Vous-êtes ici: AccueilSport2021 11 23Article 629812

Infos Sports of Tuesday, 23 November 2021

Source: La Nouvelle Expression

Can 2022, C’est notre équipe nationale qui me fait le plus peur - Jean Paul Akono

Jean Paul Akono Jean Paul Akono

De passage à Douala le 7 novembre 2021 dernier Jean Paul Akono après l’émission Dimanche avec Vous sur Equinoxe télévision a donné une grande interview à La Nouvelle Expression. Le seul entraîneur local à avoir remporté le plus grand titre majeur avec les Lions Indomptables, la médaille olympique en 2000 revient sur son état de santé.

Il nous parle de cette période sombre dé sa vie qui l’a presque paralysée et qui l’a maintenue loin des stades de football depuis de nombreuses années. Après cette épisode sombre, il nous parle aussi de l’assistance salutaire de Samuel Eto’o fils qui en prenant en charge son évacuation sanitaire lui a donné une seconde change de vie. Toujours lié au label Lions indomptables dans l’esprit comme dans l’âme, Jean Paul Akono parle de la préparation de la coupe d’Afrique des nations que le Cameroun abrite en janvier 2022 et de ses inquiétudes concernant l’équipe nationale de fanion de football.

Critiquant de manière acerbe Antonio Conceicao qui multiplie des essais au sein des Lions Indomptables, Magnusson pense qu’il faut prendre des mesures drastiques qui s’imposent pour permettre aux Lions Indomptables de redorer leur crinière. Et surtout éviter d’être ridicule durant cette deuxième édition de la Can qui se joue à domicile.

Dans cette interview à bâton rompu, l’ancien joueur du Canon sportif de Yaoundé a remonté le temps pour parler de la Can de 1972, la première qu§ le Cameroun a accueillie. Il s’est attarde sur cette élimination à l’étape des demi-finales par les Diables rouges du Congo devant le président Amadou Ahidjo (1-0), une équipe que les Lions indomptables ont battu en match amical 7 buts contre un. Jean Paul Akono à 70 ans révolu n’a pas manqué d’évoquer ces problèmes de primes qui pourrissent la tanière des lions indomptables à chaque moment de la compétition.

Comment se porte le Coach jean Paul Akono ?
Ça va, Je vais bien, je me porte bien et très bien d’ailleurs. Les moments difficiles que j’ai eus se trouvent maintenant derrière moi. Maintenant on essaie de voir l’avenir avec d’autres ambition^ Je ne crois pas que ce soient d’autres ambitions qui manquent. Je me porte .bien même si le genou me dérange encore un peu. Mais cela ne peut pas m’interdire de faire quoi que ce soit.

Vous sortez d’une maladie qui vous a éloigné des stades pendant au moins trois ans. Comment avez-vous passé ces moments coach ?
C’étaient des moments difficiles et très difficiles. Surtout que je ne pouvais pas penser que je pouvais en être victime un jour. Et tel que cela m’est arrivé, je vous assure que c’était beaucoup plus surprenant. Heureusement, Dieu merci, j’ai un peu récupéré. Car, je n’arrivais pas à bien parler. Et tout ça, c’est ce qui caractérise les accidents vasculaires cérébraux (Ave), vous avez des difficultés d’élocution, vous avez des difficultés de mouvement. Soit ça vous paralyse un côté ou les deux soit les membres supérieurs ensuite ça c’est inévitable, vous n’arrivez pas à parler. Pour me résumer, ce sont des moments très difficiles que j’ai vécus heureusement que c’est maintenant derrière moi.

C’est arrivé quand exactement ?
Je crois que c’était en 2013 et c’était à cause de certaines situations qui m’ont été imposées et que psychiquement et psychologiquement, je n’ai pas pu supporter. Même si de l’extérieur, j’étais convaincu qu’un truc comme ça ne pouvait pas m’arriver. Mais, le corps a un fonctionnement que nous ne maîtrisons pas.

Il y a des choses qui vous frappent à l’extérieur et qui ont des répercussions à l’intérieur de vous. Et c’est ça la cause des Ave. Si vous regardez autour de vous, vous constaterez que ceux qui souffrent souvent des Ave, ceux-là qui ont gardé des choses qu’ils devaient extérioriser un peu plus. C’est ceux-là qui ont gardé des choses qu’ils ne supportent pas. Ça crée donc ce traumatisme du cerveau qui vous paralyse le corps tout entier.

Est-ce que vous pouvez nous parler de cette chose qui vous a tant choquée ?
C’est le ministre des sports de l’époque qui trouvait qu’il allait me dégager. Et qui avait fait un faux rapport sur des choses que je n’ai pas eu à dire et sur des choses que je n’ai pas faites ou eu à revendiquer. Il est parti en haut lieu où toute information est sensible et où on ne prend pas de temps pour vérifier. Heureusement, pour une fois on a vérifié et on a trouvé que je devais continuer .Malheureusement, c’est là que j’ai senti que cela m’avait tellement choqué que ça m’a détruit une partie du cerveau. C’est ainsi que j’ai eu l’Avc. Si vous voyez qui était ministre des sports en 2012 et 2013, vous le reconnaîtrez.

