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Culture of Wednesday, 1 March 2017

Source: cameroun-online.com

Jovi Le monstre veut mettre Orange Cameroun dans la sauce

Ndukong Godlove Nfor alias Jovi Le Monstre Ndukong Godlove Nfor alias Jovi Le Monstre

Une campagne d’ailleurs très prometteuse avec en prime la participation des Lions Indomptables champions d’Afrique 2017… C’était sans compter sur la riposte de Ndukong Godlove Nfor alias Jovi Le Monstre, propriétaire du label « New Bell Music » et producteur de Reniss (Le piment dans la Sauce).


Comme une récidive…


En 2013, Letis Diva artiste montante de la musique camerounaise portait plainte à MTN pour le plagiat de « courtes citations ». La jeune artiste camerounaise estimait que l’opérateur de téléphonie mobile avait emprunté sans son consentement l’expression « …que tu veux voir ?! » expression principale de son Single « On Va s’amuser » comme base de sa campagne MTN NJOH. Notamment avec des formules du genre « C’est le Njoh que tu veux voir !? » périphrase sans grande ambiguïté de « C’est les gars que tu veux voir !? », « C’est les go sexy que tu veux voir !? « C'est les mecs stylés que tu veux voir ? « C'est le Ndolo que tu veux voir ?». Quelques jours après la sortie de la campagne de MTN, Letis Diva notifiait par exploit d’huissier à l‘opérateur téléphonique sommation de lui payer le montant de 50 millions pour réparation des préjudices subit par la jeune artiste.


Jovi, met le piment dans la sauce d’Orange


MTN avait déjà en 2014 utilisé l’expression de Jovi « Et puis quoi ?! » pour servir de Baseline à une autre de ses campagnes. Le Monstre qui avait alors rendu le Hashtag #EtP8Koi populaire sur twitter n’avait pas manifesté sa désapprobation. Estimant certainement que cela contribuait à la promotion de son single dont la visibilité allait s’accroitre les semaines suivantes. Orange serait donc venu verser une goutte d’eau dans le vase à moitié plein du rappeur camerounais. La direction marketing d’Orange doit s’en mordre les doigts. Elle ne s’attendait pas en produisant une campagne intitulée « … dans la sauce », (une expression rendue populaire par Reniss) qu’elle allait avoir droit à des invectives aussi outrageantes. Dans une des premières affiches dévoilées de cette campagne publicitaire, on retrouve certains joueurs de l’équipe nationale fanion cuvée 2017 champions d’Afrique entrain de mijoter un délicieux bouillon avec ici trois piments (Vert-Rouge-Jaune), là-bas des condiments (oignons, cube, etc.) Trouvant l’opportunité de se faire une publicité gratuite et pourquoi pas se faire reverser quelques royalties importantes par l’opérateur téléphonique qu’il accuse de plagiat, Jovi a sur son compte twitter enjoint les responsables d’Orange sans courtoisie aucune à entrer rapidement en contact avec son label « New Bell Music » pour trouver une sortie honorable à ce vol de propriété intellectuelle. La violence verbale de l’avertissement dont le rappeur a fait montre n'avait d'égal que la haine qu’il semble porter de son plagiaire…


Est-ce véritablement un cas de plagiat ?


La toile et les réseaux sociaux qui pullulent de sabitou (toute catégorie confondue) ont vite fait de s’emparer du sujet brulant et de l’éplucher dans tous les sens. Quand pour certains il s’agirait d’un coup d’éclat de Jovi pour se rendre intéressant et d’attirer une fois de plus l’attention sur lui, pour d’autres, à l’instar de Krotal, doyen de la musique urbaine au Cameroun, il s’agirait bel et bien d’un cas patent de plagiat.


Qu’est-ce donc un plagiat ?


Le plagiat, c'est l'action de reproduire une œuvre (musicale, littéraire, ou autre), ou une partie d'œuvre, sans en avouer l'emprunt.

