis politiques que celles consacrées à l’organisation des campagnes électorales et référendaires.»

Activités permanentes

Comme relevé plus haut, les partis politiques camerounais survivent grâce à la subvention de l’Etat. Pour chaque exercice budgétaire, une enveloppe de 1,5 milliard de FCFA est réservée pour le fonctionnement des administrations des formations politiques. Les frais reçus permettent généralement à ces formations d’effectuer des opérations de paiement de loyers, de règlement des factures courantes (eau, électricité, téléphone ...), de paiement des salaires du personnel etc.... D’ailleurs, il est clairement indiqué que cette subvention est servie par l’Etat pour concourir au fonctionnement courant des administrations des partis bénéficiaires, à la diffusion de son programme politique et à la coordination de l’action politique de ses membres.

A l’observation, le financement des partis politiques est encore laborieux pour nombre de leaders politiques. Malgré le coup de pouce de l’Etat, les « petits partis» ont, par exemple, encore des difficultés à soutenir les activités de leurs militants avant et pendant les scrutins.

La cagnotte de chaque parti politique est fonction de son niveau de la participation aux élections municipales, législatives, sénatoriales et présidentielle. La répartition s’effectue au prorata des résultats obtenus. Ainsi, jusqu’en 2014, seuls les partis politiques représentés à l’Assemblée Nationale et ceux ayant obtenu au moins 5% des suffrages lors des dernières élections législatives étaient éligibles. Actuellement, la grille des répartitions de l’enveloppe prend également en compte les partis politiques représentés au Sénat et ceux ayant obtenu des sièges de Conseillers Municipaux lors des dernières élections, conformément à l’article 286 de la loi portant Code Electoral en son alinéa 1.

Les fonds débloqués par l’Etat du Cameroun chaque année à destination des formations politiques sont identifiés comme étant des fonds publics. A ce titre, ils sont soumis aux différentes procédures de contrôle visant à vérifier sur pièces que l’utilisation, par les partis politiques ou les candidats, des fonds à eux alloués est conforme à l’objet visé par la présente loi.

La Loi n° 2000/015 du 19 Décembre 2000 relative au financement des partis politiques et des campagnes électorales en son article 9 stipule que : « l’Etat participe au financement des campagnes électorales par la prise en charge de certaines dépenses des partis politiques à l’occasion des consultations électorales. » Ces dépenses inscrites dans la loi de finances de l’année de l’organisation de la consultation électorale. Le financement des campagnes électorales prend en compte les dépenses relatives à la confection, l’édition et l’impression des circulaires, des professions de foi et des affiches. Elles peuvent également couvrir les frais résultant de l’organisation des meetings électoraux et les moyens logistiques.

Les fonds publics destinés au financement des campagnes électorales sont répartis en deux (02) tranches d’égal montant aux partis politiques qui participent aux élections. Une première tranche est allouée aux partis ayant participé à la dernière élection législative, proportionnellement au nombre de sièges obtenus. Une deuxième tranche est servie à tous les partis politiques au prorata des listes présentées et validées dans les différentes circonscriptions électorales.

L’auto-financement !

En plus de la subvention de l’Etat, les sources de financements autorisées tel que consigné dans la plupart des statuts des partis politiques légalisés sont celles issues des cotisations des membres, de la vente des cartes, des contributions des militants selon que l’on est membre du Gouvernement, Directeur Général, Députés, Maire, membre du Comité Central, du bureau Directeur, des dons et des legs.

Le financement des formations politiques par des organisations et des puissances étrangères et/ou d’Etats étrangers est totalement interdit par la loi camerounaise. Cependant, combien sont-ils aujourd’hui, ces partis politiques qui peuvent se vanter d’avoir des sources de financement propres?

Elections parlementaires, municipales et régionales A quand les candidatures indépendantes?

En dehors de l’ élection présidentielle, les candidatures indépendantes ne sont pas admises pour les autres scrutins. A quand la libéralisation ?

Conformément à l’article 53 de la loi n° 97-020 du 9 Septembre 1997 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi N° 92-010 du 17 septembre 1992 fixant les conditions d’élection et de suppléance à la Présidence de la République, les candidats peuvent être : (1) Soit investis par un parti politique; (2) Soit indépendants, à condition d’être présentés comme candidat à la Présidence par au moins trois cents (300) personnalités originaires de toutes les Provinces, à raison de trente (30) par province et possédant la qualité soit de membre de l’Assemblée Nationale ou d’une Chambre consulaire, soit de Conseiller Municipal, soit de chef traditionnel de premier degré. A noter qu’une même personnalité ne peut apposer qu’une seule signature et pour un seul candidat. Bien que présentant des insuffisances tel que la qualité du parrainage qu’il faudra certainement corriger, cette prescription offre néanmoins la possibilité à un candidat indépendant de se présenter à une élection présidentielle.

