Une femme dit sa vérité sur les réseaux sociaux. Elle reconnaît avoir longtemps gardé le silence. « Par honte, par douleur ou peut-être pour protéger quelqu’un qui, au fond, ne m’a jamais protégée », affirme-t-elle.
Mais aujourd’hui, je ressens le besoin de libérer cette vérité, non pas pour me plaindre, mais pour respirer, pour guérir et peut-être même pour éveiller les consciences.
J’ai rencontré le père de ma fille en 2018. Pendant des années, j’ai cru à cette histoire, même si elle était tissée de souffrances et de compromis. Sous prétexte que nous n’étions 'pas prêts', j’ai vécu plus de cinq avortements. Cinq silences imposés à mon corps, cinq douleurs physiques et morales qu’on oublie trop souvent derrière le mot “interruption”. Il est médecin. Il connaissait les conséquences. Il savait ce que ça impliquait pour une femme.
Et pourtant en 2022, il est parti. Il m’a dit que je n’étais plus son “goût”, qu’il avait changé, comme si l’amour était un plat qu’on juge fade un matin. Quelques mois plus tard, j’apprends que je suis enceinte. Il m’a ordonné d’avorter à nouveau. Mais cette fois, j’ai dit non. J’ai choisi la vie. J’ai choisi ma fille, cette lumière inattendue au bout d’un tunnel de douleurs.
Face à mon refus, il m’a abandonnée. Aucune nouvelle. Aucun soutien. Il a refait sa vie avec une femme qu’il avait connue pendant qu’il était encore avec moi. Deux ans de silence. Deux ans à élever seule une enfant née d’un homme qui voulait qu’elle n’existe pas.
Et aujourd’hui, ironie amère du destin… Le 20 avril 2025, j’apprends qu’il a soutenu sa thèse de spécialité en gynécologie. Et le sujet de cette thèse ? Les risques de l’avortement.
J’ai relu ces mots encore et encore, sans y croire. Lui, parlant des dangers, des traumatismes, des conséquences… alors qu’il a été la cause directe de tant de blessures chez moi.
Ce monde a parfois une mémoire sélective. Certains oublient ce qu’ils ont fait subir pour mieux briller en blouse blanche. Mais moi, je n’oublie pas. Mon corps se souvient. Mon cœur aussi. Et malgré tout cela, je reste debout. Je ne cherche pas la vengeance. Je n’ai pas besoin qu’il reconnaisse quoi que ce soit. Ma seule victoire, c’est ma fille. Mon seul combat, c’est de lui donner tout ce qu’on ne m’a pas donné : de l’amour, du respect, de la stabilité.
À toutes celles qui traversent l’abandon, la pression, les décisions imposées : vous n’êtes pas seules. Votre douleur est réelle. Et votre silence n’efface pas votre valeur.