40 ans de carrière sans caries dentaires, pour emprunter à l’expression comique et colorée de MOTA NGUIGNA! C’est un vrai Shérif ! Il a été sans le savoir, ma barre à franchir dans le saut en hauteur de mes rêves journalistiques. De façon tout à fait frustrante.

Un jour, assis avec un oncle entrain de regarder le journal télévisé de la CRTV, il me pose cette question : « Qu’est-ce ce que tu veux devenir dans la vie? », et je lui réponds : « Journaliste… ». Il balance un grand rire moqueur et me demande : « Donc tu veux être comme Ibrahim Chérif que je vois là ? », et de continuer dans son sarcasme : « Le fils d’un infirmier retraité(en référence à la profession de mon père), comment tu vas faire? ». Depuis ce jour, je m’étais promis d’être au pire comme Ibrahim Chérif, par défi et par ambition. J’avais donc placé la barre haut, et c’est elle qui a guidé mon saut prodigieux dans ce métier jusque-là noble!

J’ai donc commencé à suivre ses progressions à la lettre, surtout à « Actualités Hebdo ». Je peux le dire, Ibrahim Chérif est le meilleur intervieweur que j’ai vu dans le paysage audiovisuel camerounais. Ses questions dépouillées d’arrogance, mais d’une justesse chirurgicale, font l’ablation de n’importe quelle tumeur de compréhension. Elles sont si simples, mais tellement profondes, qu’on ne les voient venir que face aux balbutiements de l’interviewé. Du grand art! Comme cette émission avec Yves Michel Fotso du temps de sa splendeur. Un précis de journalisme qui a ramené son invité aux réalités d’un quotidien qu’il professait sans le connaître! C’était juste un régal.

Puis, j’ai rencontré le personnage. D’une politesse qui contraste avec son envergure et sa stature. Mêmes ses blagues ont des mots calculés, choisis, soigneusement placés, qui résument tout son être. J’ai récemment mis une connaissance en contact avec lui pour des questions professionnelles. Elle est revenue bouleversée.

Par la simplicité, l’honnêteté et le respect. J’ai juste souris, en ayant envie d’écraser une larme. Parce que cette race est en voie de disparition. C’est donc une espèce protégée, qu’il faudra contempler avec un bonheur non contenu, au parc des retraités… Bonne suite MON SHÉRIF !