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Infos Sports of Friday, 28 July 2017

Source: francefootball.fr

Réforme de la CAN, le passage en force

Le Cameroun, pour défendre son bon droit, peut même envisager d'aller jusqu'au TAS Le Cameroun, pour défendre son bon droit, peut même envisager d'aller jusqu'au TAS

Dire que l'on ne savait pas, en arrivant à Skhirat, serait un mensonge. Depuis quelque temps déjà, la rumeur insistante d'une Coupe d'Afrique des nations à 24 participants avait fuité. Très vite, le Symposium du football africain a confirmé ce qui n'était jusqu'alors qu'une envie pressante des décideurs du football africain : basculer à 24 qualifiés, dans une Confédération qui ne compte que 54 membres.

Comme nous faisions justement partie de l'atelier qui traitait de la réforme envisagée de la CAN, dans son format, son calendrier et sa programmation, nous avons eu très vite le sentiment que le débat n'en était pas vraiment un. Nous avons senti la volonté de la nouvelle gouvernance de la CAF, emmenée par son président, le Malgache Ahmad, d'entériner trois éléments : le passage de 16 à 24 qualifiés ; le maintien du tournoi tous les deux ans ; la programmation de la CAN en juin-juillet. Sans oublier la volonté de valider ces modifications pour qu'elles soient applicables dès le tournoi 2019, dont les éliminatoires ont déjà débuté.

Le Cameroun est déjà sous pression

Le lendemain du symposium, le Comité exécutif ratifiait d'ailleurs ce qui n’était officiellement que des «recommandations». Et les décideurs du football africain entérinaient également que ces changements entrent en vigueur dès l'édition 2019. Evidemment, ces modifications de la règle du jeu n'ont pas été du goût du Cameroun, appelé à organiser une CAN 2019... mais à seize, lorsqu'elle lui fut attribuée du temps d'Issa Hayatou, l'ancien président de la Confédération.

A 24, le cahier des charges n'est plus exactement le même en termes d'accueil, d'infrastructures d'entraînement et surtout de sites appelés à accueillir six groupes de quatre ! Le Cameroun, dont on savait qu'il a pris quelque retard dans les travaux, doit donc se doter de deux stades supplémentaires dans des délais rapprochés. Cela a un coût. Au Maroc, les Camerounais, et Tombi A Roko, le président de la Fédé, en tête, ont naturellement tout fait pour calmer le jeu auprès des médias et défendre ce qui peut encore l'être. Mais on a bien compris qu'il sera bien compliqué au pays des Lions indomptables de respecter les délais, d'autant qu'une équipe d'inspection se présentera sur place en septembre.

Le Maroc pourrait être à l'affût

Comme, dans le même temps, le Maroc a redoublé d'efforts et de professionnalisme à l'occasion du Symposium et des réunions de la CAF, il n'en fallait guère plus pour en conclure que le pays s'est mis en ordre de marche pour accueillir potentiellement le CHAN (Coupe d'Afrique réservée aux joueurs locaux) en 2018, en cas de désistement possible du Kenya. Et surtout, de la CAN 2019 si d'aventure, le Cameroun venait à être dessaisi du dossier par l'exécutif de la CAF. Mais on n'en est pas encore là. Et puis le Cameroun, pour défendre son bon droit, peut même envisager d'aller jusqu'au TAS.

A cet égard, l'instructif document distribué par la Fédération marocaine (FRMF), intitulé «Programme de mise à niveau des infrastructures du football national» a renseigné avec précision ceux qui doutent encore de la capacité du royaume chérifien à accueillir des compétitions internationales. Et pourquoi pas la Coupe du monde 2026, dont on a senti également qu'elle était inscrite dans l'agenda à moyen terme du pays.

Au-delà de ces considérations politiques, on est en droit de s'interroger sur la viabilité d'un tournoi à 24 tous les deux ans. Certes, une organisation après la saison européenne sera de nature à soulager clubs et joueurs africains. Plus de guerre des nerfs et de pression à subir pour les acteurs du jeu. Si presque tous les pays de la CAF peuvent aujourd'hui prétendre participer à une phase finale qui rassemblera près d'une nation sur deux, il n'en est pas forcément de même de ceux qui ont la capacité d'accueillir seuls. Moins d'une dizaine, si l'on prend le Maghreb et l'Egypte, le Nigeria et l'Afrique du Sud. Un peu plus en imaginant des co-organisations. Mais la programmation tous les deux ans d'un tournoi beaucoup moins spectaculaire que par le passé en termes de jeu n'est pas de nature à le rebooster. Ni même à en rehausser le niveau en passant à 24, car certaines sélections, si elles ont progressé, ne le rendront pas plus attractif. Evidemment, les défenseurs d'une CAN tous les deux ans - et à 24 - ont mis en avant l'aspect financier. La CAN demeure la poule aux œufs d'or de l'institution faîtière du football africain. Pas question pour les dirigeants fédéraux et le ComEx de l'organiser tous les quatre ans, compte tenu de ce qu'elle rapporte.

Et les joueurs dans tout ça ? Disputer une CAN l'été recueillera certainement leur assentiment, même si les fins de saison sont souvent difficiles au plan physique. Jouer tous les deux ans l'été impliquera sans doute une récupération et des congés amenuisés. Un exemple ? Une nation africaine qualifiée pour le Mondial et la CAN disputerait la Coupe du monde 2018, les CAN 2019 et 2021, soit trois étés chargés sur un cycle de quatre ans.

On l'a compris, le vent de changement qui souffle depuis quatre mois sur le football africain, et impulsé par la nouvelle gouvernance de la CAF, appelle des transformations au pas de charge, avec la bénédiction de la FIFA, très présente au Maroc. On suivra évidemment avec intérêt l'avancement de ce que certains dirigeants ont tôt fait de baptiser la «révolution du football africain».