Vous avez également réclamé le paiement de vos primes d’encadrement de l’équipe nationale restées impayés depuis des années. Où en êtes-vous avec ce problème ?
Le problème de prime est récurrent à l’équipe nationale du Cameroun. Je ne sais pas pourquoi les gens ne s’y prennent pas à temps. Vous savez, le président de la république a sorti tout un décret pour la régularisation de ces primes et la fixation des montants. Selon les compétitions, matchs amicaux, matchs de compétition, à la Can ou à la coupe du monde.

Bref ce à quoi les joueurs vont s’attendre. Il avait donné un délai pou leur mise à disposition. Il est dit qu’au moins trois avant une compétition, les primes doivent être définies et arrêtées à l’avance. Pour que, quand les joueurs entrent en compétition que ce soit des problèmes évacuent.

Ils se sont entendus qu’on devait souvent convoquer le capitaine ou une délégation des joueurs et les dirigeants de la Fecafoot et ceux du ministère des sports et de l’Éducation physique pour qu’on arrive à un compromis pour arrêter toute sorte de prime avec leur échelonnement. A savoir, prime de match du premier tour, celle du deuxième tour, prime des quarts de finale, des demi-finales, prime de vainqueur, prime de participation. Bref, tout ce qu’il y a comme prime. Et malheureusement, c’est comme si ce décret ne dit rien aux gens.

C’est à la dernière minute qu’on vient parce qu’ils savent qu’ils doivent mettre les joueurs devant les faits accomplis et les joueurs qui savent que le Chef de l’État avait signé un tel décret disent à leur tour non. C’est pour cela qu’il y a ces nombreuses grèves que vous voyez au sein de nos équipes nationales quand on va dans les compétitions. Parce que rien n’est arrêté à I’ avance. Vraiment, cela déteint sur la performance de chaque joueur individuellement et sur celle de l’équipe.

D’après vous, est-ce de la mauvaise foi ?
Oui il y a lieu de croire que c’est de la mauvaise foi. Parfois même c’est de l’insubordination au décret du président de la République et au président de la République lui-même. Le Président de la République signe un décret, il devient une loi. Ce sont des instructions. Quand le président de la République promulgue une loi, on l’applique d’abord même si elle est mauvaise. Mais tu trouves quand même des gens qui ne font rien à un mois de la compétition.

Et c’est à trois jours de la compétition que l’on commence à s’agiter. Pourtant les joueurs par tous les moyens technologiques qui existent de nos jours le leur ont rappelé. Mais, les gens veulent mettre des joueurs face au fait accompli. Cela crée des problèmes et empêche certains joueurs de répondre aux convocations de l’équipe nationale. Cela entraîne des grèves, de refus de s’entraîner et cela déteint sur le rendement de l’équipe.

Lors de votre maladie, vous avez été assisté par Samuel Eto’o fils. Pouvez-vous nous raconter ce qui s’est passé.
Quand on vous dit qu’il s’est occupé entièrement de mon évacuation, ce n’est pas un jeu. Savez-vous ce que c’est qu’une évacuation ? Il s’est occupé de tout et il a pris tout en charge à savoir, les papiers, les billets d’avion, l’hospitalisation, les soins et même les frais d’hébergement. Quand je suis sorti des hôpitaux où j’étais interne, je suis resté deux semaines à l’hôtel intercontinental à sa charge pour me reposer un peu et continuer la rééducation avec les installation de cet hôtel à Paris, ceci pendant deux mois. Et à la fin il a pris un peu d’argent de poche qu’il m’a donné.

Il m’a dit tu vas rentrer au Cameroun, il faut faire des achats à ta famille. Ce sont des choses qui te marquent indéfiniment. Il a fait tout ceci alors que je ne lui ai rien demandé. Bon il l’a fait certainement parce qu’il a cru en moi. Et peut-être que mon petit apport dans sa riche et incomparable carrière de football était important pour lui, et il m’a été reconnaissant jusqu’à aujourd’hui, même si on se voit rarement.

Quel est le regard que vous posez sur l’équipe nationale du Cameroun aujourd’hui ?
Je crois qu’on se trompe beaucoup de casting, au niveau de la convocation des joueurs. On prend l’équipe nationale un peu comme un forum d’essai. C’est pour cela que je parle d’erreur de casting. Une équipe nationale n’est pas faite pour que l’on vienne s’essayer. Dans une équipe nationale, on vient performer ce qu’on sait faire. Et au niveau de l’exercice, on doit être le meilleur. C’est-à-dire, dans votre club. Votre performance dans le club vous permet d’être retenu on ne vient pas vous essayer à l’équipe nationale.

