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Opinions of Wednesday, 1 November 2017

Auteur: Confidentiel No 53

Ambazonie, Boko Haram, de réelles menaces pour Paul Biya

Les attaques de Boko Haram ont connu un net recul ces derniers mois Les attaques de Boko Haram ont connu un net recul ces derniers mois

Au lendemain de la commémoration par le peuple camerounais du 56è anniversaire de la Réunification du Cameroun, je ne peux m’empêcher de jeter un regard inquiet sur le triangle national en proie de part et d’autre à de nombreuses menaces qui mettent en mal le vive-ensemble et la cohésion sociale. La première menace se veut sécuritaire. En effet le spectre de la secte terroriste Boko Haram venue du Nigéria plane toujours.

Même si l’on a pu constater un net recul de cette dernière dans le Grand nord, les attaques n’ont pas entièrement disparu et les forces de défenses demeurent en alerte eu égard aux dernières attaques perpétrées dans la zone du Lac Tchad. A cela s’ajoute une grogne sociale qui couve un malaise certain ressenti par des populations qui éprouvent des difficultés dans la satisfaction de leurs besoins physiologiques : accès aux soins de santé à moindre coût, accès à des conditions de travail décentes accès à l’eau potable.

Qu’il s’agisse des «enseignants indignés», des médecins ou des avocats, il est question d’améliorer de manière globale les conditions de vie des Camerounais, afin qu’il n’y ait pas d’un côté des catégories socioprofessionnelles privilégiées et de l’autre des catégories livrées à elles-mêmes. Le cas des enseignants en cours d’intégration (ECI) a focalisé durant plusieurs mois l’attention de l’opinion publique, un mouvement d’humeur qui a eu le mérite de mettre en exergue les problèmes des fonctionnaires souvent envoyés dans des zones enclavées et ne disposant pas d’un salaire pouvant leur permettre de subvenir à leurs besoins.

Quatre années sans salaire pour certains d’entre eux, et l’obligation de probité alors que le système les clochardise. Les professionnels de la santé ne sont pas en reste. Espérons que ce système de chantage ne perdure pas. Car, s’il faille brandir des menaces de grèves ou de boycott en tout genre pour de se faire entendre (déjà que cela n’est pas interdit), de nombreux incendies sont donc à prévoir. Un Etat «sapeur-pompier»? Pourquoi pas ! Mais pas très économique comme système…La dernière menace sinon la plus importante, se révèle être identitaire.

Etroitement liée aux menaces sus-évoquées, il faut dire qu’elle découle des revendications socioprofessionnelles des avocats dans les Régions anglophones et enseignants du Nord-Ouest et du Sud-Ouest qui ont dégénéré en revendications politiques. Au point où le 1er octobre dernier, la situation a failli tourner au vinaigre. Bravant les interdictions à manifester signés des gouverneurs des deux régions, les populations sont descendues dans les rues pour demander l’indépendance du Southern Cameroons.

C’était à l’initiative des membres du Consortium de la Société civile anglophone. Malheureusement, ces revendications ne se sont pas faites dans le calme. Ce qui a entraîné des rixes entre elles et les forces de maintien de l’ordre et de sécurité déployées sur le terrain pour ramener le calme. Des morts ont même été enregistrés.

Ce qu’il faut d’ailleurs déplorer. Voici plus d’un an que la crise a débuté dans les Régions dites anglophones (expression que je n’apprécie guère dans un pays où tout Camerounais devrait se sentir chez lui quel que soit son lieu d’établissement) et malgré les efforts entrepris par le Gouvernement, la situation semble toujours tendue au regard des appels au boycott émanant du SCNC et de certains partis politiques de l’opposition. De plus, des personnes arrêtées dans le cadre de ces revendications sont toujours emprisonnées.

Ce qui laisse entrevoir une gestion apathique de la crise. Quelle célébration donc avions nous eu droit ? Quel sens donner à cette fête s’il faille dégainer à chaque difficulté un gadget gouvernemental (la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme) afin de cacher les blessures au lieu de soigner la plaie en profondeur ? Quelle unité a-t-on fêté le 20 mai dernier quand l’Etat semble inapte à répondre aux aspirations profondes des populations avides de mieux vivre et d’une meilleure cohésion sociale ?

Au-delà des fastes des meetings politiques ainsi que de la nécessité de soutenir et d’encourager l’Armée camerounaise, émanation de la souveraineté et de l’indépendance du Peuple camerounais, l’urgence d’une thérapie adéquate se fait ressentir afin de sortir de la logique de la «navigation à vue». Une décentralisation plus accrue (et non la sécession) aurait également pu être envisagée, à défaut du fédéralisme.

Cependant, d’aucuns pensent à tort que cela équivaudrait à une scission anglophone /francophone et un accaparement des ressources par les régions. Or, une décentralisation réelle dans les faits pourrait permettre aux populations de s’impliquer réellement dans la gestion de leurs affaires au quotidien, une réelle mise en œuvre plus efficiente des politiques publiques locales, plus adaptées à résoudre les problèmes des populations. Qu’elle que soit la thérapeutique envisagée, le Peuple Camerounais n’est plus dupe.

Au-delà des thèmes lancés tels des slogans publicitaires, l’Etat gagnerait à impliquer davantage les populations dans les mécanismes décisionnels, envisager l’évaluation des politiques et décisions engagées et travailler à une répartition des richesses plus équitables, afin de renforcer la cohésion sociale et le vivre-ensemble commun.