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Infos Sports of Mercredi, 2 Mars 2016

Source: carmer.be

CAN 2016 : Yaoundé et le casse-tête chinois de ses grands chantiers

Photo utilisée juste a titre d''illustration Photo utilisée juste a titre d''illustration

A cinq mois de la date officielle de livraison des différents stades retenus pour abriter la Coupe d’Afrique des nations féminine en novembre prochain, les chantiers de réhabilitation de ces infrastructures connaissent des fortunes diverses. Si au stade militaire à Ngoa-Ekellé, les bouchées doubles sont mises pour rattraper le retard accusé dans l’exécution des marchés, au stade Ahmadou Ahidjo et aux stades annexes de Mfandena, le taux d?avancement est loin d’avoir amorcé la barre des 10%.

1-Ngoa-Ekellé : les travaux avancent au pas militaire « Chantier interdit au public » !

L’inscription que porte l’énorme panneau suspendu à l’entrée du stade militaire de Yaoundé est une mise en garde pour les curieux et autres journalistes qui tenteraient de « violer la loi » de ce chantier.  

Tout contrevenant n’aura qu’à assumer les conséquences. Ce jeudi 25 février 2016, c’est le ronflement des moteurs doublés des bruits de métaux et autres outils provenant de l’intérieur qui accueille le reporter du Messager. Des ouvriers arborant casques et bottes vont et viennent qui, pour recevoir une consigne des experts chinois ; qui pour s’assurer que le secteur des travaux à eux confiés évolue tel que convenu. En face du grand portail sont garés une quinzaine d’engins lourds à bord desquels on peut apercevoir des hommes qui dorment à poings fermés. En quête d’un confort de fortune, d’aucuns ont choisi de se mettre à la remorque de certains véhicules de service.

Ce n’est pourtant pas la pause. « Ils ont travaillé pendant toute la nuit sans répit. Ils doivent se reposer pour se remettre en selle tout à l’heure », renseigne un ingénieur exerçant dans une entreprise de sous-traitance. A l’extrême gauche de l’entrée du stade, trône sur un monticule de terre un bulldozer chargé de remplir toutes les dix minutes, des camions stationnés à la file indienne.

Interrogés, certains ouvriers expliquent que cette terre sert dans un premier temps au remblaiement, fruit de la mise en place de matériaux pour rehausser ou niveler le terrain naturel. « Etant donné qu’il s’agit d’un stade, il doit pouvoir supporter les sollicitations ultérieures sans déformation préjudiciable. Nous nous assurons de la teneur en eau correcte pour assurer une portance suffisante et garantir leur stabilité », explique un ingénieur qui préfère garder l’anonymat parce que, précise-t-il, « je n’ai pas mandat pour donner des infos concernant le chantier. Ça regarde les Chinois ».

L’accès au site étant interdit au public, on remarque à travers des fissures du grand portail que des dameurs et des compacteurs vibrant qui relaient des citernes d’eau, s’activent en agissant uniquement par leur poids et leur vibration sur le sol. Non loin de la tribune, les « chirurgiens du fer » s’exercent. A l’aide des outils dont eux seuls ont le secret, il monte des charpentes et chenaux bâtis autour des barres de fer.

S’il est encore trop tôt pour visualiser certains espaces précis tels la tribune d’honneur, la piste et les différentes enceintes réservées entre autres aux conférences de presse ou les vestiaires pour les joueurs, le visiteur peut déjà avoir un aperçu de quelques ouvrages qui constituent le chantier en question. « Côté tribune et gradins, la visibilité sera très bonne, peu importe où l’on se trouve dans le stade. Il y a entre 9 et 11 mètres entre la ligne de touche et le premier rang, ce qui permet de rester compact. Les quarts de virage sont fermés, ça va rajouter de l’ambiance.

Ce sera un bol qui donnera une impression de chaleur dans l’enceinte », nous confie l’un des Stadium manager, laissant entrevoir après le passage des camions, une vue magnifique sur ce qui constituera le terrain. Voulant faire de ce stade d’entraînement un modèle répondant aux standards européens, Sinohydro a décidé de travailler d’arrache-pied pour offrir au Minsep et aux futurs visiteurs une infrastructure dernier cri. « Non seulement le nombre d’ouvriers a considérablement augmenté mais le volume et la fréquence de travail sont aussi importants. (…) Une volonté pour nous de rattraper le temps perdu et de respecter les délais prévus pour juillet 2016 », confesse un ingénieur.

2-Mfandena : les Chinois congédiés, les Egyptiens font la moue
Au stade Omnisport Ahmadou Ahidjo, c’est le calme plat. Vu de l’extérieur, on dirait un chantier abandonné. Plusieurs pans de la clôture en béton armé sont écroulés, dévoilant l’épaisse broussaille qui a commencé à avaler des surfaces autour des différents portails donnant droit aux virages. La faute, apprend-t-on, aux engins de la société Sinohydro corporation sommée de libérer les lieux par le ministère des Sports et de l’éducation physique (Minsep) il y’a deux semaines.

Courroucés par l’attitude des émissaires de Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt venus les déguerpir, les conducteurs d’engins lourds ont donc décidé de laissé un petit souvenir avant de lever l’ancre. De sources officielles, le contrat de Sinohydro pour la réhabilitation du stade ainsi que les stades annexes a été résilié par l’Etat du Cameroun, pour insuffisance de résultats. En effet, trois mois après le démarrage des travaux prévus pour durer 8 mois, l’entreprise chinoise n’a réussi à réaliser sa prestation qu’à 5%. Pourtant, le temps presse et la Confédération africaine de football (Caf), dans son uniforme de gendarme, est prête à retirer l’organisation de la Can au Cameroun à tout moment.

Autres raisons évoquées: les ingénieurs mentionnés dans l’offre de l’entreprise chinoise ne sont visibles sur le chantier, qui a été par ailleurs confié à un sous-traitant. Suffisant pour provoquer le courroux et la déception du patron des sports qui n’a eu d’autre choix que de rompre le contrat. Le gouvernement camerounais a donc porté son choix sur l’entreprise égyptienne Arab Contractors pour terminer la réhabilitation du stade.

Cette sanction survient quelques jours seulement après le passage au Cameroun, d’une équipe de la Caf venue s’enquérir de l’évolution des travaux d’infrastructures de la Can. Dans le camp de Sinohydro, on jure n’avoir pas reçu la moindre notification de la résiliation de leurs contrats pour la réhabilitation du stade Ahmadou Ahidjo et ses annexes. 3-Vers une Can au rabais ?

Des responsables de cette entreprise qui conduisent de nombreux chantiers sur le territoire camerounais pointent un doigt accusateur sur le maitre d’ouvrage qui n’a pas jugé bon de reconnaître que « c’est faute de financement que le taux d?avancement estimé à ce jour à 7,5% n’a pas évolué ». Un retard de trois mois difficilement compensable. Pire, compte tenu du volume de travail à faire, Arab Contractors qui peine à prendre officiellement le relais, doit devoir recruter en moyenne 500 personnes pour espérer respecter les délais.