Un plagia rus était quelqu'un qui avait volé l'esclave d'un autre ou quelqu'un qui vendait en esclave un homme libre. Par extension, le mot a désigné par la suite les voleurs d'enfants jusqu'au XVIème siècle. Mais dès le premier siècle après JC, sous la plume de l'écrivain Martial Valère, le mot "plagiaire" est déjà utilisé pour désigner le vol de vers, à une époque où l'on s'écharpait déjà sur les droits d'auteurs...

Le mot vient du verbe plagier, qui lui-même vient du mot "plagiaire" qui désigne le coupable de plagiat et dérive directement du mot latin, « plagia rus ».


Du droit d’auteur…


Le droit d’auteur qui est l’ensemble des droits dont dispose un auteur ou ses ayants droit (héritiers, sociétés de production) sur des œuvres de l’esprit originales et des droits corrélatifs du public à l'utilisation et à la réutilisation de ces œuvres sous certaines conditions. Certaines œuvres ne sont soumises à aucune formalité préalable (comme une déclaration de l'œuvre par exemple) : il suffit de prouver qu'on est l'auteur, cette preuve étant libre.



La question du droit de courte citation s'analyse comme une exception aux droits d'auteur qui accordent tout contrôle à l'auteur sur la diffusion de ses œuvres. Dans un certain nombre de circonstances, un auteur ne peut s'opposer à la reproduction d'un extrait limité de son œuvre. La proportion ou le nombre de phrases varie d'un pays à l'autre. Dans certains cas, la jurisprudence a établi certaines proportionnalités.


Si le droit d'auteur repose sur des principes simples, concrètement, ça se complique très vite, les œuvres étant souvent collectives, et les droits cédés à des sociétés de perception et de répartition des droits.


Continuons dans la complexité avec une chanson. Une chanson suppose des paroles, et de la musique. Il y a donc un auteur et un compositeur (ça peut être la même personne bien sûr). Puis cette chanson va faire l'objet d'une fixation. Va donc s'ajouter aux titulaires de droit l'interprète, qui a ses droits voisins, mais aussi un autre auteur : l'arrangeur, qui va trouver la meilleure orchestration pour mettre en valeur l'œuvre et l'interprétation, et faire de la chanson un air qu'on reconnaît immédiatement et qu'on n'oublie pas ensuite (et un bon arrangeur peut faire toute la différence). Les choses vont encore se compliquer quand la réalisation de l'œuvre suppose des coûts importants (studio d'enregistrement, musiciens, ingénieur du son, matériel) : va intervenir alors le producteur, qui apporte l'argent nécessaire contre une cession des droits sur l'œuvre à venir, et l'éditeur (la maison de disque) qui va assumer le coût de la fabrication des copies (CD audio) et de la distribution dans les points de vente. Vous voyez pourquoi on peut parler d'industrie de la musique !?!


Pendant la durée des droits patrimoniaux, toute reproduction ou représentation de l’œuvre sans le consentement du titulaire de ces droits est en principe interdite. Toutefois, pour assurer un équilibre entre les droits de l’auteur et l’accès du public à l’information et à la culture, il est le plus souvent prévu un certain nombre d'exceptions dans le cadre desquelles il est possible de reproduire et de représenter l’œuvre sans autorisation préalable. Les exceptions concernent les seuls droits patrimoniaux, et non le droit moral. C’est pourquoi il est obligatoire de citer le nom de l’auteur à chaque utilisation de l’œuvre. Certaines exceptions ne concernent que le droit de reproduction (copie privée), d'autres seulement le droit de représentation (cercle de famille). La plupart des exceptions couvrent cependant ces deux prérogatives.


Ayant utilisé l’expression « …dans la sauce » rendu vulgaire par la chanteuse Reniss dans un but commercial, Orange se serait effectivement rendu coupable de plagiat. Toutes fois, il appartiendra au juge de déterminer après enquête si cette expression devenue populaire est un concept qui appartient réellement au Label « New Bell Music » de Jovi Le Monstre. Toute chose qui ne sera pas aisé à prouver.