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Culture of Thursday, 1 February 2018

Source: auletch.com

Affaire Kongossa au Cameroun

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Auparavant le kongossa avait pour champ géographique, le kwatt; et pour définition, les potins glanés dans les salons de coiffures, boutique du Maguida ou encore chez Mami Makala. On l’attribuait même exclusivement à la gente féminine, qualifiant cette dernière d’experte en ragots et colportrice attitrée de rumeurs en tout genre. Mais un constat est fait aujourd’hui : ce bouche-à-oreille, principale source d’informations de beaucoup de personnes, s’est amplifié et digitalisé à cause de/grâce à Paa’a Zuck et son histoire de Facebook là. Vrai vrai, même Hi5 n’avait pas cette force de frappe !

Il suffit d’accéder à son compte pour être au courant des derniers ragots. Avec l’essor d’histoires pseudo-rocambolesques dont personne ne connaît réellement les tenants et les aboutissants, on touche le fond ! A croire que des personnes, qui n’ont rien d’autre à faire, se creusent inlassablement la tête pour dénicher une actualité , se plaisent à diffuser tout et n’importe quoi sans se soucier de la véracité de leurs propos, afin de faire plaisir à leurs fanatiques toujours à l’affût des derniers ragots. Ce phénomène réel, bien que virtuel, nous montre à quel point les gens s’ennuient et ont soif de bêtises. Ne dit-on pas que le travail éloigne de nous 3 maux, à savoir l’ennui, l’envie et le besoin ? mais nos profs là, vous diront qu’ils sont busy. S’occuper de la vie des autres … Akieuuu, ça donne l’argent ?

Les réseaux sociaux sont devenus le lieu par excellence de partage d’informations véridiques ou pas, mais surtout d’histoires en tout genre dont personne ne connaît la source. Une citation dit qu’on peut tromper une fois mille personnes mais on ne peut pas tromper mille fois une personne. Cependant je me rends vite compte, vu l’effervescence qu’il y a autour d’histoires incongrues sur la toile, qu’on peut tromper mille personne non pas seulement mille fois, mais un million de fois. Il suffit de monter une bonne histoire – un truc bien ficelé -, de le balancer sur les réseaux sociaux, croiser les bras et le kongossa fera le reste ; l’audience espérée sera atteinte et le buzz sera effectif. Si tu blagues même on va corriger ton histoire en augmentant une partie fictive dessus ! Tu vas seulement wanda sur ce qu’elle est devenue. Quand c’est alors les histoires de lass* hein, moomooo, c’est chacun qui sort sa part ! C’est là où tu confirmes que c’est dans le sang. Le kongossa heinnn !

On speak comme ça mais le kongossa n’a pas que des mauvais cotés ! Il y a des histoires ici dehors que si ça n’avait pas été les ragots, on n’aurait jamais été au courant alors qu’on devrait normalement en parler au journal télévisé. Ne dit-on pas souvent qu’il n ya pas de fumée sans feu ? Pourquoi attendre que le feu nous brûle avant de réagir ? Mieux le kongossa nous met au courant !

Reconnaissons aussi que le kongossa est un moyen de regrouper les peuples ; que quelque part, ça fait aussi parti de notre culture. Rien de tel que de s’asseoir autour d’une bière et de taper les divers sur les ways du kwatt. On a tous ou presque connu ce qu’on appelait “le Parlement” dans notre enfance, ce banc public où les gars du kwatt se rassemblaient pour nak les divers. On n’y faisait que du kongossa, mais je vous assure que ça consolidait les liens d’amitié. Vous l’aurez compris, les hommes sont désormais champions dans le domaine !

Force est de constater que le kongossa a des bons cotés mais, il est important de ne pas tomber dans l’excès et la désinformation. Car tout ce qui ressemble de loin à la fumée ne vient pas forcement d’un feu, peut-être juste un tourbillon de poussière.