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Culture of Friday, 22 May 2015

Source: doualackomentmag.com

Céline Victoria Fotso speaks

Céline Victoria Fotso est la jeune femme à la tête de Je Wanda Magazine. Agée de 35 ans, elle se définit elle-même comme une femme: « franche, créative et pugnace ».

Connue sur la toile à la fois pour le succès de son magazine mais aussi pour sa personnalité bien trempée, elle a accepté de partager avec nous quelques mots sur son quotidien et sa vie professionnelle.

A quelques semaines de la sortie du YCK08 dans lequel vous retrouverez une interview complète retraçant son parcours, nous vous proposons de découvrir en quelques mots cette business woman dont la réussite n’est aujourd’hui plus à questionner.

Alors Céline, quel est votre plat préféré?

« C’est une question difficile mais je dirais le Ndolè (plat traditionnel Douala) … Du moins, en ce moment. Mais ce n’est pas mon plat préféré de toute la vie. C’est plus ce que j’aime manger en ce moment, avant lui c’était le poulet DG »

Parlons de musique, quel est votre artiste camerounais préféré?

» Je ne suis pas sûre d’être capable de déterminer un seul artiste camerounais. Mais une chose est sûre en musique je valorise le mélange de l’ancien et du nouveau. Je suis très attachée aux artistes qui contribuent à revaloriser la musique camerounaise au sens propre. Je pense qu’il est important de pouvoir écouter une chanson et se dire : ça c’est camerounais.

Pour moi cela peut passer par de nombreux biais : des mots, des rythmes ou même un accent. A l’époque, on ne se posait même pas la question. Les genres étaient clairement identifiables du Makossa au Bensikin en passant par le Bikutsi.

Aujourd’hui, même ces genres musicaux purement camerounais ont été quelque peu dénaturés. A mon sens, les nouveaux n’ont pas encore réussi à détrôner les pontes de ces domaines. Les derniers dinosaures sont des artistes tels que Petit Pays.

Du fait de mon attachement aux rythmes et valeurs locales, je valorise et respecte dans la musique urbaine ceux-là qui préservent l’héritage culturel camerounais en essayant de se l’approprier pour faire quelque chose de moderne.

Quel intérêt pour un artiste camerounais de faire du R&B si celui-ci n’a aucun signe distinctif avec les USA ? Pareil pour le RAP, quel est l’intérêt de faire du rap à la française sans aucune touche locale ? Selon moi aucun. Beaucoup d’artistes aujourd’hui ne comprennent pas que c’est la clé de leur succès. Même à l’étranger, les musiques urbaines se sont développées en reprenant des bases locales.

Le consommateur recherche l’authenticité. Quand tu mets dans ta musique des mots, des rythmes ou un simple accent, tu crées en lui quelque chose, tu crées des repères. La musique est un produit comme les autres. Il faut s’adapter à la demande actuelle tout en gardant sa touche personnelle. Il est important que le consommateur se retrouve dans ce qui lui est proposé. » Parlons entrepreneuriat féminin …

Au Cameroun à quoi cela vous fait-il penser?

» La première chose qui me vient en tête quand j’entends entrepreneuriat féminin au Cameroun c’est « Bayam Sellam ». En effet, elles sont l’exemple type de la femme entrepreneur camerounaise. Je trouve qu’on ne leur donne pas assez de lettre de noblesse.

Pourtant, c’est grâce à elle que nous vivons. Les marchés sont au cœur de la vie quotidienne de tous les camerounais. On aura beau avoir tous les supermarchés que l’on veut, on ira tout de même au marché pour acheter certains produits locaux. D’autant plus que, aller dans un super marché n’est pas vraiment dans les mœurs des camerounais.

Une « Bayam Sellam » est un pilier de l’activité économique au Cameroun. Elle est l’exemple même de l’entreprise de proximité qui s’adapte à la vie de tous les foyers. »

Venons-en à vos inspirations …

Quelle est la personne qui vous inspire au quotidien ?

« Ce n’est pas forcément évident de répondre à cette question, mais je vais dire mon grand-père paternel. Je pense qu’il m’a inspiré sans même le savoir. Si à 16 ans je voulais déjà être chef d’entreprise, inconsciemment c’est parce que je le voyais lui. Son parcours m’a appris que l’on peut tout faire et tout devenir.

Il n’est pas vraiment aller à l’école, il a commencé sa vie active dans les marchés et cette histoire a toujours guidé mes actes. Le roman qui a été écrit sur sa vie a été publié quand j’étais encore très jeune, mais je sais qu’en terme d’entrepreneuriat et affaires il a été pour moi une inspiration. »

Quelle est votre devise dans la vie de tous les jours ?

Je dirais : « Ne rien lâcher » !

Pour moi cela ne signifie pas seulement ne pas abandonner mais surtout être constant. Très vite, je me suis rendue compte que j’étais une personne pleine de talents. Beaucoup de mes proches me l’ont souvent fait remarquer : une âme artistique, une belle plume et bien d’autres. J’ai connu pas mal de personnes plein de talents comme moi, qui ont eu de très beaux projets, ont même eu beaucoup d’argent, mais qui par manque de constance n’ont pas réussi à capitaliser sur ceux-ci.

J’ai vite compris que j’étais quelqu’un qui s’excitait énormément en amont mais qui une fois le projet lancé avait beaucoup de mal à tenir dans la durée. Ne rien lâcher c’est pour moi toujours finir ce que j’ai commencé. J’ai donc décidé dans un premier temps de me concentrer sur ma marque : Je Wanda. Quand j’aurais la certitude que celle-ci s’est imposée, je pourrais lancer d’autres projets.

Avoir de multiples talents est à la fois une bénédiction et une malédiction. Si on ne sait pas se canaliser on risque de faire tout et rien à la fois. Il faut essayer de se focaliser sur une ou deux choses et développer celles-ci.

Quelle est l’initiative camerounaise qui vous a le plus marqué en 2014?

L’initiative qui m’a le plus impressionnée est celle d’Alain Nteff et son application Gifted Mom. Son application, son parcours, la continuité je trouve cela magnifique. Développer une application à vocation sociale c’est une très belle idée. Au Cameroun, nous avons de nombreux besoins qu’une simple application peut aider à résoudre. Et de voir que c’est un jeune qui lance cela, même moi ça me fait rêver!

Pour finir, pouvez-vous nous donner trois mots pour décrire le Cameroun? « Je dirais riche, complexe et beau. »