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Opinions of Thursday, 2 August 2018

Auteur: Michel Biem Tong

Ambazonie: Simon Munzu, accusé de jouer à un jeu dangereux

La crise anglophone dure et continue de faire des victimes. La crise anglophone dure et continue de faire des victimes.

Dans une correspondance datée du 11 juillet 2018 adressée à Paul Biya dont j’ai pu me procurer copie, le fonctionnaire de l’ONU et acteur de la société civile Simon Munzu brille par une duplicité déconcertante. Il reconnait que le peuple anglophone dans sa grande majorité s’est rangé du côté des indépendantistes à cause de la réponse violente apportée à la crise par le régime de Paul Biya. Mais il propose au chef de l’Etat que lors d’un dialogue national qu’il devra organiser « avant la présidentielle de 2018 », la mouvance indépendantiste soit mise en minorité.

En effet, dans cette correspondance, Simon Munzu donne à penser que les propositions de solution à la crise qu’il a adressées à Paul Biya vise à permettre que se tienne la présidentielle du 7 octobre 2018 dans le Southern Cameroon alors que les indépendantistes sont contre la tenue desdites élections sur leur territoire : « dans ce document, je suggère que la crise anglophone qui a commencé en octobre 2016 doit s’arrêter maintenant…du fait des menaces qu’elle représente pour notre pays en vue des prochaines élections présidentielles ».

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Dans sa batterie de solutions, Simon Munzu propose la tenue d’une Conférence générale des anglophones. L’initiative du cardinal Tumi prise le 25 juillet (soit deux semaines après la lettre de Munzu au chef de l’Etat) de convoquer une conférence générale des Anglophones est donc en réalité la sienne. Sauf que le fonctionnaire international prescrit au chef de l’Etat qu’à cette conférence ne prenne part que la faction modérée, celle favorable au fédéralisme dans un Cameroun uni : « la séparation ou l’indépendance apparaîtra à cette conférence comme la demande d’une minorité comparée aux anglophones qui veulent maintenir l’unité du Cameroun dans l’autonomie des deux régions anglophone », suggère Simon Munzu.

Le combattant de la première heure pour l’indépendance du British Southern Cameroon a également proposé au chef de l’Etat qu’après cette conférence générale des Anglophones, une campagne soit menée à travers les médias (radio, TV, presse écrite, presse en ligne) et sur les réseaux sociaux pour démontrer que l’indépendance du Southern Cameroon est une illusion à laquelle les populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest n’adhèrent pas. Curieuse posture de Simon Munzu qui, à la Presbyterian Church Centre de Ntamulung à Bamenda le 1er mai 1994 avait appelé à la proclamation de l’indépendance et de la souveraineté du Southern Cameroon au cas où le gouvernement se refuse à une discussion sur une réforme constitutionnelle portant sur le fédéralisme. Qu’est-ce qui explique ce revirement de Simon Munzu ? On le saura sans doute un jour.