Culture of Friday, 3 March 2017

Source: camerounlink.com

Les versets sataniques de la musique camerounaise

La nouvelle génération d’artiste musiciens, nous continuons de creuser La nouvelle génération d’artiste musiciens, nous continuons de creuser

On est dans la ouate, presque dans un état gazeux en matière de musique du cru. À l’époque, avec les Petit Pays, Ktino, Pedro, Monazang, Tanus Foé, etc., nous croyions avoir atteint le fond.

Que non. Aujourd’hui, avec la nouvelle génération d’artiste musiciens, nous continuons de creuser. Y a qu’à voir l’expression sardonique de Mani Bella, la langue tirée sur la jaquette de son nouvel opus, The Beat(le son), qui lui donne les allures d’un cobra plein de charme.

The Beat ? Un titre en réalité, fruit du cauchemar d’un quincaillier, qui, dans sa résonnance camerounaise, ne laisse aucun doute sur les sous-entendus du message.

Bref, le genre d’album « je m’ennuie, tu t’ennuies ». Pourtant, Mani Bella aura réussi l’exploit de ravaler K-tino, jadis reine du « Bikutsi amer », au dernier banc du cours du soir de la musique porno. Et, tenez-vous bien !, ses adulateurs en bavent sur la toile :

« Comme vous me faites rire ou dois-je vous rappeler que c´est avec ça qu´elle est la 1ère artiste au Cameroun à avoir atteint 1 million de vues à You Tube et avoir raflé les prix internationaux? Alors votre haine et aigreur, gardez-les pour vous s´il vous plaît !», conseille une fan.

Le contrepied parfait ! Nos Salman Rushdie de la musique ont pignon sur rue… Petit Pays dans sa position du fusillé sur la pochette de l’un de ses anciens succès, n’est rien à côté de la nouvelle affiche de Nyangono du Sud, un garçon venu de province dont le talent ne perce ni les yeux ni les oreilles. Une affiche grand format trônant dans les carrefours de nos grandes villes qui, tel un doigt d’honneur, présente la partie australe nue d´une femme à visage découvert ! Le titre de l’album ? « Le trou barbu » !


Dieu ! Sodome et Gomorrhe dans leurs beaux jours… Avec ça, pas l’ombre d’un doute, nous descendons vraiment du primate.

Dans un Cameroun normal, cela aurait pu valoir un billet de première pour la décharge de Nkolfoulou à l’artiste et à son oeuvre… Et le compteur tourne toujours! Quelqu’un sait-il où se trouve le bouton «stop» ? Non. Il ya bien longtemps qu’on a perdu la notice… Ce n’est surtout pas un certain préfet de la Mifi, Joseph Fover Tangwa, qui arrêtera cette tempête cyclonique.

Estomaqué par la bestialité et l’obscénité des paroles de «Coller la petite» de Franko, le pauvre «chef de terre» interdit en 2015 la vente, la diffusion et la promotion de la chanson sur toute l’étendue de son territoire administratif.

En bon bantou, il se dit alors que si la pluie échoue à ramener le cabri à la maison, eh bien, il faut prendre le gourdin. Bien lui en prit. Il reçut une bordée d’injures de tout le pays voire de sa tutelle, histoire de lui gonfler un peu plus le képi. Il voulait arrêter le vent avec les mains…

Conséquence directe et immédiate. « Coller la petite » s’enleva comme des petits pains avec, en sus, plus du milliard de vues sur You Tube ! Honte et honte bue pour Monsieur le préfet, et plutôt du petit lait frais pour Franko.

Côté, ministère de la culture, silence sépulcral. Normal. « Coller la petite », « The Beat » et autres « Trou barbu », coulent bien en boîtes de nuit et même dans nos grosses cylindrées pendant les voyages du week-end. Ca ne sent pas bon tout pour l’éducation de nos enfants tout ça. Dans ce cas, tirons simplement la chasse des WC et barrons- nous !