Opinions of Wednesday, 22 October 2025
Auteur: www.camerounweb.com
Dans un contexte post-électoral déjà sensible, Jeune Afrique a choisi la voie la plus facile : celle de la rumeur. Son dernier article, prétendant que le président Paul Biya aurait proposé à Issa Tchiroma Bakary le poste de Premier ministre, relève moins du journalisme que du sensationnalisme pur. Loin d’informer, ce papier construit un récit imaginaire, destiné à semer le doute, à créer la discorde et, surtout, à faire grimper les clics.
D’abord, aucune source crédible ne vient étayer les allégations avancées. Ni communiqué officiel, ni confirmation institutionnelle, ni preuve matérielle. Tout repose sur des “confidences anonymes”, une pratique devenue le refuge commode de ceux qui veulent publier sans assumer. Or, lorsque la presse choisit la rumeur comme source principale, elle abdique sa mission première : celle d’éclairer, et non d’enflammer.
Ensuite, le contexte politique rend cette manipulation encore plus pernicieuse. L’article cherche à installer dans l’opinion l’idée d’une négociation secrète entre Yaoundé et Garoua. En d’autres termes, il voudrait faire croire que le pouvoir tendrait la main à un opposant autoproclamé vainqueur, et que ce dernier, « par patriotisme », aurait refusé un poste de Premier ministre. Ce scénario cousu de fil blanc ne vise qu’un objectif : accréditer la thèse d’une légitimité volée, tout en flattant le camp Tchiroma dans son illusion de victoire.
De plus, l’arrière-plan de cette publication ne trompe personne. Ce papier n’est pas une enquête ; c’est une commande. Tout indique que ce sont des proches de M. Tchiroma qui ont soufflé ces fables à la rédaction parisienne, dans l’espoir de raviver la flamme d’un électorat déjà désabusé. En feignant une confrontation directe avec le président Biya, ils espèrent redorer une image ternie et se présenter comme des martyrs de la “vérité des urnes”. Rien n’est plus faux, ni plus dangereux.
Mais au-delà du mensonge, l’intention politique de Jeune Afrique est limpide : dresser les communautés les unes contre les autres. En insinuant qu’un poste constitutionnel majeur la primature pourrait passer du Nord-Ouest ou du Sud-Ouest au Septentrion, le journal souffle sur des braises régionales qu’il ne comprend pas. Ce jeu irresponsable, qui manipule la sensibilité anglophone, met directement en danger la cohésion nationale.
Enfin, il faut rappeler que le poste de Premier ministre n’a jamais été un objet de marchandage, mais une fonction républicaine relevant de l’exclusivité du Chef de l’État. Prétendre le contraire, c’est insulter la Constitution et travestir la réalité institutionnelle du Cameroun. Le septentrion, qui compte déjà le Président de l’Assemblée nationale, n’a jamais revendiqué la primature, et encore moins dans un contexte aussi tendu.
À la vérité, Jeune Afrique n’informe plus : il fabrique. Jadis respecté pour ses enquêtes fouillées et son ton équilibré, le magazine s’est progressivement mué en machine à clics, contrainte de produire du faux pour exister dans la jungle numérique. Ses rédacteurs ne cherchent plus la vérité, mais la polémique. Ils surfent sur les fractures africaines, puis se parent de la vertu du journalisme.
Or, dans un pays comme le Cameroun, la manipulation médiatique n’est pas un jeu. Elle attise les passions, divise les citoyens et mine la confiance envers les institutions. C’est pourquoi il importe de dénoncer fermement ces dérives et d’appeler à un sursaut éthique dans la presse africaine.
L’information n’est pas un jouet. Elle est un devoir.
Et quand elle devient une arme, il faut nommer ceux qui la manient : aujourd’hui, Jeune Afrique.