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Actualités Criminelles of Tuesday, 19 September 2017

Source: L'Oeil du Sahel

Extrême-Nord: deux preneurs d’otages brulés vifs

Les deux ravisseurs ont été rapidement identifiés. Les deux ravisseurs ont été rapidement identifiés.

L’occasion fait le larron. Profitant de l’attention particulière portée par les forces de défense et de sécurité à la question de Boko Haram, des bandes armées ont discrètement refaitsurface dans une zone à cheval entre le département du Mayo-Louti dans la région du Nord et celui du Mayo-Tsanaga dans la région de l’Extrême-Nord.

A leur actif, l’on dénombre déjà plusieurs exactions. La dernière en date est l’oeuvre d’un de ces groupes fort de plus d’une dizaine d’hommes armés de fusil sde guerre. Le 08 septembre dernier, ledit groupe a procédé, à Rhumsiki, dans l’arrondissement de Mogodé, à l’enlèvement de deux personnes : l’imam de la mosquée de la localité, Mal Kary, et un enfant du nom de Souleymanou Abba Alhadji.

Venus chercher son père, absent cette nuit-là, les ravisseurs ont jeté leur dévolu sur lui. Tous les deux otages sont des Peuls, en raison de leur supposée fortune liée au bétail. Il faut dire que cette communauté est leur principale cible. Quelques jours avant leur opération à Rhumsiki, ce groupe avait déjà enlevé deux personnes à Bourha et deux autres à Gamboura. Les ravisseurs, un groupe de 13 à 17 hommes selon des témoignages concordants, sont aperçus quelques jours plus tard à Houbaré, une localité située entre Hina et Mogodé.

«Après leur forfait, ils ont appelé Mbekou Hassa, un habitant de Rhumsiki, pour lui communiquer le montant de la rançon qui s’élèvaient à 12 millions FCFA si nous souhaitions revoir les otages vivants», rappelle une source à Rhumsiki. Après concertation, les familles des otages sollicitent auprès des ravisseurs un minimum de temps pour réunir les ressources nécessaires. Quelques jours plus tard, précisément le 14 septembre 2017 vers 18h30, le jeune Hamidou Alhadji Adamou et son compagnon vont faire paître du bétail sur la montagne. Ils habitent Rhumsiki.

Chemin faisant, les deux bergers croisent le groupe des ravisseurs au niveau d’une rivière. Ils tentent de s’enfuir mais sont aussitôt arrêtés et fouettés. Hamidou Alhadji Adamou est retenu en otage et son compagnon, fils du chef du quartier Passa, est libéré au motif que son père n’a pas les moyens de payer une rançon. Ce dernier, retourné à la maison, sonne l’alerte. La mobilisation est aussitôt décrétée dans les villages ceinturant Gamboura, à savoir Rawouli, Guili, Passa…

Alors que les populations s’organisent pour mettre la main sur la bande armée qui multiplie les exactions dans le secteur, un fait anodin va leur faciliter la tâche. Vers 20h, deux membres du groupe des ravisseurs ont eu la mauvaise idée de s’introduire dans un domicile à Rawouli pour violer une jeune fille. Les cris de cette dernière alertent la population, déjà mobilisée. Une coursepoursuite est engagée à l’issue de laquelle deux ravisseurs sont arrêtés près d’un cours d’eau. «Ils ont été interrogés et ont déclaré que leurs chefs se trouvaient à Guider et à Hina», informe un riverain.

Les deux ravisseurs ont été rapidement identifiés. Le premier résidait à Modelé dans le canton de Mogodé tandis que le second était originaire de l’arrondissement de Hina», explique un riverain. Après leur «audition», les deux ravisseurs ont été brûlés vifs. Un acte diversement apprécié par la population. «Ce sont des gens qui ont beaucoup d’argent et qui pouvaient recouvrer la liberté au moyen de la corruption des autorités. Nous préférons nous-mêmes rendre cette justice une fois pour toute que de laisser leur sort en des mains incertaines», résume un témoin.

Pas certain toutefois que cette sortie violente de la population calme l’ardeur des groupes armés qui sévissent dans cette région avec des places fortes dans les environs de Guili et de Hina. D’ailleurs, le 15 septembre 2017, soit une journée seulement après cet incident, le même groupe armé s’est acharné sur une vieille femme dans le village Daba.

Celle-ci s’en est tirée avec une jambe fracturée. «Les forces de sécurité doivent agir car l’on ne peut pas laisser circuler de tels groupes armés sur notre territoire. Disposer du bétail ou montrer quelques signes de richesse aujourd’hui peut vous être fatal. Si rien n’est fait les gens vont abandonner nos villages pour s’installer ailleurs», fulmine Alhadji.