Actuellement, à l’équipe nationale, il y a des nos Name, qui veulent avoir leur notoriété a l’équipe nationale. Ils doivent plutôt apporter la notoriété acquise au sein de leur club à l’équipe nationale et non le contraire. C’est pour cela que vous nous voyez avec des résultats en dents de scie. Les Camerounais il me semble sont un peu sceptiques quand ils voient ce qui se passe à l’équipe nationale. On voit des joueurs qui ne jouent nulle part, des joueurs non titulaires dans leur club être titularisés à l’équipe nationale. Non je pense qu’à cette allure si on ne prend pas des mesures fortes pour changer l’encadrement technique, nous risqueront d’avoir que nos yeux pour pleurer.

Le Cameroun accueille la Can 2021 qui se joue en janvier 2022 est ce qu’on a des raisons d’avoir peur de cette compétition ?
C’est notre équipe nationale qui nous fait le plus peur. Nos prestations ne rassurent pas beaucoup. Aujourd’hui est ce qu’on peut nous dire si la Can avait lieu demain quels sont les onze entrant. Nous sommes à 60 jours de la coupe d’Afrique des nations. Quand je vois comment on se cherche, parfois ça frise l’incompétence en nul pareil. Cela dénote que celui qui est actuellement là, n’a pas sa place là.

Dans quelques jours, les Lions indomptables vont jouer les éliminatoires de la coupe du monde Qatar 2022. Avez-vous des inquiétudes ?
Ça ne rassure pas beaucoup. Depuis que les éliminatoires pour la coupe du monde ont commencé, nos prestations sont en dents de scie. Les gens ont voulu nous dire qu’en Côte d’ivoire, c’est le terrain qui a facilité la défaite. Moi je n’ai pas vu le but qu’une déviation du cuir par une motte de terre terrain a entrainé. Ni de déviation de la trajectoire.

Si le terrain était en mauvais état parce qu’il avait plu la veille, il n’était pas en mauvais état seulement pour le Cameroun. Il était aussi en mauvais état pour l’équipe de la Côte d’ivoire. Est-ce que tous les Ivoiriens sont en Côte d’ivoire pour s’entraîner là tous les jours. Eux aussi forcément s’en plaignent du mauvais état du terrain.

Parce que eux aussi comme certains dès notre jouent dans des championnats professionnels ou les pelouses de très bonne qualité. Donc a voulu justifier l’injustifiable. Quand on voit les victoires arrachées devant le Mozambique ou le Malawi, c’était vraiment difficile. Ce n’était pas convaincant. Tout ceci parce que la sélection des joueurs n’obéit à aucun critère. Le coach des Lions indomptables ne reste pas ici. S’il est en Europe, cela signifie qu’il a le temps de voir tous ceux qui jouent.

Est-ce que c’est vraiment lui qui supervise ces joueurs et les présélectionné? Vraiment je pense qu’il est vraiment temps de lui poser cette question. Si c’est lui qui le fait, cela traduit qu’il n’a pas une très bonne maîtrise des sélections nationales. Je suis désolé de le dire. Pas parce que je suis jaloux de quoi que ce soit. Mais, c’est ce que je pense et avec moi l’ensemble des Camerounais ayant une jugeote.

Le Cameroun joue la deuxième CAN de son histoire en janvier prochain. Vous avez pris part à celle de 1972 comme joueur. Racontez-nous l’histoire.
La Can de 1972 a été un coup dur pc le Cameroun et le pays tout entier. Nous étions les plus gros favoris de cette Can. Avant le coup d’envoi, tous les spécialistes en matière de football donnaient le Cameroun vainqueur de cette compétition. Tous les pronostics * les bookmakers nous plébiscitaire . Rien que nos remplaçants pouvaient gagner cette coupe d’Afrique des nations. Mais, le football a ses réalités. Et, nous avons fait l’une des meilleures préparations qui n’aient jamais existé.

Nous avons fait des tournées en France, en Allemagne et multiplié des matches amicaux. Nous avons même battu le Congo futur vainqueur de cette compétition par 7 buts contre 1a un match amical. Vous voyez, ce n’est pas par manque de préparation, les problèmes de prime, il n’y en avait pas. Ce qu’on nous donnait, on trouvait que cela avait ‘plus de valeur que les millions que l’on donne aujourd’hui. Je vous rappelle que je gagnais 50.000 francs à l’époque en 1972.

Plusieurs d’entre vous n’étaient pas encore nés. Je peux vous dire que c’était beaucoup d’argent. Avec ça,’tu pouvais déjà doter une femme. Tu commençais à construire une maison avec 50.000 FCFA. Quand nous organisons cette Can, nous faisons une très belle entame dans la compétition. Nous arrivons jusqu’en demi-finale et on était loin de croire que c’est ce Congo qu’on avait battu en match amical 7-1 qui allait nous enlever de la compétition. Nous étions très loin de croire que ce serait le Congo notre bourreau.