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Opinions of Friday, 6 October 2023

Auteur: www.camerounweb.com

'Atanga Nji, l'analphabète corrosif qui aime le sang': une violente tribune de Wilfried Ekanga fait grand bruit

Le Minat Paul Atanga Nji Le Minat Paul Atanga Nji

Le très engagé analyste Wilfried Ekanga s'est encore une fois déchaîné sur un membres du sérail de Yaoundé. Cette fois, c'est le Ministre de l'Administration territoriale qui reçoit les violentes critiques du conseiller de Maurice Kamto.


"Ceux qui sont paresseux comme Paul Biya ne sont sûrement pas au courant de la dernière actualité : ce mercredi 4 octobre dans la ville de Batibo (Nord-Ouest), un évènement macabre d'une incroyable atrocité s'est produit en plein jour, devant une foule médusée : alors qu'ils étaient soupçonnés de collaborer avec les autorités, deux concitoyens ont été capturés par les séparatistes et emmenés sur la place publique où ils ont été froidement abattus, tels deux hérissons sans valeur, comme aux pires heures de la répression coloniale (Martin Paul Samba fusillé à Ebolowa en août 1914, ou Ernest Ouandjié mitraillé à Bafoussam en janvier 1971).

Cela signifie que la crise du NOSO vient de franchir un palier supplémentaire sur l'échelle de la déshumanisation. Nous sommes passés de la guérilla conventionnelle aux exécutions djihadistes en plein air. Capri, c'est fini ; le Cameroun, c'est fini : bienvenue en Afghanistan !

Mais malgré tout, un analphabète corrosif en cravate continue de sévir depuis Yaoundé, et de répandre dans le reste du pays la même rouille destructrice qui a conduit à cette situation déplorable dans le NOSO. Il s'appelle Paul Atanga Nji, alias Joseph Vest ; et il n'a aucune forme d'intelligence en lui. C'est ce sinistre personnage qui, il y a quelques jours à peine, a gaillardement comparé ses concitoyens à de vulgaires condiments, bons à broyer au mixeur. Sans la moindre gêne, et sans le moindre souvenir du carburant qui a mis le feu à une partie du pays, radicalisant pour de bon ceux-là qui se font appeler aujourd'hui "Ambazoniens". C'est ce qui arrive quand on nomme un foutriquet, c'est-à-dire un piètre individu, trois fois incarcéré pour grand banditisme et vol aggravé, au poste de ministre.

D'HIER À AUJOURD'HUI

Ceux qui souffrent d'Alzheimer comme Paul Biya ont effectivement déjà oublié comment la guerre épouvantable du NOSO a commencé. Or non seulement nous on s'en rappelle fort bien, mais surtout nous n'oublierons jamais. Et voici les faits : il y avait d'une part des corporations d'avocats et d'enseignants qui, sans la moindre arme ni la moindre menace verbale, étaient descendus dans la rue (comme le leur autorise la Constitution du pays), afin de réclamer une meilleure considération de leur profession et de leur cadre d'activité (exactement comme le mouvement OTS aujourd'hui). Et d'autre part se trouvait le gouvernement de Yaoundé, dont le réflexe le plus récurrent et le plus facile est de brutaliser tout ce qui revêt le caractère d'une revendication, en dépit de sa légitimité constitutionnelle.

Et c'est ainsi que la toute première réaction de ce gouvernement fut d'envoyer un véritable corps expéditionnaire de policiers et de gendarmes, afin de « rétablir l'ordre ». Ce qui, dans le langage d'un régime pervers, revient à brutaliser et violenter tous ceux qui osent réclamer leurs droits civiques, car c'est par la terreur discontinue face à la liberté d'expression que Biya a pu subsister 41 ans, et qu'il espère tenir jusqu'à ses 103 ans, en 2035. La recette est simple : maintenir le climat de psychose afin de neutraliser tout semblant de début de volonté de révolte. Car ils n'ont jamais été au pouvoir pour satisfaire leur peuple ; ils sont au pouvoir pour rester au pouvoir, ce qui les conduit à considérer toute opinion contraire, même pacifique, comme une tentative de coup d'État. Cela s'appelle de la paranoïa politique.