Si cette disposition est valable au Cameroun pour une élection présidentielle, elle ne l’est pas en revanche pour d’autres types d’élection notamment les élections sénatoriales, législatives et municipales. Les lois électorales (La Loi n° 2006/006 du 14 juillet 2006 fixant les conditions d’élection des Sénateurs,la Loi N°91-20 du 16 décembre 1991 fixant les conditions d’ élection des Députés à l’ Assemblée Nationale, modifiée et complétée par la loi N°97- 13 du 19 mars 1997 et par celle N°2006/009 du 29 décembre 2006;la Loi N° 92 -002 du 14 Août 1992, Fixant les conditions d’élection des conseillers municipaux, modifiée et complétée par la loi N° 2006/010 du 29 décembre 2006) ne font simplement pas mention des candidatures indépendantes.

La nécessité des candidatures indépendantes

A chaque veille d’une échéance électorale importante au Cameroun, le débat sur les candidatures indépendantes semble refaire surface. Pourtant, au cours de son évolution, le système politique camerounais a connu la participation de plusieurs candidats indépendants. C’est le cas des élections à l’Assemblée Représentative du Cameroun (Arcam) en 1946, à l’élection de l’Assemblée Territoriale du Cameroun (ATCAM) en 1952 et en 1956, aux élections législatives du mois d’Avril 1960 ou trois candidats indépendant accèdent à l’Assemblée Nationale, et aux élections représentatives de 1964 largement remportées par l’Union Camerounaise qui obtient 40 des 50 sièges.

Depuis 1991, aucune candidature indépendante n’a plus été enregistrée au cours des élections législatives au Cameroun,et même municipales et présidentielle. Pour les deux premières échéances, le flou entretenu par les différentes lois électorales demeure pour bon nombre d’observateurs la principale cause. Pourtant, l’existence des candidatures indépendantes pourraient permettre de résoudre le problème de crédibilité des partis politiques qui de plus en plus apparaissent comme étant des monarchies exclusivement réservées aux gérontocrates. Elle pourrait aussi permettre de voir émerger les membres d’une société civile dynamique qui parfois se retrouve embrigadé par les idéaux du parti politique pour lequel il est obligé d’adhérer pour
se faire élire.

Le numérique revolutionne les élections...

Les nounelles technologies de l’information et de la communication n’ont pas encore fini de faire entrer les sociétés africaines dans cette ère nouvelle de l’information et voilà qu’elles contribuent déjà à changer leurs relations avec la politique. Les « révolutions » qui ont secoué le monde arabe au printemps 2011 ont été révélatrices de cette relation qu’entretient désormais le militant africain engagé dans la lutte pour son bien- être, la démocratie et le respect de ses droits. Autant il est évident que l’impact des TIC dans ces changements est à relativiser, autant il est clair que les élites africaines représentées dans les partis politiques, organisations de la société civile et mouvements citoyens, sont de plus en plus imbues d’une volonté de s’exprimer à travers des outils technologiques.

Depuis 2008 et l’élection de Barack Obama, les politiques ont compris l’importance d’une stratégie digitale structurée à des fins électoralistes. A l’heure où démarre la course à la présidentielle de 2018, penchons-nous sur les stratégies digitales des candidats. En effet, le numérique prend une place de plus en plus importante dans les différentes campagnes électorales.

Les politiques commencent à comprendre l’intérêt du numérique pour la réussite de leur campagne. En France la majorité des candidats aux primaires comme à l’Election présidentielle de 2017 se sont armés d’équipes digitales et d’outils numériques de gestion de campagne. L’utilisation de logiciels et d’agences de communication dédiées n’est pas nouvelle mais tend à se généraliser à l’ensemble des candidats.

Les hommes politiques américains utilisent un CMS-CRM de campagne. Il s’agit de l’outil Nation Builder créé en 2009 à Los Angeles par Jim Gilliam, un Entrepreneur du Web. Cet outil multifonction permet de construire une campagne online et d’en voir les effets offlines. Ce logiciel a plusieurs atouts : il met en place un site web de campagne avec tous les outils pour constituer une communauté de sympathisants ainsi qu’une base de données de militants afin d’interagir et créer de l’émulation autour de la campagne. Cet outil permet également de faciliter les actes de donation, essentiels pour financer les campagnes. Grâce aux données récoltées on peut ainsi qualifier les contacts avec les informations qu’ils transmettent volontairement ou qui sont disponibles publiquement, construire un site Web, envoyer des mails, des SMS et des messages sur les réseaux sociaux.

Au Sénégal, à l’occasion de l’élection présidentielle 2012 âprement disputée et médiatisée, les partis politiques ont investi en termes de création de site web, de présences dans les réseaux sociaux pensant toucher le maximum de citoyens possibles par la création d’une certaine interactivité numérique.

Au Cameroun, en plus de la biométrie qui tend à s’étendre dans les secteurs éducatifs et ceux de l’identification, certains innovateurs semblent éprouver le besoin de proposer des solutions numériques pour la bonne tenue des élections. C’est le cas de Cap 18, une initiative de jeunes qui vise à insérer le numérique dans le processus de traitement et de publication des résultats des scrutins. En optant pour cette technique, le Cameroun succèdera au Sénégal, au Kenya, au Ghana, à la Côte d’Ivoire, au Nigéria, à la RD Congo, au Burkina et à l’Egypte. Cette nouvelle technique qui prône la participation active des individus et du public dans la gestion de la « chose publique » via le nouveau média n’annonce-t-elle pas la mort des techniques de campagnes électorales
traditionnelles ?