L’Afrique veut du spectacle mais l’Afrique veut surtout payer le spectacle au juste prix. C’est en quintessence l’écho qui vient de Dakar (Sénégal) ou se trouve le siège l’Union Africaine de Radiodiffusion (UAR). Les Directeurs généraux des chaines de télévisions du continent ont à cœur de servir leurs téléspectateurs sans pour autant se ruiner. Le défi est de taille et l’UAR dont l’une des missions est d’assurer la circulation et l’échange des contenus se retrouve au milieu d’un feu nourrit avec d’un côté ses membres et de l’autre, les grosses multinationales Européennes souvent détentrice des droits tv sur le continent.
Les télévisions Africaines qui doivent déjà faire face à la rude concurrence que leurs imposent les chaines d’occident via les satellites, doivent aujourd’hui batailler dur pour mériter le droit de diffuser les évènements sportifs produits localement. C’est cette réalité du sport-business qui est difficile à digérer. L’engouement autour des évènements sportifs n’est plus à démontrer. Le sport est devenu un business lucratif qui attire le public. Le public lui attire les entreprises. Les entreprises sont à leur tour attirées par les télévisions comme la lumière attire les papillons. La télévision est donc dans ce conteste un partenaire de taille. Pourtant, les télévisions Africaines arrivent à peine à suivre le rythme.
Si un stade peut contenir jusqu’à 150.000 places comme c’est le cas avec le Stade du 1er mai (Corée du Nord), cela reste en terme d’audience tv une piètre performance dont ne saurait se contenter qu’une télévision locale.
La télévision reste donc le principal véhicule du spectacle produit dans les arènes sportives. C’est d’ailleurs un avantage que nul ne déni à cet extraordinaire canal de communication.
Sous d’autres cieux, pour ne pas nommer ces cieux sous lesquels se trouve l’occident, la télévision amasse des sommes astronomiques en termes de droits de diffusion télé. Les 51 matchs de l’Euro 2016 organisé en France du 10 juin au 10 juillet dernier ont été acquis par BeIN Sport, TF1 et M6 les trois chaines ont déboursées la somme de 110 millions d’Euro pour obtenir ce privilège. La chaine qatarienne payante a ainsi déboursé plus de la moitié de ce montant tandis que TF1 et M6 se partageaient le reste leur mission étant d’assurer le service public de radiodiffusion en clair sur le territoire français. Cette mesure vise à protéger le contribuable au milieu d’une offre de services tv de qualité mais de plus en plus cryptée.
Organiser les pays Africain autour d’une plateforme de défense de leurs droits surtout pour les évènements sportifs du continent. C’est là le but de la bataille que mène Grégoire Ndjaka, Directeur Général de l’Union Africaine de Radiodiffusion. Pour les Directeurs généraux des chaines Africaines, la concurrence venue d’Europe a d’abord baissée de façon drastique les revenus publicitaires. Là où les chaines nationales avaient le monopole, les chaines Européennes partagent aujourd’hui une bonne part du marché grâce au satellite et à la diversité des contenus proposés. Si l’offre est riche et diversifiée, les finances des télévisions nationales ne leurs permettent plus d’assumer leurs obligations de service public surtout au moment où l’Afrique s’apprête à organiser trois Coupes d’Afrique des Nations en quatre ans. La question des droits de diffusion se pose avec plus acuité surtout lorsqu’on sait qu’ailleurs, les droits de diffusion sont acquis au moins cinq fois moins cher pour un spectacle deux fois plus abouti et un confort de jouissance deux fois meilleur.