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Culture of Friday, 2 September 2016

Source: mboaurban.com

Rencontre avec Atome, le chroniqueur Hip-Hop 237 du moment

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Si vous êtes sur les réseaux sociaux et amateurs de musique urbaine, vous n'avez pas pu passer à côté d'au moins une de ses chroniques.

Atome est le chroniqueur Hip Hop 237 du moment. On lui reproche souvent ses positions critiques, mais celles-ci lui ouvrent les portes des médias de masse.

Nous nous sommes assis avec Atome pour en savoir plus sur le personnage et ses ambitions.

Bonjour Atome! Peux-tu te présenter en quelques mots pour nos lecteurs?

Bonjour et merci de me donner cette tribune d’expression. Me présenter en quelques mots c’est pas easy mais pour résumer, je suis un jeune Kamer ayant la vingtaine, débrouillard et passionné d’art et culture, rappeur, blogueur, diplômé en communication de l’université de Douala et entrepreneur en herbe.

Tu es l’un des chroniqueurs les plus lus du 237. Comment en es-tu arrivé là?

C’est d’abord par passion et par soucis de partager la vision et les petites connaissances que j’ai. Depuis 08 ans j’observe le mouv de la mboa urban music et il m’est arrivé d’anticiper un certain nombre de choses. J’ai décidé il y’a bientôt un an de mettre mes analyses à la merci du public en créant un blog spécialisé.

Je m’attèle à écrire chaque jour et à chroniquer, donner des contenus essentiels et partager mon avis de personne avertie afin de contribuer à l’essor du mouv. Au début c’était moins émulateur, mais les gens adhèrent déjà et moi-même je m’améliore chaque jour.

On va revenir sur la définition de la musique urbaine. Qu’est ce qui rentre dans le terme “musique urbaine?”

On peut appeler musique urbaine « Toute musique à caractère moderne (conjuguée de rythmes traditionnels locaux et d’instruments modernes) qu’on écoute à une époque donnée dans les grandes villes et agglomérations d’une région, ou tout simplement qui est diffusée par les médias de masse de façon permanente ».

En Afrique à cause de l’époque de l’afro fusion que nous vivons, on a du mal à la définir concrètement. Pour ce qui est du Cameroun, Makossa, bendkin , Bikutsi et autres sont des musiques urbaines.

Mais pour ce qui concerne celles qu’on associe souvent au hiphop, je les appellerai « Mboa urban music » en attribuant au moins trois des caractérisques suivantes :

- L’instrumental à cadence hip hop ou contenant une ligne de sonorités hiphop ;
- Les lyrics et les textes exploitant les codes linguistiques locaux (Camfranglais, Français et Anglais Camerounais, Pidgin, patois) et la réalité environnementale;
- La fusion aux rythmes Camerounais (Benskin-Ambass bey –Assiki-makossa- bikutsi…)
- Le Flow développé avec un ton Camerounais ;
- La personnalité du chanteur (D'origine ou de nationalité Camerounaise).
Il y’a plus détails dans cet article que j’ai écrit-il y’a quelques mois ici.

Quels sont tes objectifs en tant que bloggeur ?

J’écris pour partager, pour contribuer et pour faire évoluer les choses. Je ne veux pas plaire à quiconque, Il y a nécessité de débat, de redressement et d’améliorations permanentes autour de mon domaine.

Je suis aujourd’hui un acteur non seulement de l’économie de la musique, mais aussi de l’économie numérique au Cameroun. On peut dire que je participe au développement. Je veux aussi montrer par là que l’on peut entreprendre en suivant sa passion.

Tu rappais avant de te consacrer à ton blog. De quel côté te sens-tu le plus à l’aise? Dans la peau de celui qui analyse ou de celui qui se fait analyser?

Je dirais dans les deux sens. Heureusement j’ai un mental coriace. Autrefois au début des années 2010, ma musique et moi avons essuyé tout genre de frustrations et critiques parce je proposais du différent et que j’étais très petit et inexpérimenté. Ça m’a aidé d’autant plus que je suis resté déterminé.

Je suis rappeur mais, aujourd’hui j’ai d’autres compétences que je peux mettre à profit. Je connais ce qu’on ressent derrière un micro face à la scène, ou encore les conditions dans lesquelles on compose et enregistre un morceau.

Je sais comment sonne une musique qu’on a pris le temps de travailler ou non. Je sais même ce que ça fait de claquer tout son argent dans la musique, c’est un gros risque.

Tout ça pour dire qu’en faisant une analyse je me mets toujours dans la peau de l’artiste. Je me sens à l’aise des deux côtés. Il m’arrive parfois de réécouter mes anciens morceaux et de me critiquer car ce que je dis sur l’autre est applicable aussi sur moi.

Tu es connu pour tes positions critiques à l’encontre de certains artistes notamment Reniss ou encore Maahlox avec lequel tu as eu un échange assez musclé sur les réseaux sociaux. L’art relevant du subjectif, jusqu’où peut-on aller dans la critique d’une œuvre sans pour autant bafouer le travail de l’artiste?

Je pense que la critique ne doit pas se donner de limite (Dans un sens Ethique et légitime bien sûr) lorsque l’enjeu vaut la peine. Il faut parfois être ferme tout en restant humain et rationnel.

Les artistes travaillent certes, mais ne doivent pas être les vecteurs de l’arme de destruction de tout un peuple. Je m’arrange toujours à féliciter le positif avant de marquer l’insistance sur le négatif quand il y a lieu.

Si l’artiste par son œuvre est capable de bafouer l’avenir de nos enfants ou détourner les ignorants et enfoncer les innocents, Il devient lui-même un danger ouvert. On est des hommes et citoyens avant tout.

