Infos Sports of Tuesday, 30 December 2025

Source: www.camerounweb.com

CAN 2025- Le Cameroun de David PAGOU : une dualité tactique entre audace et pragmatisme

David PAGOU David PAGOU

Après deux matches de phase de groupes à la CAN 2025, les Lions Indomptables du Cameroun de David Pagou affichent deux visages tactiques distincts : un 3-4-2-1 offensif face au Gabon et un 3-5-1-1 défensif contre la Côte d'Ivoire. Si cette flexibilité tactique constitue un atout indéniable, elle révèle également les failles d'une équipe qui privilégie la prudence au détriment de l'efficacité offensive. Analyse d'une dualité stratégique qui pourrait déterminer le parcours camerounais dans la compétition.





CAN 2025- Le Cameroun de David PAGOU : une dualité tactique entre audace et pragmatisme

Après deux matches, les Lions Indomptables alternent entre 3-4-2-1 offensif et 3-5-1-1 défensif, révélant une approche flexible mais soulevant des questions sur leur équilibre.
À l’issue des deux premières journées de la Coupe d’Afrique des Nations 2025, les Lions Indomptables de David Pagou ont livré un visage tactique double. Une victoire étriquée face au Gabon (1-0) suivie d’un nul arraché contre la Côte d’Ivoire (1-1) expose les choix et les dilemmes d’un sélectionneur qui jongle entre identité offensive et réalisme défensif. Derrière les quatre points glanés, se dessine un projet construit autour du milieu de terrain, mais qui peine encore à libérer son attaque.
Match 1 : Le 3-4-2-1, une ouverture maîtrisée mais perfectible
Face au Gabon, Pagou a surpris en alignant un 3-4-2-1 ambitieux. L’idée était claire : étouffer un adversaire réputé pour ses transitions rapides par un bloc compact et une supériorité numérique au centre. Le dispositif reposait sur deux milieux offensifs, Danny Namasso et Bryan Mbeumo, positionnés dans les demi-espaces derrière l’avant-centre Karl Etta Eyong. Cette configuration visait à accroître la créativité et le pressing haut.
En milieu, la ligne de quatre (Yongwa, Avom, Baleba, Tchamadeu) assurait un équilibre entre récupération et projection. Le jeune Baleba Carlos , en particulier, s’est imposé comme le régulateur, fluidifiant les relances. Résultat : une victoire nette grâce à un but en première période de Karl ETTA, et une fermeture de match maîtrisée. Toutefois, le système a parfois exposé les défenseurs centraux (Tolo Nouhou , Kotto, Che Malone) sur les côtés, les pistons devant couvrir de larges couloirs. Un risque calculé, payant ce jour-là.
Match 2 : Le 3-5-1-1, le pari de la prudence
Pour affronter les Éléphants de Côte d’Ivoire, bien plus puissants offensivement, Pagou a opéré un revirement stratégique marqué. Le 3-4-2-1 a cédé la place à un 3-5-1-1, renforçant le milieu par un cinquième homme. L’objectif : verrouiller l’axe, zone névralgique du jeu moderne, et contenir les assauts ivoiriens.
Dans ce schéma, un seul meneur Bryan Mbeumo évoluait derrière l’attaquant (Kofane), tandis que les pistons Yongwa et Tchamadeu devaient afficher une polyvalence défensive et offensive. Le trio de milieux centraux (Avom, Baleba, Namasso) densifiait le cœur du jeu, protégeant une défense à trois solide (Tolo, Malone, Kotto). Le nul obtenu est le fruit de cette organisation rigoureuse, mais il met en lumière une limite majeure : l’isolement de l’avant-centre et la difficulté à créer du danger.
Analyse de CFOOT: Les forces et les zones d’ombre d’une double identité
1. Une flexibilité tactique rare et précieuse
David Pagou démontre une capacité à adapter son dispositif selon l’adversaire. Contre le Gabon, le message était un désir de domination ; face à la Côte d’Ivoire, la priorité était la prudence. Cette agilité est un atout en tournoi court, où la surprise tactique peut faire la différence, surtout en phase à élimination directe.
2. Le milieu, pierre angulaire du système
Que ce soit en 3-4-2-1 ou en 3-5-1-1, le milieu camerounais en est le pivot. Baleba y incarne le métronome, Avom le récupérateur, et les latéraux (Yongwa, Tchamadeu) des éléments clés pour la largeur et la profondeur. Cette emprise centrale compense certaines carences offensives et protège la défense, mais elle use physiquement les joueurs et les expose tactiquement.
3. L’attaque, parent pauvre des deux schémas
Un constat s’impose : l’avant-centre, qu’il s’agisse d’Etta Eyong ou de Kofane, est souvent condamné à un rôle ingrat. Peu servi, obligé de jouer dos au but, il peine à s’exprimer. Le 3-5-1-1, en particulier, protège l’équipe mais « affame » son pointeur. La position de Bryan Mbeumo en meneur axial pose aussi question : explosif et adepte de la percussion à Manchester United , il n’est pas un numéro 10 naturel et s’y trouve bridé, affectant la liaison avec l’avant.
4. Un équilibre entre contrôle et créativité
La lecture globale de ces deux matches révèle un Cameroun qui privilégie la sécurité à l’audace, la discipline à la prise de risque. Si le 3-5-1-1 est cohérent et réfléchi, il traduit une certaine crainte du déséquilibre. À long terme, une prudence excessive peut se révéler coûteuse, notamment face à des équipes capables de verrouiller les couloirs et d’isoler encore plus l’attaque.
Perspectives : Quelle voie pour la suite ?
Le Cameroun aborde la suite de la CAN avec deux visages tactiques crédibles. Cette dualité est un atout, à condition de ne pas perdre en cohérence collective. Pour aller loin, Pagou devra peut-être trouver un juste milieu un système qui préserve la solidité défensive tout en libérant davantage son trident offensif (Mbeumo, Namasso, l’avant-centre). Les prochains matches, notamment en phases finales, exigeront peut-être un peu plus d’ambition créative.
David Pagou a réussi son premier pari : adapter son équipe pour obtenir des résultats. Mais le plus grand défi reste à venir : concilier prudence et efficacité offensive pour transformer cette équipe organisée et flexible en une réelle prétendante au titre. Les Lions Indomptables ont montré qu’ils pouvaient changer de peau. Reste à savoir laquelle ils porteront au moment décisif.
Pour notre part à CFOOT , nous pensons qu'on gagne la CAN en marquant surtout des BUTS.
BLAISE ETONGTEK | Rédacteur CFOOT