Le président camerounais Paul Biya, âgé de 92 ans, qui est également le plus vieux dirigeant au monde, a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle du 12 octobre.
Dans une déclaration publiée aujourd'hui sur les réseaux sociaux, il a attribué sa décision de briguer un huitième mandat aux « appels nombreux et insistants des dix régions de notre pays et de la diaspora ».
«Je suis candidat à l'élection présidentielle du 12 octobre», a-t-il déclaré.
«Soyez assurés que ma détermination à vous servir est à la hauteur des défis importants auxquels nous sommes confrontés », a-t-il ajouté.
Le règne de près de 43 ans de Paul Biya a été critiqué, beaucoup invoquant la corruption, le détournement de fonds, la mauvaise gouvernance et l'incapacité de son administration à relever les défis en matière de sécurité.
Sa candidature à l'élection fait suite à une récente rupture politique avec ses principaux alliés des régions du nord, qui avaient joué un rôle crucial dans l'obtention des votes de cette partie stratégique du pays lors des élections précédentes.
Si M. Biya, qui n'a jamais perdu une élection présidentielle, obtient un nouveau mandat de sept ans, il aura presque atteint l'âge de 100 ans à la fin de son mandat.
Avant son annonce, des voix s'élevaient de plus en plus, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Cameroun, pour lui demander de se retirer et de laisser la place à un nouveau visage à la tête de cette nation d'Afrique centrale.
Cependant, lors de son discours à la nation de fin d'année, le dirigeant camerounais avait laissé entrevoir qu'il pourrait solliciter un nouveau mandat.
Il a remercié ses compatriotes pour le « soutien massif » qu'ils n'ont «cessé » de lui «apporter pendant toutes ces années », et affirmé que sa « détermination à servir reste intacte et se renforce au quotidien ».
Il a qualifié 2025 comme une année pleine de défis avant de se montrer optimiste. « Oui, mes chers compatriotes, nous saurons, ensemble, comme par le passé, transformer ces défis en opportunités. Et nous continuerons, ensemble, notre marche déterminée vers le progrès, dans la sécurité et la paix. »
À l'approche de cette élection, le taux de chômage élevé et la flambée du coût de la vie préoccupent de nombreux Camerounais, tout comme la corruption et la sécurité.
Une insurrection séparatiste dans les provinces anglophones ainsi que les djihadistes opérant dans la région la plus septentrionale ont contraint des milliers de Camerounais à quitter leur foyer au cours de la dernière décennie.
Qui fera face au "Sphinx" ?
Des défections récentes ont été enregistrées parmi des proches du président Biya qui ont annoncé leur intention de candidature.Issa Tchiroma Bakary, ministre éminent et allié de longue date de M. Biya, a démissionné du gouvernement camerounais le 24 juin dernier dans l'espoir de mettre fin, lors des prochaines élections, à l'emprise que le président Biya, âgé de 92 ans, exerce sur le pouvoir depuis quatre décennies.
À seulement quatre mois des élections dans ce pays d'Afrique centrale, M. Tchiroma a déclaré que le gouvernement Biya auquel il appartenait avait « trahi » la confiance du public et qu'il rejoignait un parti rival.
Bello Bouba Maigari, ministre camerounais du Tourisme et compagnon de longue date de Biya, décide lui aussi d'annoncer sa candidature le 28 juin.
Ces deux figures importantes du régime sont tous originaires du nord.
De l'autre côté, il y a Maurice Kamto, ancien ministre délégué à la justice, devenu farouche opposant au régime de Yaoundé. Il est arrivé officiellement deuxième lors de la dernière présidentielle.
Kamto a passé neuf mois en détention après avoir contesté les résultats du scrutin de 2018, les autorités ayant accusé l'ancien professeur de droit d'insurrection à la suite de manifestations organisées par ses partisans, qui affirmaient que le scrutin avait été truqué en faveur de Biya. Le gouvernement a nié ces allégations.
Lors de son séjour à Paris le mois dernier, Kamto a promis qu'il protégerait Biya et sa famille s'il remportait les élections d'octobre.