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Opinions of Mardi, 17 Avril 2018

Auteur: Michel Biem Tong

Affaire Vodafone: graves révélations sur des magistrats complices

Décidément, la magistrature au Cameroun ne cesse de défrayer négativement la chronique. Il n y a visiblement pas que les magistrats du Tribunal criminel spécial qui excellent dans le déni de justice, voire l’injustice judiciaire ainsi que le massacre de l’Etat de droit. D’après un article publié par votre journal en ligne hurinews.com ce lundi 16 avril 2018 (https://www.hurinews.com/cameroun-liberte-economique-la-ju…/), le Tribunal militaire de Douala veut enterrer l’affaire Vodafone, compagnie de téléphonie mobile qui a dû fermer boutique quelques mois seulement après le lancement de ses activités pour défaut de licence d’exploitation et soupçons de blanchiment d’argent.

Comment comprendre que des magistrats dont l’objectif est de mettre en application la politique pénale du pays laissent circuler en toute liberté des personnes sur qui pèse de lourds soupçons de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme ? Voilà des individus, camerounais et étrangers qui, interdits de sortie du territoire (et donc sous mains de justice), n’ont pas pu fournir les justificatifs des mouvements suspects dans leur compte bancaire de fortes sommes d’argent mais qui ont été mis hors de cause par le commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire de Douala, Jackson Tchinda Yemeyo. Sans raisons valables, il a décidé de classer l’affaire sans suite.

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Le magistrat Jean Paul Kiam (voir photo ci-dessous), procureur de la République près le Tribunal de première instance de Douala-Bonanjo, a également joué un rôle trouble dans cette affaire. Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Laurent Esso le 2 mars dernier, l’homme d’affaires Ibrahim Zakari, mandataire de la plaignante Hassana Halimatou, gérante de la société Northware Sarl dont les parts ont été achetés par les suspects, a dénoncé les agissements du magistrat Jean Paul Kiam qui, d’après lui, a ordonné l’arrestation de Madame Hassana alors que celle-ci avait découvert des mouvements financiers de plusieurs milliards de F CFA sans justificatifs dans le compte bancaire de la société. Ce magistrat, toujours selon l’homme d’affaires Ibrahim Zakary, a manœuvré pour que des scellés soient levés sur le Data Center de Vodafone, aidé l’un des accusés à quitter le pays.

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Comment peut-on tolérer de telles attitudes des magistrats dans un Etat dit de droit ? Mais cette affaire mérite aussi d’être perçue au-delà du comportement déviant présumé tant du magistrat militaire Jackson Tchinda et du procureur du TPI de Douala-Bonanjo, Kiam. Cette affaire Vodafone cache mal un conflit d’intérêt entre proches collaborateurs de Paul Biya. Car il est incompréhensible qu’au moment où le Cameroun est engagé dans la lutte contre la secte islamiste Boko Haram, que des magistrats laissent circuler des personnes suspectées de financement du terrorisme. Les jours qui viennent, nous ne tarderons pas à en savoir davantage.