Franko ou le porte étendard d’un Hip Hop Camerounais ambitieux

“L'ambitieux ne se laisse pas vivre ou pousser par les événements extérieurs, mais se projette lui-même à moyen et long terme, prenant en main sa vie de manière responsable, dynamique et optimiste, dans un esprit de conquête qui permet de surpasser les obstacles.”

Cette phrase nous a inspiré ce post. Nous y voyions la force et l’énergie que les acteurs de la musique urbaine mettent dans leur travail pour atteindre leur principal objectif: exister.

En 2013, lorsque nous lançions la plateforme “Mboa Urban Music” et nous préparions la sortie du premier volume de notre compilation “La MboaTape”, j’ai eu l’opportunité de présenter notre projet à l’occasion d’une interview que m’avait accordé le webmagazine Afrokanlife. À l’époque déjà, nous étions guidés par la volonté de “pouvoir faire consommer au maximum de personnes la musique urbaine à la sauce camerounaise” et ma vision était la suivante:

“J’espère que d’ici quelques années on écoutera autant la musique de chez nous que l’on peut écouter des artistes comme Fally Ipupa ou WizKid et que cette tendance s’étendra au-delà de nos frontières”.

3 ans et un “Coller la petite” plus tard, la musique urbaine Camerounais est invitée à la même table que ces goleadors de la musique africaine. Franko en est le porte étendard avec ses 3 nominations aux MTV Africa Music Awards qui se tiendront à Johannesburg, le 22 Octobre prochain. Historique!
Il aura fallu 12 ans à Franko pour en arriver là mais nous serons tous d’accord, il a eu raison d’attendre.

Tout commence en 2003 à Douala, avec le groupe Babylone Squad. Il y fait ses premières armes et découvre la scène par le biais de concerts scolaires pendant ses années de lycée. En 2007, Franko participe à la compétition Challenges Vacances et tente le Mboa Come Test en 2010. A chaque fois, il sort vainqueur dans la catégorie Rap.

Ses performances et son originalité lui valent d’être remarqué par des promoteurs culturels qui lui ouvrent les portes des premières parties d’artistes internationaux dont Sexion d'Assaut, Toofan, Zaho, 2face Idibia ou encore Chidinma.

En 2012, paraît “C'est le rap que tu veux voir?”, premier album de Franko dont est extrait le single “Fille d’aujourd’hui’ qui lui a permis de se faire remarquer par le grand public. Bien reçu par la critique et porté par la popularité de son single, Il est nominé en 2014 au Canal d’or dans la catégorie “Artiste / Groupe de l’année”.

Prix que remportera Stanley Enow qui venait de vivre une année exceptionnelle avec son hit “Hein Père” et une victoire aux MTV Africa Music Awards, la première pour un artiste camerounais.

Concentré sur son objectif, Franko ne lâche rien et en 2015, il a une intuition. Comme il nous l’a confié lui-même dans l’interview qu’il nous a accordé il y a quelques mois:

"J’ai tellement rappé en respectant les normes et codes du rap pendant longtemps.’’Coller La Petite‘’ était une nouvelle expérience musicale pour moi et selon moi, quand je revisite mon répertoire, elle est la dernière chanson sur laquelle j’aurai misé”.

Avec “Coller La Petite’, Franko tient la chanson qui va changer le cours de sa vie. Tube planétaire. En studio, Franko ne savait pas qu’il était entrain d’écrire l’histoire et pourtant.

La chanson est en tête des charts et en playlist de radios internationales, les célébrités et peoples du monde entier participent à la viralité du titre. La vidéo dépassera les 30 millions de vues en quelques mois. Jamais auparavant dans la musique urbaine Camerounaise, un single était parti aussi loin.

Après avoir passé une bonne partie de l’année en tournée internationale et publié deux nouveaux singles “Téléphone” et “Faut pas taper sur Madame”, Franko voit une dizaine d’années d’efforts récompensée en étant nominé dans 3 catégories aux MTV Africa Music Awards 2016 : Song of the year, Best Breakthrough act et Best Francophone en compagnie d’une autre étoile Camerounaise, Magasco.

Franko, c’est l’histoire d’un artiste qui n’a rien lâché, dont la patience et l’intuition ont rencontré un contexte dans lequel “l’Afrotrap” trouvait ses marques et devenait une tendance.

Franko, c’est la représentation du rêve/ du fantasme d’une jeunesse qui se bat depuis des années pour être reconnue à sa juste valeur et faire briller le drapeau du Cameroun hors de nos frontières. Finie l’époque où l’on s’interrogeait sur la capacité de notre musique et de nos codes à s’exporter. Avec “Coller La Petite”, c’est la culture camerounaise que Franko a mis en lumière.

Stanley Enow et “Hein Père” avaient ouvert la porte, Franko s’est assis à la table. À travers lui, chaque artiste peut tirer un enseignement, il suffit d’un titre, d’une bonne intuition qui s’inscrit dans un contexte donnée. Avec Maalhox, Mr Leo, Locko ou récemment le succès de Mink’s, l’équation se vérifie.

Bien que du fait d’un petit nombre (pour l’instant), la musique urbaine Camerounaise a passé un cap. Le défi aujourd’hui pour ses acteurs n’est plus d’exister mais d’en vivre.

Rappelez-vous la citation au début du post, être ambitieux c’est être habité “d’un esprit de conquête qui permet de surpasser les obstacles”. Nous avons d’autres portes à enfoncer alors un seul mot “continuons!”.

Soutenez Franko et Magasco en votant massivement à l'adresse http://mama.mtv.com/voting/