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Opinions of Monday, 31 July 2017

Auteur: Dr Modestine Carole Tchatchouang Yonzou

Au Cameroun, tout le monde est Président ou DG

Le président camerounais, Paul Biya Le président camerounais, Paul Biya

Au Cameroun, tout le monde est Président ou Directeur Général. N’allez surtout pas demander de quoi, car personne (y compris eux-mêmes) ne sait. La plupart du temps, ce sont des gens qui n’ont jamais occupé une fonction de leur vie. Certains sont même des chômeurs attitrés… mais ça fait quoi, on est quand même PDG.

Au Cameroun, tout le monde est savant. La spécificité du Camerounais c’est justement de ne jamais reconnaître que quelqu’un d’autre est plus compétent que lui. « Aka, vous dites qu’il a le doctorat… Le doctorat… le doctorat de mes couilles… ! « Pardon allez là-bas avec les bêtises. Mon neveu a dix doctorats et il est pousseur au marché Mbopi. Tu crois que moi-même je suis assis ici depuis le matin en train de boire l’Odontol parce que je n’ai pas fréquenté ? Mon ami, si on va chez moi, je vais te montrer tous les doctorats que tu veux…tu vas voir les diplômes jusqu’à tu vas fuir… ».

En effet, si vous allez chez lui, vous allez fuir, mais certainement pas à cause des diplômes, mais des cafards et des souris qui y ont élu domicile depuis des lustres pendant qu’il est occupé à se souler. N’allez aussi surtout pas lui dire que le doctorat c’est quand même le diplôme le plus élevé au monde et que sur plus de 25.000.000 d’habitants, le Cameroun compte moins de 10.000 docteurs dans tous les domaines confondus.

Au Cameroun, tous ceux qui ont l’argent sont des sorciers. « Mon frère, moi-même ci que tu vois là, je suis pauvre parce que j’avais refusé de vendre mon père et ma mère…Mon frère, pour devenir riche ici dehors, il faut soit vendre les gens, soit donner ton derrière…Vous voyez un jeune comme ça il roule dans les grosses voitures, vous pensez qu’il a travaillé l’argent là quand ? Mouf, allez la bas avec ça, c’est l’argent compliqué… c’est le Famla dis donc… Moi je préfère rester dans ma misère que d’aller entrer dans la sorcellerie pour avoir l’argent… ». N’allez surtout pas lui dire que quand lui faisait le choix de passer son temps à boire, ce dernier bossait de tous ses tripes pour gagner son argent, car ça ne changera rien, il a déjà décrété que c’est l’argent de la sorcellerie et ça reste ainsi.

Au Cameroun, tout le monde est puissant ou du moins a quelqu’un qui l’est : « mon ami tu connais à qui tu as affaire ? Je suis le neveu de la tante de l’oncle du frère de la sœur du petit cousin du ministre des ministres…On ne me tente pas je te dis… ». N’allez surtout pas chercher à connaître la réalité.

Au Cameroun, toutes les femmes sont les putes. N’allez pas lui dire que dans ce cas, sa mère l’est aussi et que finalement il n’est qu’un fils de pute.
Au Cameroun, toutes les femmes claires de peau font le djanssan (entendez ici qu’elle se décape la peau). Ne faites surtout pas l’erreur de lui montrer vos photos de depuis la naissance pour lui prouver que ce n’est pas de votre faute si dans un monde noir, vous avez une peau plus blanche. Il n’en a rien à foutre, il a décrété que tu fais le djanssan et c’est tout.

On aurait pensé qu’une fois à l’extérieur, les camerounais changent que non. C’est même encore pire. Parmi les Camerounais de la diaspora, les affinités se tissent par groupe ethnique d’appartenance. Tout le monde soupçonne tout le monde. Quand tu arrives nouvellement en Occident, la première consigne du camerounais à un autre c’est de se méfier des Camerounais : « mon frère, si tu veux survivre ici à Beng, ne fréquente surtout pas les Camerounais, ils sont trop méchants mon frère… ». Bref, en dehors de lui, tous les autres Camerounais sont infréquentables. Si tu ouvres un restaurant, les autres vont d’abord se renseigner sur ton groupe ethnique avant de voir s’ils peuvent venir manger chez toi. D’ailleurs, s’ils ont le choix, ils préfèrent aller manger ailleurs de peur de t’enrichir.

De retour au pays, ils sont tous des grands patrons en Europe : « mon frère, je te dis que tu ne me connais pas, j’embauche au moins 1000 personnes dans ma boite…Si tu mets les pieds chez moi tu vas seulement fuir… ». En effet, si tu mets les pieds chez lui tu vas fuir, car il vit dans un studio de 8m2 qu’il partage avec deux de ses compagnons de galère, mais comme disait un sage : « a beau mentir qui vient de loin… ».

Sur les réseaux sociaux, le Camerounais se distingue parfaitement. On le reconnait par sa manière d’interagir. D’abord, ils sont tous des intellectuels, et pour le prouver, avant de faire une publication, il va sortir un dictionnaire et copier les mots les moins courants d’usage, les agencer pour former des phrases très complexes dont le sens reste un mystère pour tous y compris pour lui-même. Le Camerounais n’accorde du crédit à personne. Tout le monde ment sauf lui.

Le Camerounais ne like, ni ne partage les publications d’un autre encore moins s’abonner à sa page, car pour lui, c’est le rendre célèbre, or personne en dehors de lui-même ne le mérite. Il préfère comme maintenant, venir discrètement lire tes publications et repartir comme un petit voleur en se gardant bien d’interagir avec le post. Si d'aventure il venait à commenter, il ne peut pas écrire une phrase sans être injurieux...Bref, BIENVENUE AU CAMEROUN !