Oui l’art est subjectif, mais on se lève et dort avec la musique, l’artiste a pour devoir de veiller à ne pas être un « bourreau assassin égoïste qui ne se focalise que sur lui et lui seul ». J’ai tenu compte de plusieurs enjeux en portant des critiques dures sur Reniss et Maalhox. Ça relève de plusieurs dimensions autant culturelle, morale, civile, psychologique que spirituelle.

Ton blog et tes chroniques t’ont ouvert les portes des mass media notamment la télévision avec Equinoxe Tv ou encore la radio avec Mediafrique. Est-ce que signifie qu’il y a une demande au niveau des médias pour ce type de contenus et donc qu’il y a un avenir pour les journalistes et bloggeurs spécialistes en musique urbaine?

En effet oui, si le travail est pertinent et bâti sur des fondements vertueux et objectifs. Comme je dis toujours ce mouvement s’est construit et est venu réformer la musique Camerounaise.

Elle a besoin de débats constructifs pour mieux se vendre. J’ai eu de nombreuses propositions dernièrement. Je crois vraiment que la presse musicale urbaine a de l’avenir au Cameroun. Elle donne plus de dynamique, et forcement, si la musique évolue, l’évolution de sa blogosphère doit en être conséquente.

Te considères-tu comme influent aujourd’hui?

En vérité non. Même si certains le pensent. Toutefois mon avis compte. Je ne fais que ce que j’ai à faire en espérant que ça aide et que plus de personnes adhèrent. Beaucoup ont eu du mal à accepter que ce que je fais peut perdurer, mais ma persévérance et ma fidélité ont converti plus d’un.

Quand un morceau sort on vient me demander mon avis ou alors on l’attend. Sinon je dirai simplement que je prends du terrain. Si Dieu veut dans un ou deux ans je parlerai d’influence

Existe-t-il une communauté de bloggueurs Hip Hop au Cameroun ayant une réelle audience, capable de lancer une tendance et booster la carrière d’un artiste comme on peut en trouver ailleurs?

Pour l’instant pas vraiment mais je vois cela se peaufiner. Des jeunes blogueurs s’intéressent de plus en plus à ce mouv, et même les anciens reviennent pour y chroniquer.

A l’allure où vont les choses, on arrive peu à peu à ce standard d’ailleurs. Je pense qu’en créant un networking permanent on peut réussir d’ici 02 ans à créer un pôle hyper solide qui reformera les habitudes de consommation de cette musique. C’est d’ailleurs un de mes buts ... Shutttt !!!

Tu animes en partenariat avec Camer 24, une émission Rap diffusé via Facebook Live sur la page du média. Peux-tu nous en dire plus?

En fait ce n’est pas une émission uniquement Rap, c’est un programme dédié à tous les lecteurs. Il est question d’utiliser les opportunités du digital pour produire un contenu alliant divertissement, information et culture. Nous recevons un artiste à chaque épisode et nous discutons avec lui sur sa vie et sa carrière.

Avec Mink’s, nous avons réalisé la première émission qui a généré une audience de plus de 12.000 viewers. Surtout, nous avons eu de bons retours, car le public a découvert pas mal de choses. Dans les semaines avenirs, on recevra continuellement des artistes. Nous attendons juste de finaliser avec l’équipement technique nécessaire pour un résultat impeccable.

En tant qu’observateur, quelles sont les tendances 2016 en matière de musique urbaine?

Je dirai que nous chevauchons entre un gain de terrain considérable et le risque d’une décadence. De nombreux produits sortent, certains se démarquent et s’exportent plus que d’autres. Il y a de belles découvertes qui sortent chaque jour. En termes de singles, l’offre a fortement évolué. Toutefois, tout le monde sait ce qui va bien, donc je parlerai plus de ce qui ne va pas.

Il reste aux acteurs du milieu d’organiser l’économie de cette industrie afin d’éviter qu’elle stagne ou ne chute.

- L’afropop a besoin de réforme, je pense que la recherche du rythme doit être plus poussée.

- Les clips vidéos sont de plus en plus regardés, MTN, Orange et Nexttel se sucrent… si vous voyez ce que je veux dire.

- En 2016, on ne parle toujours pas de droit d’auteur. On se contente d’un modèle économique sur la rémunération des invitations aux soirées et aux promotions des entreprises.

- Les concerts et showcases comme les disques sont en absence. Les artistes prestent dans des boites de nuit en playback.

- Les Rappeurs veulent tous faire l’afro trap et ne laissent plus place au génie.
Bon je m’arrête là.

Quels sont les prochains mouv’ d’Atome?

Il y a trop d’ambitions et projets dans ma petite tête. Lol !! Mais à court terme, je travaille sur mon futur blog voila-moi.com qui sera bientôt disponible si Dieu veut.

J’ai aussi lancé mon agence VM consulting spécialisée dans le conseil en direction artistique musicale, conseils et mangement de projets culturels, assistance et suivi de la production musicale et bien d’autres. Je me suis déjà fait des partenariats avec quelques labels et projets locaux, notamment « Challenges Vacances », le concours de Musique « Creativ ».

Je crois aussi que d’ici peu je ferai un petit morceau sans objectif promotionnel, juste pour le kiff et la critique. Je sais qu’on m’attend au tournant. Hihi !!!

Merci Atome pour ton temps.

C’est moi qui remercie sachant ce que ça vaut. Etant donné que la plateforme « Mboa urban » a pour but de promouvoir les talents et savoir-faire locaux, je me sens honoré. Vivement je vous souhaite une bonne continuité.