Mais comme je viens de le dire, nous n'avons rien oublié. De même, nous n'oublions pas que pendant que les exhortations de la partie francophone sont encore non-violentes et conformes à la loi, des inconscients amnésiques tels que Joseph Vest s'activent à radicaliser les sensibilités en frustrant leurs congénères qu'ils comparent à des légumes à concasser. Persuadés comme Famé Ndongo, Tchiroma Bakari et Owona Nguini en 2017 que la matraque et les arrestations aléatoires suffiront à juguler « en quelques semaines » la réaction qui s'en suivra. Avec la sempiternelle et affreusement bête rhétorique : « l'État est un monstre froid » collée à leurs lèvres.

Voici donc que la sauvagerie « républicaine » a engendré une sauvagerie encore plus grande. Alors, que fait-on ?

LE FOU QUI S'ENTÊTE

Ceux qui ont une vision politique médiocre et nullissime comme Paul Biya n'ont toujours pas compris que cela n'a aucun sens d'aller discuter avec le voisin d'un problème que tu as avec ta femme. Dans tous les exemples de crise politique dans le monde à travers l'histoire, la paix véritable n'est revenue qu'au terme d'une concertation entre les parties ennemies, et non à travers un monologue ubuesque face à des griots adorateurs, comme cela fut le cas lors du GSN (Grand Sketch National) organisé en 2020 par Paul Biya, et auquel il n'a d'ailleurs pas daigné assister lui-même, préférant aller « rendre compte à Emmanuel Macron »... en France, à 5 500 km ! Mais à quel moment avez-vous pensé qu'une telle pièce de théâtre avait une quelconque chance de ramener les choses dans l'ordre ?!

Que fait ton adversaire quand il réalise que tu as essayé de le prendre pour un imbécile ? Il se radicalise davantage !

C'est à l'issue d'une concertation avec ceux qu'on n'aime pas (en l'occurrence les Ambazoniens radicaux, ceux-là mêmes qui tuent sur la place publique), et en abordant des sujets qu'on n'aime pas (la forme de l'État et l'autonomie relative) qu'on aboutit à un consensus, c'est-à-dire à un ensemble d'accords où chacune des parties fait des concessions au profit de l'autre, dans une sorte de juste milieu sans gagnant ni perdant. Concrètement, si les Ambazoniens souhaitent la sécession et que vous souhaitez plutôt l'État unitaire, le juste milieu se situe quelque part sur l'option du fédéralisme. D'autant plus que ce fameux « État unitaire » n'existe pas dans les faits, puisque les tribalistes d'Ebolowa sont prêts à chasser d'autres Camerounais de « chez eux », sous prétexte que « c'est le socle granitique de Biya ».

Alors pourquoi sacrifier inutilement les vies des Camerounais depuis 6 ans sur l'autel d'une pseudo-unité administrative que vous piétinez vous-mêmes ? C'est un illogisme !

Qui plus est, la petite délégation montée ad hoc fin 2016 par la société civile anglophone sous le nom de « Consortium » présentait de bonnes perspectives de réussite de médiation (puisque de manière exceptionnelle les séparatistes lui prêtaient une oreille sérieuse) et aurait pu servir de tampon efficace entre les deux camps. Mais, tout comme pour la "All Anglophone Conference" initiée depuis 2018 par le défunt cardinal Christian Tumi (par ailleurs ressortissant de la zone), le régime de Yaoundé y a mis fin à coup d'interdictions musclées, dans un autre illogisme qui ne dit pas son nom !

EN BREF :

Le pire, c'est que pendant que nous disons à Atanga Nji de ranger son delirium dans une cage bien hermétique et de ne plus jamais l'en sortir, ceux qui l'encouragent aujourd'hui à poursuivre ses menaces et à terroriser une masse inoffensive sont les mêmes qui nous demanderont demain de jouer les « patriotes » et de pleurer les morts quotidiens quand le pays tout entier s'embrasera. C'est déjà ce qu'ils font depuis la double mise à mort de ce mercredi. En gros, il faut venir montrer qu'on aime le Cameroun en versant des larmes en direct dans les médias et en récitant à quel point ces actes sont « intolérables et inacceptables » ; ensuite on rentre chez soi et on attend la prochaine exécution pour revenir sangloter... et ainsi de suite, comme dans un absurde dessin animé de Gros Gentils et de Gros Méchants, sans aucune avancée notoire.

Ici, on ne fait pas ça. Ici, on fait la politique, la vraie, celle qui consiste à chercher les causes factuelles d'un fléau, à proposer des solutions factuelles, et à alerter sur les attitudes de foutriquet qui peuvent générer les mêmes conséquences à l'avenir. C'est la meilleure façon d'aimer le Cameroun, loin des artifices d'une caste de faussaires qui veulent se donner le beau rôle qu'ils ne méritent évidemment pas !"