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Opinions of Mardi, 5 Octobre 2021

Auteur: www.camerounweb.com

Cameroun : Cabral Libii charge les diplômés improductifs du pays

Le président du PCRN, Cabral Libii profite de la célébration de la journée du 05 octobre 2021, pour analyser le système éducatif camerounais qui selon lui fabrique de grands diplômés qui ne peuvent rien produire. Pour le député, il ne sert à rien d’avoir de grands diplômes dans un environnent où on importe encore de la banane.

En réitérant tout ce que nous avons dit par le passé au sujet de la place de l’enseignant au Cameroun, nous choisissons ce 5 octobre 2021 d’aller plus loin et de faire une réflexion sur le système dans lequel il doit trouver sa place.

L’éducation est la clé de voûte de construction d’un Etat. Il s’agit de l’instrument de profilage de la ressource humaine. Aussi, ouvrant les travaux du 2ème Conseil de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique le 20 octobre 1982, le Président Ahmadou AHIDJO affirmait-il : « Nous sommes en définitive convaincus que les actions multiformes menées en faveur de la formation et de la recherche trouvent leur justification dans notre volonté ardente de toujours assumer et consolider notre indépendance, notre auto-suffisance. Car, pour promouvoir un développement authentique, c’est-à-dire endogène et auto-centré, il importe que notre pays compte d’abord sur lui-même ».

Nous souscrivons volontiers à cette approche.

Toutefois, un pays ne peut compter sur lui-même que si ses nationaux sont en mesure de lui produire ce dont il a besoin. Il faut donc une éducation qui permet d’acquérir le savoir-faire. Car, sans exception, tous les pays qui émergent sur la planète Terre, présentent la particularité de détenir le savoir-faire. Ce qui est la conséquence logique d’un modèle éducatif qui apprend à inventer, à créer, à innover, à trouver des solutions ou des réponses pratiques et adéquates aux besoins et attentes de la société. Une éducation qui apprend à produire ce qu’on consomme. Une éducation qui donne des connaissances qui permettent d’exercer un métier, de créer de la richesse.

A quoi sert-il pour une multitude, de faire de longues études, pour finalement attendre de passer éventuellement un concours qui lui, offrira la possibilité d’apprendre un métier ? L’approche éducative de stockage des connaissances impropres à la transformation de la société, est inutile à grande échelle. Elle génère de nombreux diplômés qui ne servent qu’à exhiber leurs impressionnants parchemins dans un environnement où on importe même des choses banales.

L’idée reçue postcoloniale selon laquelle les apprenants les plus brillants devaient faire des études générales tandis que les moins brillants devaient faire des études techniques, a si durablement plombé notre système éducatif à un point qu’en 2021 encore, la seule possibilité qui est donnée aux bacheliers de l’enseignement technique de faire des études supérieures et d’ingénierie dans les institutions publiques, est de passer un concours (Polytechnique, Ecole des travaux publics, Faculté de Génie mécanique, IUT etc.). En revanche, tous les bacheliers de l’enseignement général accèdent automatiquement dans des dizaines de filières réparties dans huit Universités d’Etat qui déversent « dans la rue » années après années, d’innombrables « savants » bon à rien pour la plupart, contraints de se recycler pour intégrer le marché productif.

L’accès à l’apprentissage de la médecine, de l’enseignement, de l’ingénierie ou des métiers du droit est si sélectif que ces quatre secteurs si cruciaux dans la société sont complètement impotents. Les limites évidentes d’un tel système sont pourtant données au quotidien par des pays comme l’Afrique du Sud, Cuba, l’Inde ou le Japon. Le système éducatif camerounais nécessite urgemment une refonte.

En attendant, bonne célébration de la Journée Mondiale des enseignants, à tous les enseignants.