Opinions of Friday, 7 November 2025
Auteur: Jean Pierre du pont
Il est des hommes dont la témérité confine à l’inconscience. Bruno Bidjang en offre, ces jours-ci, une illustration presque caricaturale. Devenu, sans titre officiel mais avec les avantages afférents, le nouveau ministre de la Communication du régime, il s’improvise désormais commentateur en géopolitique, sans la moindre préparation intellectuelle ni conscience du poids de ses mots.
Or, avant de s’aventurer sur ce terrain, le personnage ferait bien de méditer sur le sort de Moussa Traoré, d’Hissène Habré ou d’Ahmed Abdallah des Comores: autant de dirigeants jadis adulés par Paris avant d’être brutalement lâchés par leurs parrains. À l’Élysée, même affaibli, le maître des lieux sait encore manier l’art du rappel à l’ordre, et l’ingratitude y passe rarement pour une vertu.
Bruno Bidjang, lui, n’a manifestement pas retenu la leçon de l’histoire. Trop jeune lors de la conférence de La Baule où Paul Biya se proclamait « meilleur élève de Mitterrand » en matière de démocratie tropicale, il semble ignorer que les laquais de la Françafrique finissent toujours sacrifiés lorsqu’ils deviennent encombrants.
Entre ses acrobaties médiatiques au service du chef, ses envolées dithyrambiques à bord de l’avion du Zomloa et ses allers-retours à Kondengui, le zélé communicateur n’a guère trouvé le temps de s’imprégner de ces réalités.
En voulant anticiper les désirs de son mentor, il commet la pire des erreurs : il parle trop, trop tôt et trop fort.
Dans un contexte postélectoral sous haute tension, lâcher de telles déclarations revient à allumer une mèche dans un baril de poudre. Loin de servir le régime, ce zèle maladroit en accélère peut-être le crépuscule. Car à l'Élysée où on conserve toujours une capacité de nuisance redoutable, ce genre d’insolence y est perçu comme une véritable apostasie politique.
Jouer les panafricanistes de circonstance, sans culture politique ni sens de la mesure, n’est pas un acte de courage, mais une farce dangereuse. Et à force de se croire indispensable, Bruno Bidjang pourrait bien devenir, pour son propre camp, le symbole de ce que le pouvoir produit de plus nocif: la confusion entre la loyauté et la servitude aveugle.