La concernée est en quête d’un soutien moral sincère, car « cela fait désormais une semaine que je ne parviens plus à trouver le sommeil. Je suis littéralement hantée par ce que je vis intérieurement ».

Mon mari est rentré du travail dans un état de gaieté peu ordinaire. Il me parlait avec enthousiasme, me disait avoir retrouvé foi en la bonté humaine. Intriguée, je l’ai écouté me narrer ce qu’il venait de vivre.

Selon ses dires, lui et un collègue avaient décidé, à la fin de leur journée de travail, de se détendre dans un snack assez réputé, situé à deux quartiers du siège de leur entreprise. Ils y ont consommé sans trop mesurer l’addition, et se sont retrouvés face à une facture qu’ils jugeaient exagérée. Des échanges vifs ont éclaté entre eux et l’une des serveuses. La situation devenait tendue.

C’est alors qu’est intervenu, calmement, le propriétaire des lieux. D’un ton posé, il a cherché à comprendre la source du conflit. Après que la serveuse a donné sa version, il l’a priée avec courtoisie de débarrasser la table et de retourner à ses occupations. Puis, il s’est adressé directement à mon mari, lui présentant ses excuses les plus sincères pour ce malentendu.

Avec une pointe d’ironie bienveillante, il a ajouté qu’il n’avait manifestement pas encore appris à son personnel à reconnaître les “hommes de valeur”, ceux qui parfois peuvent manquer d’argent mais non d’intégrité. Il a conclu en leur offrant la consommation, affirmant que pour des clients comme eux, c’était “la maison qui offrait”.

Mais ce geste ne s’est pas arrêté là. Pour clore ce moment inattendu, ce même homme a daigné déposer une somme généreuse dans le compte OM de mon mari, de quoi couvrir largement leur retour. Mon mari m’a confié avoir voulu refuser, mais l’homme a insisté, en disant : « Prenez-le comme un investissement ».

Le problème, la raison pour laquelle je suis dans un tourment si profond, c’est que ce “boss”, cet homme dont mon mari m’a vanté la noblesse de cœur, est en réalité le père de mon second enfant.

Oui. Il y a de cela six ans, alors que mon couple traversait une période de fracture, j’ai brièvement rompu avec mon mari. J’étais brisée, perdue, vulnérable. C’est dans ce vide qu’est survenue cette relation avec cet homme. Elle n’a duré que peu de temps. Mais peu après la réconciliation avec mon mari, j’ai découvert que j’étais enceinte.

Mon mari me faisait alors sa demande en mariage. Et dans ma confusion, mon désir de préserver ce bonheur qui renaissait, je n’ai pas osé lui dire la vérité. J’ai choisi de taire l’épisode. De taire la grossesse. D’avancer. De m’accrocher à l’homme que j’aimais, et que j’aime toujours.

Ma seule erreur fut d’avoir révélé à cet homme que j’avais un retard de règles. Il m’avait aussitôt demandé de faire un test de grossesse, ce que j’ai fait. Le test était positif. Mais je ne lui ai rien dit. J’ai rompu tout contact. Je l’ai bloqué sur tous les canaux. Je ne sais pas s’il a su, s’il a enquêté, s’il a appris que j’avais gardé l’enfant. Je l’ignore.

Mais lorsque mon mari m’a montré son téléphone et que j’ai vu le nom de l’émetteur du transfert, mon cœur a failli céder. J’ai caché ma panique derrière un sourire nerveux. Je lui ai demandé de me décrire cet homme. Au fond de moi, j’espérais qu’il décrirait quelqu’un d’autre. Mais non… il s’agissait bel et bien de lui.

Depuis ce jour, je suis perdue. Je me torture l’esprit. Dois-je aller le confronter ? Pourquoi s’est-il adressé principalement à mon mari, et non à son collègue ? Était-ce un hasard, ou avait-il un dessein plus profond ? Que cherche-t-il réellement ? Cela fait six longues années que cette histoire est enterrée. Pourquoi maintenant ?

Je suis terrifiée. Terrifiée à l’idée de perdre mon foyer. Terrifiée à l’idée de briser l’équilibre de mes enfants, de détruire ce que j’ai reconstruit. Je vis avec cette peur constante qu’un mot de travers vienne tout faire éclater.

Je vous en supplie, aidez-moi. Je ne veux pas poser un geste irréfléchi. Je ne veux pas gâcher ma vie par panique ou maladresse. Que dois-je faire ? Dois-je parler à mon mari ? Dois-je aller voir cet homme pour éclaircir les choses ? Ou dois-je garder le silence et prier que tout cela s’estompe ?