Opinions of Wednesday, 4 June 2025
Auteur: Abdelaziz Mounde Njimbam
CHERS BANDA KANI, DAVID EBOUTOU, GREGOIRE OWONA, CELESTIN DJAMEN, ELIMBI LOBE...
NOUS SOMMES DES AGENTS D'UN CAMEROUN NOUVEAU A L'ETRANGER : ET CE N'EST PAS MINABLE !
J'ai eu, hier encore, un fou rire avec Jeanne Belley Essombe. Vous savez, ce bel esprit, enfant du pays Sawa et fille de Mboa Su, Notre Cameroun, comme aurait dit l'illustre Manu Dibango. Cette belle énergie de dame, pétillante d'idées, à la plume suave et à la rigueur d'un contremaître du temps des pyramides. Celle, avec qui, suite à la confiance portée par Maurice Kamto, exhaleur de talents et stimulateur d'excellence, nous avons, au fil de trois semaines d'un marathon dont nous aurons voulu avoir le souffle et l'endurance d'un Lekunze, d'un Abebe Bikila ou d'un coureur d’Athènes d'autrefois.
Pourquoi un fou rire ? J'ai lu et entendu dans vos propos, « farandole ; minable ; Kamto, agent de l'étranger ; drapeaux sri-lankais ; rassemblement de sans-papiers, etc ». Ayant appris de nos ancêtres du Noun, sur notre terre du Cameroun ou de Thebes à Kama, l'Egypte antique, qu'il y'a loin de la réforme à la renaissance, après ce travail acharné aux cotés d'une formidable équipe de Camerounais de la Diaspora pour rendre possible le Grand Meeting du 31 mai dernier, je suis simplement monté sur le cheval le plus noble pour vous apporter ces quelques éclairages :
- Comment peut-on venir, le clair du temps à Paris, pour rencontrer sa communauté tribale ou ethnique comme cela a été le cas pour Elimbi Lobé, pour ses vacances ou pour des séjours professionnels comme c'est le cas pour le ministre Owona et s'offusquer de ce qu'un leader politique, figure majeure de l'opposition, de l'intelligentsia camerounaise et africaine, daigne rencontrer ses compatriotes, venus par dizaines de milliers, à cette ambroisie autour du Cameroun et de son avenir ?
- Qui a dit que le panafricanisme, dont Paris a été un des cœurs battants, ne s'exerçait qu'à Tiko, Douala, Ebolowa, Dakar, Tombouctou, Bobo Diolassou ? Qui?Oui, Paris est la ville ayant abrité le premier congrès panafricain, en 1919 à l’Hôtel Intercontinental, à l'initiative de l'africain-américain W.E.B. Du Bois ; le premier congrès des écrivains et artistes Noirs en 1956 à l'amphithéâtre Descartes à la Sorbonne dont l'affiche fut réalisée par Pablo Picasso ; la première maison d'édition sur l'Afrique et sa Diaspora fondée par Alioune Diop et son épouse Christine Yandé, en 1949 à la rue des Ecoles ; la publication du premier article sur la Renaissance africaine, en 1948 dans la Revue Alerte sous les Tropiques par un certain Cheikh Anta Diop, auteur plus tard de Nations Nègres et Culture, œuvre retentissante sur l'antériorité négro-africaine...
- Oui, nous Africains de France, dont ma modeste personne, avons mené des combats pour l'honneur, la valeur et la libération de l'Afrique ici en France ! Des batailles de sens pour la restitution des œuvres volées à l'Afrique, le retrait des bases militaires françaises en Afrique. Oui, ici à Paris ! Nous y avons et nous continuons à y donner de la voix quand d'autres font des contorsions pour tresser des couronnes de panafricanisme à des chefs d'Etat qui attestent de leur statut de meilleur élève ou qui viennent rendre compte à l'Elysée.
- Non ! Ayant préparé de mains de maitres, liés comme des ongles et doigts dans une équipe soudée, le Grand Meeting de Paris, nous ne laisserons personne tonner ou postillonner sur des plateaux que Maurice Kamto est « un agent de l'étranger » par le seul fait d'être venu à Paris rencontrer ses frères et sœurs de la Diaspora !
Vous n'êtes ni les cautions, ni les détenteurs exclusifs, ni les ayant droits sacrés, ni les cadors d'oligopole ou de monopole de l'âme africaine, de la défense de la souveraineté de nos pays ou de l'assomption du panafricanisme ! A Paris, nous accueillons et accueillerons, en mettant les petits plats dans les grands, ceux qui proposent une voie, tel Maurice Kamto pour le Cameroun !
Etre sans-papiers n'est pas une abomination ! Etre sans-papiers, oui, ne peut empecher un Camerounais de venir à un meeting, sans charters, pain-sardine ou tchoko ! Oui, la Préfecture de Police de Paris n'a pas eu votre bile pour ouvrir les portes de ses fourgonnettes pour embarquer ces milliers de sans-papiers. Vous êtes donc plus royalistes que le roi !
- L'unité foncière, structurelle et ontologique du Cameroun ne signifie pas que les terres seront confisquées par l'Etat. C'est être obnubilé par les replis identitaires, les sous textes des conflits fonciers, les préjugés comme ceux qui traitent l'illustre Ernest Ouandié de « bandit », la haine atavique et viscérale que de faire de tels raccourcis.
La question de l'UNITE, telle qu'entendue dans ce triptyque, est toute simple au milieu de notre complexité : Comment assurer une synthèse pour bâtir le CAMEROUNAIS, celui qui , au regard de son histoire précoloniale africaine, coloniale et contemporaine, remet à plat, puise dans le patrimoine, s'inspire de l'expérience et apprend de l'évolution de la gouvernance pour se refonder et se projeter en toute fraternité dans l'avenir